Introduction :
La session spéciale de la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND) qui s’est déroulée à Vienne les 14 et 15 mars 2024 a suscité un vif intérêt à l’échelle mondiale. Cet événement a réuni des dirigeants mondiaux ainsi que des représentants d’organisations du monde entier dans le but crucial de redéfinir les politiques en matière de drogues pour les cinq prochaines années. Cependant, malgré les appels pressants à la réforme, les résultats de cette rencontre n’ont pas été à la hauteur des attentes. Cet article explore les différentes perspectives et les événements parallèles qui ont marqué cette session historique.
L’appel à la réforme :
Une coalition de 60 pays, dirigée par la Colombie, a joué un rôle prépondérant en appelant à une refonte significative du système international de contrôle des drogues. Cette coalition a souligné l’urgence de s’éloigner des approches punitives qui ont caractérisé la politique antidrogue pendant des décennies. Ce changement d’attitude reflète la reconnaissance croissante des limites des politiques prohibitionnistes et de leur échec à endiguer les marchés illicites des drogues ainsi que les violations des droits de l’homme qui en découlent. Des initiatives telles que la dépénalisation de la consommation et de la possession de drogues dans certaines juridictions et la régulation du cannabis sont devenues des alternatives sérieuses et dignes d’attention.
Le président colombien, Gustavo Petro, a une nouvelle fois pris la parole pour remettre en question le système international de contrôle des drogues, le qualifiant de dépassé et en appelant à une réforme urgente. Ses propos ont été appuyés par Volker Türk, Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, qui a également plaidé en faveur de changements fondamentaux dans les politiques antidrogue à l’échelle mondiale.
Stagnation politique à la CND :
Cependant, malgré ces appels à l’action audacieuse, la déclaration issue de la session de la CND n’a pas été à la hauteur des attentes. Les mois de négociations ont abouti à un document qualifié de « politiquement faible » par le Groupement Romand d’Etude des Addictions (GREA). Cette déclaration a principalement réitéré les engagements pris au cours de la dernière décennie, soulignant ainsi les limites du processus fondé sur le consensus. Ce processus, bien que traditionnel dans la politique des Nations unies en matière de drogues, a malheureusement entravé tout progrès significatif dans la lutte contre la crise mondiale des drogues.
Visions opposées et événements parallèles :
La session de la CND a mis en lumière les divergences persistantes dans les approches de la politique en matière de drogue. Certains pays continuent de défendre des mesures punitives, rappelant ainsi la « guerre contre la drogue », malgré les preuves croissantes de leur inefficacité. Des organisations telles que le Consortium international pour la politique des drogues (IDPC) ont souligné les graves conséquences de ces approches, notamment les violations des droits de l’homme telles que les exécutions extrajudiciaires et les détentions arbitraires.
Parallèlement à la session de la CND, des événements et des discussions ont eu lieu, réunissant un large éventail d’acteurs du monde entier. Des initiatives telles que la Cannabis Embassy, composée notamment de Kenzi Riboulet-Zémouli, Farid Ghéhiouèche et Myrtle Clarke, ainsi que l’International Association for Cannabinoid Medicines (IACM), ont contribué à élargir le dialogue sur la réforme de la politique en matière de drogue. Ces événements parallèles ont offert une plateforme pour présenter des approches novatrices visant à réguler les drogues de manière plus efficace et humaine.
Conclusion :
La session spéciale de la CND a mis en lumière les tensions et les défis persistants dans la formulation des politiques en matière de drogue à l’échelle mondiale. Bien que des appels à la réforme aient été lancés, la stagnation politique a entravé tout progrès significatif. Cependant, les événements parallèles ont permis d’explorer des approches alternatives et novatrices, offrant ainsi une lueur d’espoir dans la quête d’une politique antidrogue plus efficace et respectueuse des droits de l’homme.
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