Par Hervé Chassain
Publié le 05/05/2021
Avec une culture de chanvre légal, des équipements écologiques et des jeux, ce jeune entrepreneur veut créer un lieu « bienveillant » à Agonac
Samuel Dalbavie est un jeune homme entreprenant qui bouillonne d’idées. Il a fait le premier pas vers un rêve qu’il porte depuis l’année de son bac, il y a vingt-cinq ans, celui de créer une ferme, notamment pour faire pousser du cannabis thérapeutique. Il raconte volontiers la promesse faite à son ami Erwan, atteint de mucoviscidose, qui ne pouvait soulager ses symptômes qu’avec du cannabis. «À l’époque, il n’y avait que des produits illicites.
Aujourd’hui, on peut utiliser du chanvre produisant du CBD qui est légal; En attendant de pouvoir cultiver un jour du cannabis récréatif.»Ce Périgourdin a cassé sa tirelire et réuni quelques proches pour pouvoir acheter, puis rénover, une vieille ferme près d’Agonac, en Dordogne. Il estime son budget nécessaire à 240000 euros. Au lieu-dit La Bourgeade, il a acquis un terrain de 14000m2 sur lequel se trouvent de nombreux bâtiments agricoles dans leur jus, et pour lesquels il ne manque pas d’idées. «La partie culture de CBD se fera en partie en intérieur l’hiver et en extérieur sur 800m2», explique Samuel Dalbavie. La vente sera réalisée en circuit court sur la ferme et par Internet. Il a pensé à toutes sortes de produits: «de la bière, des crèmes… Sauf des pizzas au CBD, c’est ridicule».
Il compte sur la vente du CBD pour financer son projet, mais également sur des subventions et des participations (il a lancé des cagnottes sur Miimosa et bientôt sur Dartagnan) et sur d’autres revenus de la ferme. Car ce lieu, qui sera baptisé Goodwill (« bienveillant » en anglais), devrait accueillir énormément d’activités dans ses bâtiments rénovés: un espace de coworking (en bon français, de travail partagé) sur lequel il compte beaucoup, des aires de jeux de toutes sortes, un festival de musique, une culture de plantes médicinales, des hébergements individuels et collectifs dont deux gîtes originaux dans d’anciens silos métalliques, une brasserie, un espace de bricolage…
La fibre optique est encore au bout du chemin, mais elle est là. Le jeune entrepreneur a aussi une fibre écolo très développée: «Nous allons produire de l’électricité avec des panneaux solaires et du gaz grâce à un méthaniseur domestique. Les moteurs thermiques seront interdits, il n’y aura que de l’électrique ou du manuel», précise Samuel Dalbavie. Ce natif de Sarlat, qui a grandi à Périgueux, a nourri ses projets lors de nombreux voyages. Quand on voit l’état actuel du domaine, on sait qu’il va devoir se retrousser les manches. Mais il n’a peur de rien. « La partie culture se fera en intérieur l’hiver »
Le CBD n’est pas un stupéfiant
Le cannabidiol, abrégé en CBD, est produit par des variétés de chanvre qui ont été sélectionnées pour ne pas produire de THC, la molécule stupéfiante du cannabis. Ce CBD n’est pas interdit et peut donc légalement être commercialisé avec ou sans effet thérapeutique. Cette tolérance est cependant très surveillée. Il se vend sous forme de complément alimentaire, de cosmétique, de graines, de fibres dans des boutiques spécialisées qui ont poussé comme des champignons dans les villes: il en existe déjà quatre à Périgueux. Il pourrait avoir des effets bénéfiques pour supporter les effets de chimiothérapie ou contre l’épilepsie…
Source : Sudouest.fr