Depuis Rabelais évoquant au XVIe siècle certaines substances modifiant l’état de conscience, écrivains et poètes n’ont cessé de montrer leur intérêt pour les drogues. C’est ainsi que beaucoup des œuvres devenues classiques ont été composées sous psychotropes.
De Thomas De Quincey à Will Self en passant par Arthur Rimbaud, les drogues ont donné lieu à une littérature foisonnante. Antidotes à la mesure ?bourgeoise, qu’elles expriment l’excès ou le dérèglement, elles témoignent d’une volonté non sans danger d’engagement dans l’introspection créative. Rimbaud, « l’homme aux semelles de vent », a été l’un des premiers à réclamer, dans son célèbre recueil de poèmes en prose Une saison en enfer (1873), la mise en œuvre d’un « raisonné dérèglement de tous les sens » propice, selon lui, à la création poétique. Souvent associé à l’image du poète maudit, il entretenait pourtant un rapport ambigu avec les substances qui modifient la perception.
Nombreux sont ceux qui lui ont emboîté le pas. Certains ont fait des stupéfiants un axe déterminant de leur travail, d’autres n’y ont vu qu’un mirage sans intérêt ou un refuge contre la dépression ou la souffrance physique. Une minorité a trouvé dans les psychotropes une porte vers une dimension plus vaste. Entre connaissance et oubli de soi, la frontière est parfois ténue.
L’écrivain allemand Ernst Jünger, fasciné par les expériences extrêmes, résume parfaitement cette ambiguïté dans Approches, drogues et ivresse, un ouvrage majeur paru en 1970 : « Oublier quelque chose, fuir quelque chose et d’autre part vouloir atteindre, gagner quelque chose, c’est entre ces deux pôles que se meut tout le problème de l’ivresse. » On se drogue par douleur, chagrin, curiosité, goût de la transgression tout autant que pour s’ouvrir à une forme différente de conscience et de pensée, ni cognitive ni discursive. Pour Jacques Rigaut, l’un des agitateurs les plus actifs du groupe dada parisien, connu pour son esprit nihiliste au début du XXe siècle, l’usage des stupéfiants se passe simplement de toute justification.
Alice haut perchée
Si, au XVIe siècle, Rabelais faisait déjà état dans ses écrits de substances altérant l’esprit, Thomas De Quincey, autoproclamé « pape de l’Eglise de l’opium », est le premier écrivain au monde à avoir raconté sans fard l’usage récréatif d’une drogue, en l’occurrence le laudanum, teinture alcoolique d’opium très prisée à l’époque victorienne. Ses Confessions d’un mangeur d’opium anglais, publiées en 1822, marquent ainsi le début d’une longue suite d’imitations. Balzac s’inspire par exemple de la traduction un peu fantaisiste du texte par Alfred de Musset pour rédiger une courte nouvelle (L’Opium) en 1830.
Devenu endémique depuis le début du XIXe siècle, en partie à cause de l’accessibilité du laudanum, en vente libre dans les pharmacies, l’opium engendre une dépendance qui touche aussi bien les classes aisées que les classes ouvrières.
Comme de nombreuses enquêtes l’attestent, les femmes, aux nerfs réputés fragiles, en sont les principales consommatrices. Porteur de sombres connotations, l’opium est invoqué par quelques poétesses telles qu’Anna Seward dans To the Poppy (vers 1789), Maria Logan dans Poems on Several Occasions (1793) ou Lady Caroline Lamb dans Invocation to Sleep (1830). S’il n’existe aucune preuve historique solide suggérant que Charlotte Brontë ou Lewis Carroll en aient consommé, l’ingestion par deux de leurs héroïnes de substances qui les plongent dans un état second est plus que troublante. Dans Villette (1853), roman d’apprentissage pervers de l’aînée des sœurs Brontë, Lucy Snowe est en proie à des hallucinations dues à une curieuse drogue, tandis que la jeune Alice expérimente une succession d’altérations cognitives aussi réjouissantes qu’inquiétantes après avoir pris une potion mystérieuse ou un morceau de gâteau : Alice au pays des merveilles (1865).
