Le 11 octobre 2023, en pleine matinée, un contrôle banal sur le quai de la gare RER de Montgeron-Crosne s’est transformé en une démonstration excessive des dérives de la prohibition. Ce jour-là, Farid, militant connu pour ses prises de position en faveur de la légalisation du cannabis, se rendait à un rendez-vous professionnel. Ce qui aurait pu se limiter à un simple rappel à la loi ou, au pire, à une amende, a pris des proportions kafkaïennes.
Une interpellation ciblée et discriminatoire
Alors qu’il attendait patiemment le prochain train après une suppression, Farid décide de profiter du soleil en fumant quelques taffes d’un joint, éteint bien avant l’arrivée des forces de l’ordre. Pourtant, c’est lui, et lui seul, qui est ciblé parmi les usagers présents. Les policiers affirment l’avoir surpris en flagrant délit, mais aucune fumée n’est visible au moment de son interpellation. Une fouille approfondie révèle un joint éteint dans sa poche, ainsi qu’un petit bocal contenant 3 grammes de résine de cannabis dans son sac.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, avec une contravention pour consommation personnelle. Mais Farid est en situation de récidive pour des faits similaires datant de 2019, ce qui pousse les autorités à le placer en garde à vue et à organiser une perquisition à son domicile.
Une garde à vue et une perquisition disproportionnées
Refus d’appel téléphonique, chantage moral pour renoncer à l’assistance d’un avocat, remarques déplacées et intimidation : Farid décrit une expérience glaçante, marquée par un mépris manifeste des droits fondamentaux. Sa compagne, effondrée, subit elle aussi les conséquences de cette intrusion brutale au domicile familial, où les forces de l’ordre découvrent quelques branches de cannabis en cours de séchage.
Au commissariat, l’interrogatoire s’éternise. Farid note des manipulations dans la rédaction du procès-verbal, des réponses reformulées, ainsi que des éléments laissés de côté. L’atmosphère est pesante, renforcée par des éléments de décor provocateurs : des tableaux militants du CIRC détournés pour orner les murs des inspecteurs, comme un pied de nez cynique aux revendications des consommateurs.
Une loi d’exception à l’épreuve de la justice
Farid refuse de se résigner face à une loi qu’il considère injuste et criminogène. Son procès, prévu le 13 décembre 2024, sera l’occasion de remettre en question une législation obsolète et répressive. Son avocat, Me Charles Morel, prévoit de citer des témoins de renom : Anne Souyris, ancienne adjointe à la santé de Paris ; Anne Coppel, sociologue pionnière en réduction des risques ; et Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme et Alain Morel.
Parmi les témoignages écrits qui viendront renforcer la plaidoirie de son avocat, figureront ceux de Renaud Colson, Véronique Nahoum Grappe et Éric Coquerel.
L’objectif est clair : démontrer que ces poursuites relèvent moins de la justice que d’un acharnement statistique, où les consommateurs servent de boucs émissaires.
La prohibition : un système à bout de souffle
L’affaire de Farid illustre les travers d’un système répressif qui, au lieu de protéger, stigmatise et marginalise. Le ciblage systématique des minorités et des plus précaires, l’utilisation disproportionnée de moyens policiers et l’instrumentalisation des chiffres pour masquer l’échec d’une politique dépassée sont autant de réalités que ce procès cherche à mettre en lumière.
La loi de 1970, maintes fois amendée mais jamais remise en question dans son essence, continue d’imposer une approche purement punitive. Pourtant, les résultats sont sans appel : un échec total en matière de santé publique et de sécurité, une criminalisation massive des usagers, et un renforcement des trafics et des violences.
Appel à la solidarité
Farid ne se bat pas seulement pour lui-même, mais pour toutes celles et ceux qui, comme lui, refusent de se laisser écraser par une loi injuste. Sa défense repose sur la solidarité des citoyens et des associations engagées.
Le 13 décembre, son procès pourrait être une étape cruciale pour dénoncer non seulement une procédure abusive, mais aussi l’absurdité d’une politique qui criminalise des centaines de milliers d’individus pour rien. Soutenons-le dans son combat pour une réforme nécessaire et urgente.
Pour soutenir Farid dans son combat judiciaire, vous pouvez contribuer en ligne via le pot commun.
Le procès étant public, il faudrait que la salle du tribunal soit pleine…, alors celles et ceux qui le peuvent, rdv le 13 décembre au tribunal judiciaire d’Evry-Courcouronnes devant la 6ème chambre correctionnelle, à partir de 9h.
Lire ou télécharger le courrier de Farid au tribunal judiciaire d’Evry-Courcouronnes (format pdf)
Lire le témoignage de Farid – Ma dernière interpellation qui me vaut des poursuites le 13 décembre 2024
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