Il semblerait que la légalisation du cannabis soit à l’ordre du jour en Belgique, suite aux remarques du vice-premier ministre, Pierre-Yves Dermagne.
Il semble que la Belgique pourrait devenir le prochain pays européen à légaliser le cannabis après que le vice-premier ministre et ministre de l’économie et de l’emploi, Pierre-Yves Dermagne, a récemment déclaré que la légalisation relevait du « bon sens« .
Afin de mieux cibler les ressources, le ministre a demandé à la Belgique d’envisager la légalisation du cannabis. Le gouvernement belge a déjà annoncé un financement supplémentaire d’un milliard d’euros pour la police et la justice et, selon M. Dermagne, il n’est « plus logique » de continuer à criminaliser les consommateurs de cannabis. Le ministre a fait remarquer qu’il fallait plutôt se concentrer sur les crimes plus graves et ayant un impact plus important sur la société.
Pour justifier son raisonnement, le ministre a cité les trois pays voisins sur quatre qui se sont déjà engagés sur la voie de la légalisation, à savoir le Luxembourg, l’Allemagne et les Pays-Bas.
M. Dermagne a également souligné le coup de pouce financier que la légalisation du cannabis pourrait apporter, en permettant d’augmenter les dépenses consacrées à la police et aux initiatives de prévention. On estime que la légalisation pourrait générer environ 660 millions d’euros par an. Comme la légalisation permet de mieux contrôler la culture et la vente, le ministre a déclaré qu’il préférait nettement la légalisation à la dépénalisation.
Similitudes avec le modèle allemand
Les opinions exprimées par le vice-Premier ministre et les discussions sur la légalisation en Belgique ressemblent étonnamment aux projets de légalisation de l’Allemagne, qui mettent résolument l’accent sur la minimisation des risques pour la santé et la protection des enfants.
Dermagne a déclaré qu’il est bien conscient des dangers des drogues déjà légales, de l’alcool et du tabac, et que le cannabis n’est pas innocent. Il a toutefois admis que la légalisation permettrait au gouvernement de mieux guider les utilisateurs et d’interdire la vente aux mineurs, permettant ainsi à la police de se concentrer sur des « problèmes plus importants ».
Le ministre a déjà déclaré qu’il suivait de près les initiatives en cours dans les pays voisins, notamment en Allemagne , qui s’apprête à autoriser les clubs de cannabis où les membres de plus de 21 ans pourront acheter jusqu’à 50 grammes de cannabis pour leur usage personnel.
Cependant, Dermagne s’est montré critique quant à la mise en œuvre d’un modèle similaire à celui des Pays-Bas, où la possession est légale et la culture ne l’est pas. S’adressant au Brussels Times , il a qualifié cela d’« hypocrite », signalant son engagement à permettre aux Belges de cultiver leur propre production.
Techniquement, la culture ou la possession de cannabis en Belgique est toujours illégale et passible d’une amende ou d’une peine d’emprisonnement. Cependant, depuis 2003, la possession personnelle de 3 grammes maximum de cannabis pour les personnes de plus de 18 ans a été décriminalisée et reste une « faible priorité en matière de poursuites ».
Il ne fait aucun doute que le soutien du vice-Premier ministre contribuera à renforcer les réformes en Belgique, où les projets de légalisation sont encore en cours de conception. Cependant, cela ne veut pas dire que le ministre n’a pas rencontré d’opposition dans son soutien à la réforme du cannabis. Suite à cette annonce, le chef du parti MR, Georges-Louis Bouchez, a déclaré que son parti ne soutenait pas les appels à la réforme, et a critiqué le timing des remarques de Dermagne et le « laxisme » envers la consommation de drogues.
Dans les mois à venir, les législateurs devront examiner les dispositions formelles et la manière dont la légalisation pourrait être mise en œuvre.
Cet article a été écrit par Megan Townsend, responsable du contenu et des médias de Volteface. Elle s’intéresse particulièrement à la réforme de la législation sur les drogues, à la consommation de drogues sous-culturelle et aux initiatives de réduction des méfaits. Elle est également titulaire d’une maîtrise en criminologie de la Birmingham City University. Tweets @ megant2799 .
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