Subjuguant la société bourgeoise et les écrivains, les fumeries d’opium du quartier malfamé de Limehouse, à Londres, alimentent fantasmes et clichés sordides. Dans son dernier roman inachevé, Le Mystère d’Edwin Drood (1870), Charles Dickens donne corps à une série de personnages intrigants, dont l’inquiétant John Jasper, maître de chœur et opiomane notoire. Mais c’est sans conteste Arthur Conan Doyle, le créateur de Sherlock Holmes, qui donne la meilleure description de ces lieux sombres et dépravés dans L’Homme à la lèvre tordue (1891).
Le cercle des consommateurs disparus
L’expérience du Club des Hashischins, fondé par l’écrivain et médecin Jacques-Joseph Moreau et fréquenté de 1844 à 1849 par des figures littéraires majeures, marque un tournant dans la façon dont la littérature et l’art abordent la drogue, en ouvrant des perspectives plus larges et plus diverses sur l’évasion sensorielle et psychique. Charles Baudelaire, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Gérard de Nerval ou Honoré de Balzac s’y retrouvent régulièrement pour consommer du haschisch sous forme d’une pâte verte appelée dawamesk, mélangée avec du café ou du thé, avant de consigner les effets de la drogue sur la perception, l’imagination et l’humeur. Baudelaire témoignera paradoxalement des aspects négatifs de ces expériences dans Les Paradis artificiels (1860).
Bien que le haschisch n’ait jamais complètement supplanté l’opium dans la littérature du XIXe siècle, il offre une alternative exotique et a enrichi les récits liés aux drogues par une nouvelle forme d’ivresse psychédélique qui influencera le mouvement surréaliste.
Alors que la morphine, découverte et isolée au XIXe siècle, fait son entrée dans les cercles bohèmes parisiens, l’opium poursuit sa carrière dans les milieux interlopes, où se croisent auteurs ?maudits et piliers de cabaret à la fin de vie misérable. La morphine, dont l’usage est relativement répandu, rime le plus souvent avec souffrance et dépendance. Paul Verlaine, Jules Blois ou Jean Lorrain, représentant du décadentisme et éthéromane débridé connu pour ses excès, explorent dans leurs œuvres la toxicomanie sous un angle plus trivial. La « fée grise » devient symbole d’évasion et de perte en réponse aux angoisses nées de l’industrialisation progressive et de la modernisation de la société.
Evoluant dans le même cercle, l’érudit proche des symbolistes Marcel Schwob, dans Cœur double (1891), adopte une prose poétique et subtile pour dépeindre cette atmosphère sombre et décadente, où la mort est omniprésente. Dans un ton plus ?subversif et provocateur typique de l’auteur, Alfred Jarry, alcoolique avéré et absinthomane patenté, explore l’aliénation et la destruction de soi dans
Propos d’assassins (1894).
Au début du XXe siècle, une dizaine de fumeries d’opium sont toujours répertoriées à Paris, principalement dans le quartier chinois. Pour René Dalize, ami de Guillaume Apollinaire et fervent défenseur de l’opium, qui n’est pas encore totalement illégal à l’époque, « l’expérience du redoutable poison ne doit pas être négligée. Mieux que toute autre, elle présente un haut intérêt documentaire. Elle nous renseigne sur la qualité du jugement humain. Elle jette une clarté troublante sur la conscience intime des représentants les plus convaincus de l’espèce. Elle équivaut par le fait à une bibliothèque entière de philosophie ». Claude Farrère, écrivain et aventurier français, parmi les plus enthousiastes du « poison noir », livre une autre définition du plus complexe et culturellement fécond des stupéfiants dans Les Civilisés (1905) : « L’opium, c’est la paix des sens, le sommeil de la volonté, l’anéantissement béni de tout ce qui n’est pas rêve. »
Les récits de l’enfer
Si la législation répressive successivement mise en place aux Etats-Unis, en France et en Angleterre (Harrison Narcotics Tax Act de 1914, loi française de 1916, Dangerous Drugs Act de 1920) criminalise désormais l’usage des stupéfiants, provoquant les foudres d’Antonin Artaud dans sa Lettre à M. le législateur de la loi sur les stupéfiants (1925), la morphine ne disparaît pas pour autant du paysage littéraire. Néanmoins, son usage, comme celui de l’opium, se marginalise lentement. Jean Cocteau, qui entretient une relation complexe avec ce dernier, prend conscience de ses effets dévastateurs sur sa vie et son travail. En décembre 1928, il tente pour la seconde fois de se désintoxiquer et entreprend dans la luxueuse clinique de Saint-Cloud, où il est entré grâce à son amie Coco Chanel, la rédaction d’Opium. Journal d’une désintoxication (1930).
