Illustration : Christophe Kolerski, dans sa boutique de produits à base de cannabidiol. Photo RL /Pierre HECKLER
Pionnier du secteur, le Mosellan Christophe Kolerski a dans un premier temps créé un site internet en août 2018, grâce auquel il commercialisait des produits à base de cannabidiol.
« Le succès rencontré nous a conduits à ouvrir une boutique, Au comptoir du chanvre, à Sierck-les-Bains, en janvier 2019. » Militant activiste assumé depuis sa tendre adolescence pour la légalisation du cannabis et créateur du Collectif d’information et de recherche cannabique (CIRC), l’homme de 50 ans a toujours dit « vouloir dédiaboliser cette plante injustement décriée ».
Coup de massue
« La boutique de Sierck a rencontré un succès dépassant toutes nos espérances », se remémore-t-il. « Rapidement, j’ai eu besoin d’un salarié. Nous proposions de la vente de fleur de chanvre au grammage mais aussi des huiles au CBD, des compléments alimentaires mais aussi des vêtements, de la litière ou encore des matériaux d’isolation. » Sauf que, patatras, les gendarmes débarquent un jour de juin 2019. « Sur réquisition du parquet de Thionville », précise-t-il. Les militaires saisissant essentiellement fleurs et résines en vue d’analyses. « Ils sont revenus 10 mois plus tard pour me signifier que le taux de THC (le composant psychotrope du cannabis) relevé dans les fleurs était au-dessus de celui autorisé par la législation française. Ce que j’ai toujours réfuté. Dans la foulée, ils ont tout saisi dans mon magasin, ma boutique s’est retrouvée fermée pendant un an et mon salarié s’est retrouvé au chômage du jour au lendemain », ne décolère-t-il toujours pas. La procédure de justice aura duré deux ans pour qu’au final Christophe Kolerski soit relaxé et que sa marchandise lui soit restituée.
Une vaste « fumisterie »
Pour le commerçant, l’arrêté du 30 décembre 2021, dernier bâton dans les roues en date, a été une vaste « fumisterie ». « C’était un arrêté franco-français qui tentait d’interdire la vente de fleur (ou tout autre produit dérivé) dite « CBD » dans les boutiques. Mais cet arrêté a été suspendu par l’ordonnance n°460055 du 24 janvier 2022 dont mon avocat, Me Guiso de Metz, est en partie à l’origine. Dans cette ordonnance, l’État a été condamné à me verser 1000 € ainsi qu’aux autres initiateurs de cette ordonnance », fait-il savoir. Aussi, pour lui, la décision du Conseil d’État du 29 décembre dernier ne vient que conforter la démarche de son avocat et ses propos depuis toujours. « Ce que les gens ont encore du mal à comprendre, c’est que les produits finis comme la fleur peuvent être supérieurs à 0,30 % de THC. En effet, ils sont légaux à partir du moment où c’est la plantation (encore sur pieds donc) qui a été analysée en dessous de 0,30 %. Pour preuve, les douanes tentent encore de me poursuivre pour les mêmes fleurs que d’autres autorités m’ont restituées… » Vous avez dit ubuesque ?