LA PROHIBITION TUE ET L’ÉTAT EN EST COMPLICE
Depuis 30 ans le CIRC ne cesse de dénoncer la perversité du dispositif répressif interdisant les drogues en général et le cannabis en particulier. Loin de parvenir à endiguer le phénomène comme ses partisans le prétendent, la prohibition n’a fait qu’aggraver les conditions de vie des usagers et des habitants des quartiers populaires où se déroule une partie des trafics, assurant le développement des réseaux criminels. Rien de nouveau en vérité, l’expérience de la prohibition de l’alcool aux USA dans les années 1920 nous avait déjà renseigné.
Il serait désormais temps de s’interroger sur la responsabilité des autorités et donc de nos dirigeants qui persiste dans une politique criminogène pour ne pas dire criminelle. Cela va même au-delà de la responsabilité car à bien y regarder, c’est la question de leur complicité objective que pointe désormais.
Dans un effort d’imagination, réfléchissons à ce que pourrait être une société où l’usage des drogues serait permise et encadrée. Quelle serait alors la journée d’un usager, toute substance confondue ? Serait-il aussi obsédé par l’acquisition de son produit qu’il ne l’est actuellement ? Et inquiet de sa qualité ? Aurait-il à arnaquer, voler ou commettre le moindre délit pour obtenir l’argent nécessaire ? Ou à inciter d’autres à en user pour assurer sa propre consommation ? Craindrait-il de demander de l’aide aux services sociaux et sanitaires alors disponibles, en cas d’usage problématique ?
Du côté de la filière commerciale, les conditions de production, d’importation et de vente ne se verraient-elles pas, en cas de conflit, régler juridiquement en des tribunaux de commerce ? De Prudhommes dans le cas des salariés ? Sans violences donc.
Ainsi régulées dans des modalités différentes selon les substances, l’usage des drogues s’apparenterait alors à un phénomène culturel et non sanitaire et sécuritaire. Il n’illustrerait plus les pages des faits divers et ne viendrait plus polluer les programmes politiques d’individus soucieux de leur carrière.
Ce pragmatisme, nous en sommes loin et les tristes événements survenus dernièrement à Marseille, ne semblent pas laisser présager un changement. Comme c’est le cas en matière d’environnement, nos responsables politiques sont dans le déni et, plutôt que de réfléchir à un changement de stratégie, préfèrent répondre aux attentes, dans un cas des industriels, dans l’autre des lobbys sécuritaires et policiers.
Combien faudra-t-il encore de jeunes ados et d’enfants victimes de leur incompétence et aveuglement ?
Fédération des CIRC