Depuis la fin du XIXe siècle, la définition même de l’artiste passe de plus en plus par le désir d’abolir les frontières entre l’art et la vie. On retrouve cette affirmation du moi dans Morphine (1927), de l’écrivain russe Mikhaïl Boulgakov. Ancien médecin, Boulgakov, qui utilise la morphine pour traiter de virulentes douleurs issues d’une appendicite mal soignée, y exorcise ses propres démons en narrant la descente aux enfers de son double, le docteur Poliakov. Une incursion dans les abîmes à laquelle Joë Bousquet, paralysé des membres inférieurs après une blessure sur le front de l’Aisne durant la Grande Guerre, se livre dans sa chambre aux volets clos. Le poète reclus, qui flirtait avec le suicide, trouvait dans la cocaïne et la morphine un moyen de soulager ses douleurs physiques et psychiques, mais aussi une forme d’exploration intérieure qui occupe une place centrale dans son écriture, notamment dans La Connaissance du soir (1947) et Traduit du silence (1941).
Autre figure singulière de la littérature intimiste et décadente, Mireille Havet relate de manière féroce et toujours atrocement lucide ses extases et ses impossibles désintoxications dans son journal (1918-1929). Difficile de ne pas mentionner Klaus Mann, considéré comme l’une des grandes voix antitotalitaires du XXe siècle. Dépressif et polytoxicomane, le fils aîné de Thomas Mann livre dans ses écrits autobiographiques, Le Tournant (1949) et Journal, 1931-1949, le récit ardent de sa descente aux enfers qui le mènera au suicide.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’échec apparent des démocraties libérales à prévenir les conflits bouleverse profondément les milieux intellectuel, politique et culturel. Entre optimisme technologique et inquiétudes sur la modernité, les écrivains tentent d’explorer les frontières de la conscience humaine à travers la philosophie, la science et la spiritualité. Influencé par les traditions mystiques orientales, notamment le bouddhisme et l’hindouisme, qui prônent la dissolution de l’ego pour atteindre un état de conscience plus universel, Aldous Huxley se passionne pour les modifications psychiques induites par la mescaline ou le peyotl. Surnommé « bodhisattva de l’âge nucléaire » par Timothy Leary, militant de l’usage des psychédéliques, Huxley est le premier auteur à théoriser les drogues comme outils d’accès à des réalités spirituelles dans Les Portes de la perception (1954). Le livre, dont le titre renvoie à un poème de William Blake, joue un rôle décisif dans la construction de la contre-culture des années 1960.
