Introduction :
Le sort du cannabis médical en France était incertain jusqu’à l’ajout par le gouvernement, de l’amendement n°3298 au PLFSS pour 2024, qui devrait, selon toute vraisemblance, être adopté après recours à l’article 49-3. L’amendement en question prévoit précisément d’octroyer un statut temporaire pour 5 ans au cannabis thérapeutique, de façon à prendre le relais de l’expérimentation mise en place en 2021 et qui doit s’achever le 26 mars 2024. Une mesure limitée dans le temps en attendant une hypothétique autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne, prévue au mieux pour 2025.
L’UIVEC se réjouit… mais pas trop !
Pour l’Union des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre (UIVEC), cette annonce est certes une lueur d’espoir. Le syndicat professionnel représentatif de la filière des cannabinoïdes et du cannabis médical en France milite pour la mise en place, dès 2024, d’un marché du cannabis médical au niveau national. Cependant, derrière l’optimisme affiché, un élément clé est passé sous silence, provoquant la colère du Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC).
Un amendement en trompe-l’œil
Le gouvernement français a introduit un amendement dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2024, visant à offrir un statut temporaire au cannabis thérapeutique. Cette mesure a été saluée par l’UIVEC, mais une omission majeure n’a pas échappé au regard vigilant du CIRC.
Le sort des sommités fleuries scellé
Le CIRC, en tant que défenseur des droits des consommateurs de cannabis thérapeutique et non thérapeutique, déplore l’exclusion des sommités fleuries (fleurs séchées) à vaporiser pour inhalation de ce dispositif. Cette décision est non seulement un recul, mais elle est également préjudiciable pour de nombreux patients qui attendent désespérément l’amélioration de leur qualité de vie.
L’argument de la « confusion »
Les autorités de santé françaises justifient cette exclusion en prétendant qu’inclure les formes inhalées pourrait engendrer une confusion. Une affirmation qui suscite des interrogations légitimes de la part du CIRC. Les sommités fleuries à vaporiser sont une option thérapeutique précieuse, notamment pour soulager la douleur, et elles sont déjà largement utilisées dans le traitement du cannabis médical en Europe où elles représentent déjà 50 % du marché. Il est donc inacceptable de les exclure du futur dispositif !
Les patients en première ligne
Pour les patients en France, cette exclusion est une douloureuse déception. Alors que le cannabis médical pourrait offrir un soulagement essentiel à ceux qui souffrent, l’exclusion des sommités fleuries les prive de cette possibilité, les forçant à se tourner vers des alternatives moins efficaces. Pourquoi les patients devraient-ils continuer à patienter ?
Conclusion : une hypocrisie inacceptable
L’amendement gouvernemental visant à offrir un statut temporaire au cannabis thérapeutique pour 5 ans peut sembler être un pas en avant, mais il s’accompagne d’un recul inacceptable en excluant les sommités fleuries à vaporiser. Cette décision est clairement motivée par des considérations politiques plutôt que scientifiques, ce qui compromet le bien-être des patients. Il est temps pour le gouvernement français de reconsidérer cette mesure, de réhabiliter les sommités fleuries et de mettre en place un cadre réglementaire cohérent avec les pratiques en vigueur dans d’autres pays européens. Les patients méritent un accès complet aux options de traitement du cannabis médical, et il est impératif de ne pas les laisser dans la fumée de l’indécision politique. Le CIRC continuera à se battre pour les droits des patients et pour que le cannabis médical en France soit véritablement accessible à tous ceux qui en ont besoin.
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