Les méfaits associés à la consommation de substances sont largement amplifiés par la prohibition, une éducation centrée uniquement sur l’abstinence, ainsi qu’une culture marquée par la stigmatisation et le silence autour des substances et des relations que nous entretenons avec elles.
L’importance de l’information éclairée
Nous ne pouvons plus tolérer que la désinformation ou l’absence totale d’information empêche les individus de prendre des décisions éclairées sur les substances qu’ils consomment et la manière dont ils les consomment. L’éducation aux drogues doit être factuelle, non jugeante, moralement neutre et accessible. Aujourd’hui, l’absence de ce type d’approche éducative empêche la réduction des risques, rendant les dangers potentiels d’une consommation mal encadrée plus probables et graves.
Contrairement à l’objectif affiché, l’approche basée sur l’abstinence n’a pas diminué la consommation de substances. Elle n’a fait qu’en multiplier les risques.
« C’est une vilaine ironie que ce qui soit le plus dangereux avec le cannabis c’est de se faire arrêter en possession de cannabis. » – Bill Muray
L’éducation à l’abstinence : un facteur de comportements à risque
L’éducation fondée sur l’abstinence influence profondément nos comportements face aux substances. Prenons l’exemple de l’alcool : dans des pays comme les États-Unis, le refus d’accepter la réalité de la consommation des mineurs alimente une culture du binge drinking. En poussant les jeunes à boire clandestinement pour éviter d’être pris sur le fait, on les conditionne à consommer rapidement et en excès, maximisant l’ivresse en un minimum de temps.
Ce modèle « plus vite, plus fort » s’étend à d’autres substances. Les consommateurs cherchent des doses plus élevées, souvent au détriment de leur santé et de leur expérience.
Prohibition : une machine à produire des risques
Il est également indéniable que la prohibition empêche la sécurisation des chaînes d’approvisionnement des substances illicites. La criminalisation constante de molécules et leur interdiction ne construisent pas une société sans drogues, mais favorisent plutôt l’apparition de substances nouvelles, souvent plus puissantes et plus dangereuses. Les analogues du fentanyl ou les cannabinoïdes synthétiques en sont des exemples tragiques.
L’absence de prohibition, accompagnée d’un engagement envers l’éducation et les méthodes de réduction des risques, les conséquences négatives pour la santé publique diminueraient considérablement.
Hommage à Georges Apap
Comme l’a si bien formulé Georges Apap, ancien procureur de Valence et militant courageux pour la légalisation des drogues, décédé le 19 novembre 2013 :
« Les drogues ne sont pas interdites parce qu’elles sont dangereuses, elles sont dangereuses parce qu’elles sont interdites. »
Ces mots percutants, prononcés par un homme qui connaissait les rouages du système judiciaire, dénoncent une vérité fondamentale. L’interdiction ne rend pas les drogues moins consommées ni moins nocives, elle aggrave leurs dangers. Elle laisse leur production et leur distribution entre les mains de mafias, indifférentes à la qualité ou à la sécurité des produits. Résultat : des overdoses évitables, des substances coupées avec des produits toxiques et une impossibilité pour les consommateurs d’accéder à des soins adaptés.
Loin de son rôle officiel, Georges Apap a su briser le silence et défendre, au péril de sa carrière, une politique de légalisation guidée par la raison et la compassion.
Un appel à changer de paradigme
Il est temps d’abandonner une approche qui échoue à protéger les individus. La prohibition et la stigmatisation causent des dommages évitables, renforçant les dangers plutôt que de les atténuer. Une politique pragmatique et humaine, axée sur l’information et la réduction des risques, est nécessaire pour garantir la sécurité et la dignité des personnes consommatrices de substances.
Le rôle du CIRC : informer, militer, agir
Le CIRC (Collectif d’Information et de Recherche Cannabique) milite depuis des décennies pour la légalisation du cannabis. Il s’engage à défendre les droits des consommateurs, à promouvoir une éducation basée sur des faits et à dénoncer les méfaits de la prohibition. Par des actions de terrain, des débats publics, des stands et des campagnes d’information ou bien par des événements comme l’Appel du 18 Joint ou la Marche Mondiale du Cannabis, le CIRC continue de faire entendre la voix de celles et ceux qui souhaitent une société plus juste, plus sûre et plus respectueuse des libertés individuelles.
Rejoignez-nous dans ce combat pour mettre fin aux méfaits de la prohibition et construire un avenir où l’information et la réduction des risques prévalent.
En mémoire de Georges Apap et en hommage à son combat pour une justice éclairée et humaine.
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