Le tournant Burroughs
Dans les décennies suivantes, les substances hallucinogènes deviennent des instruments de rébellion intellectuelle et spirituelle contre les normes sociales dominantes. Elles participent à l’essor d’une littérature de la transgression inaugurée par l’Américain ?William S. Burroughs. Des drogues « dures », l’auteur du désormais « classique » Festin nu (1959), qui consommait jusqu’à 14 grammes d’héroïne par jour, a analysé avec une rigueur presque paranoïaque toutes les dimensions. Le « pape de la came » dit en avoir « fait usage sous toutes ses formes : héroïne, morphine, dilaudide, eucodal, pantopon, dicodide, opium, dolosol, méthadone, palfium. Je l’ai fumée, avalée, reniflée, injectée dans le réseau veines-peau-muscles, absorbée en suppositoires ». Ses excès sont largement relatés dans le roman Junky (1953), où il dépeint avec un réalisme cru et sans jugement la dépendance aux drogues de son alter ego Bill Lee.
Ami intime de Burroughs, dont il partage la fascination pour les marges de la société, Allen Ginsberg fait écho à ses visions sombres et anarchiques dans son mythique poème Howl (1956), qui commence par cette terrible constatation : « J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre. » Publié en 1963, The Yage Letters occupe une place à part dans la littérature psychédélique. Fruit d’une réflexion collaborative autour de l’ayahuasca, le livre, présenté sous forme de lettres mélangeant écriture de voyage, récits personnels, approche clinique et poétique, préfigure les questionnements du mouvement Beat.
Devenue l’antithèse absolue des substances hallucinogènes dans les années 1960, l’héroïne, qualifiée par Burroughs de « mère de toutes les drogues », ne donne pourtant lieu qu’à un imaginaire restreint ressassant obsessionnalité, plaisir, dépendance, souffrance, galères, mensonges, misère, délinquance… Comme le souligne l’auteur Marcus Boon, connu pour ses travaux explorant les intersections entre littérature, drogue, musique et théorie culturelle, comme The Road of Excess. A History of Writers on Drugs (Harvard University Press, 2005), il n’y a pas eu d’avancée majeure dans la littérature des narcotiques depuis les années 1950, hormis quelques livres mémorables qui lui doivent l’essentiel de leur réputation.
Ann Marlowe, autrice d’un singulier récit-dictionnaire, How to Stop Time. Heroin From A to Z (Ed. Basic Books, 1999), note qu’« un roman sur l’héroïne est alourdi par le poids inhérent à l’expérience qu’a l’auteur de la drogue, d’une manière différente que dans un roman d’amour ou de vengeance… Peu d’écrivains sont assez doués pour surmonter cet obstacle. Aussi l’héroïne demande-t-elle de la non-fiction, du récit, de dire la vérité. »
Le temps de l’innocence n’est plus
Alexander Trocchi, écrivain et poète écossais aux avant-postes de l’avant-garde européenne, fait figure d’exception. Junkie parfaitement assumé, il opte pour ce style autobiographique, dénué de tout romantisme, et réfléchit à sa condition de paria, à la fois en termes sociaux et psychologiques, dans Le Livre de Caïn (1960), qui sera interdit et brûlé en Angleterre pour corruption morale et dépravation. Autre bombe dans le paysage littéraire des sixties, Last Exit to Brooklyn, le recueil de nouvelles et premier livre de Hubert Selby Jr, inaugure une œuvre puissante marquée par la souffrance, l’addiction, la culpabilité et la rédemption.
Davantage marquée par la psychose sociale dont elle fait l’objet à partir des années 1970, l’héroïne effraie. Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…, récit cru et bouleversant d’une adolescente dans un Berlin glauque, fait sensation lors de sa publication par le magazine Stern en 1978. D’abord refusé par tous les éditeurs, tant l’image de l’Allemagne qu’il renvoie est insupportable, l’ouvrage rencontre un succès immense avec 500 000 exemplaires vendus l’année de sa parution.
