Michael Jacob a 41 ans et depuis la naissance souffre de la « maladie des os de verre ». Cette pathologie appelée aussi ostéogenèse imparfaite, concerne 1 personne sur 15000 et selon l’association Vaincre la Maladie des Os de Verre, atteint en France une centaine de nouveau-nés par an. D’origine génétique, cette maladie se caractérise par une fragilité osseuse qui conduit l’os à se fracturer face à un traumatisme mineur, ou même de façon quasi spontanée.
SSFR : Bonjour et merci Michael, avant de découvrir le cannabis médical comment vous soigniez-vous ?
Avant que je réalise, entre 2012 et 2013, que le cannabis en fleurs et ses extractions du type BHO [Ndr. Butane Hash Oil] et RSO [Ndr. Rick Simpson Oil], pouvaient être la meilleure alternative aux médicament que je consommais pour traiter mes maux, je prenais énormément de morphinique et desbenzodiazépines associés à un autre médicamant, le laroxil, qui, dans leur ensemble, étaient censés faire un meilleur travail sur la douleur.
Moi j’ai juste pu voir que cela rajoutait un médicament addictif de plus ; Au lieu d’éviter ou de réduire les crises, tous ces médicaments me rendaient bien zombi et comportaient une consommation addictive et sans contrôle.
SSFR : Quand avez-vous commencé à consommer du cannabis pour soulager votre condition ?
Un jour en 2012, je suis tombé sur la marche mondiale du cannabis à Paris. Je me suis mis à suivre, à écouter des témoignages, à rencontrer des personnes. En rentrant chez moi j’ai commencé à m’informer et sortir du hash de rue pour consommer que de la fleur produite localement. J’avais déjà des retours énormément positifs dans tous les sens du terme.
Puis, en 2013, j’ai eu la chance de découvrir, grâce à une personne en île de France, comment réaliser une extraction au butane. Puis, en septembre de la même année, le Salon Expogrow à Irun m’a permis de réaliser que ce type de traitement pouvait être le seul à me donner un confort corporel et mental que je n’avais jamais eu auparavant et d ‘éliminer les traitements les plus addictifs avec un bénéfice plus intéressant qu’avec mes traitements du passé…
SSFR : Comment avez-vous participez aux expérimentations en cours en France ?
Le docteur Nicolas Authier me suivait depuis très longtemps donc il avait pu attester de tout cela. En parallèle j’étais suivi avec le centre anti douleurs de Clermont-Ferrand aussi. J’ai, depuis très longtemps, voulu sortir de la clandestinité pour avoir le droit de traiter mes maux avec le cannabis médical, car nous sommes dans un pays répressif même à l’égard des usagers médicaux. A l’époque, je me faisais délivrer des traitements en fleurs en Hollande, mais il y avait toujours le souci de redescendre avec. J’avais acheté du Sativex [Ndr. Association tétrahydrocannabinol – cannabidiol en vaporisateur buccal] à 45 euro le flacon qui n’était en rien concluant, c’était juste un petit plus.
J’avais aussi eu le Marinol (cannabis de synthèse). Dans de telles circonstances le cannabis maison représentait la meilleure alternative. En septembre 2021, cependant, je dû faire face à une saisie de mon matériel et de tout mon traitement « illégal ». Cette situation m’a vraiment dégoûté donc je me suis mis vraiment à insister pour vite rentrer dans l’expérimentation qui avait déjà commencée. Sans traitement type fleurs ou huile je suis obligé à reprendre de la morphine qui calme mon ossature un peu mais qui n’a aucun effet pour mes crises neuropathiques qui nuisent à ma vie sociale et familiale.
SSFR : Quelle quantité de cannabis avez-vous reçue et quel type ?
Huile THC ( 25mg/ml) 1,2 ml deux fois par jour et huile CBD (50mg/ml), deux fois par jour, en association aux fleurs Aurora (20% THC < 1% CBD) 20 grammes par mois en vaporisation. Cela fait environ neuf mois que je suis rentré dans l’expérimentation et ce n’est pas le traitement des miracles mais au moins, il m’aide à chasser une très grande partie de mes douleurs quotidiennes. Il m’a espacé mes crises et quand elles se présentent, elles sont moins intenses, comme retenues, ainsi je ne me sens pas invalidé par telle ou telle douleur. Depuis le début de l’essai, maintenant c’est vraiment le deuxième mois que je passe comme sur un long fleuve tranquille et cela n’a pas de prix.
SSFR : Que pensez-vous de l’expérimentation ? Comment évaluez-vous ses résultats ?
Je prends ce qu’il a à prendre mais, drôlement, j’étais mieux soigné avec mes auto productions du passé. Le point c’est que je ne veux plus de soucis avec les forces de l’ordre, je ne veux plus être méprisé de faire cela pour mieux vivre et le tout aux yeux de ma femme et de notre bébé. Donc, en attendant que l’État nous autorise à auto produire notre médecine, afin que chaque malade puisse adapter le choix des génétiques à l’ensemble de ses besoins, je prends ce qu’il y a à prendre et la chance est que c’est très concluant sur moi.