Les années 1980, marquées par la montée du sida et l’apparition des drogues de synthèse, comme l’ecstasy (MDMA), voient l’avènement d’une nouvelle génération d’auteurs qui recourent à la drogue comme métaphore de la quête d’identité et de l’aliénation. Leurs récits, souvent critiques, mêlent expérience personnelle et commentaire social. Irvine Welsh, auteur écossais du culte Trainspotting (Seuil, 1995), adapté au cinéma par Danny Boyle en 1996, aborde ces thèmes dans Ecstasy (Au diable vauvert, 1999), un recueil de nouvelles composé de vingt-deux histoires courtes dépeignant la vie de personnages issus de la classe ouvrière d’Edimbourg confrontés à la drogue, à la violence et à des situations absurdes. Suivront Ecstasy. Trois contes d’amour chimique (Seuil, 2000), des fictions qui contribueront à l’apparenter définitivement à la chemical generation (« génération chimique ») incarnée par Toni Davidson et John King.
Autre figure incontournable de cette décennie, Will Self, réputé pour son style littéraire singulier, qui mêle souvent un humour noir à des réflexions philosophiques et psychologiques profondes. Dans Junk Mail (Bloomsbury, 1995), un recueil d’essais, il s’interroge sur la culture des drogues et les questions sociales.
A partir des années 1990, les « moteurs à rêves » du siècle précédent sont progressivement détrônés par la cocaïne et les drogues de synthèse. Le « poison noir » n’est plus qu’une survivance marginalisée d’un rituel raffiné, comme le prouve Narcopolis (Ed. de l’Olivier, 2013), premier roman de Jeet Thayil, dont l’épicentre narratif se situe dans une fumerie d’opium de Bombay. Leçons tirées des premières grandes dérives toxicomaniaques ? Lucidité quant aux limites et aux impasses d’un art sous dépendance ? Le temps de l’innocence n’est plus. Une page se ferme, une autre s’ouvre.
La touche féminine
Miroirs de nos sensibilités changeantes, les écrivain(e)s contemporain(e)s continuent à enrichir et à complexifier les discours sur la drogue, tout en reflétant une gamme de perspectives plus variées en matière de race, de classe et de genre. Longtemps marginalisées, soumises à des attentes rigides en matière de comportement et de moralité, les femmes ont souvent éprouvé une certaine réticence à livrer leur expérience. Rappelons qu’au XIXe siècle l’accès aux cercles littéraires ou artistiques dans lesquels la drogue circulait leur était refusé. Des groupes comme le fameux Club des Hashischins ne comptaient aucune femme parmi leurs membres. Il faut attendre la fin du XXe siècle pour qu’émergent enfin des récits féminins sur la dépendance, porteurs de perspectives plus nuancées sur la drogue et ses effets, souvent liés à des expériences intimes, corporelles ou émotionnelles.
L’augmentation croissante d’écrivaines s’intéressant au sujet ces dernières années participe à élargir le champ de réflexion et à mettre en lumière des sujets tabous comme la maternité et la santé mentale, preuve s’il en est que ce genre littéraire est tout sauf moribond. Des voix singulières comme celles de Zadie Smith avec Ceux du Nord-Ouest (Gallimard, 2014), A. L. Kennedy avec Day (Ed. de l’Olivier, 2009), Maggie Nelson avec Les Argonautes (Points, 2022) ou Jessamine Chan avec L’Ecole des bonnes mères (HarperCollins, 2024) défrichent des horizons nouveaux souvent négligés par leurs homologues masculins, qui n’intègrent dans leurs œuvres que leurs propres expériences ou celles de leurs pairs. Leslie Jamison, Kiese Laymon ou encore Tao Lin, figures marquantes de cette nouvelle génération, se concentrent de plus en plus sur l’intersection entre dépendance et santé mentale, ou encore sur les effets de l’industrialisation des drogues sur la société.
Sujet universel mais profondément individuel, la drogue, tant qu’elle reflétera des réalités humaines profondes et complexes, ne cessera probablement pas d’irriguer la création artistique. Comme l’écrit Leslie Jamison dans The Recovering. Intoxication and Its Aftermath (Little, Brown and Company, 2018), contribution de premier plan à la réflexion sur la drogue dans le cadre littéraire, « l’addiction est toujours une histoire qui a déjà été racontée, mais elle est aussi toujours nouvelle pour chaque personne qui en souffre ».
Cathy Remy
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