Nicole est stupéfaite ! Pas parce qu’elle prend des stupéfiants, mais parce qu’elle est étonnée de la nouvelle méthode de lutte contre les stupéfiants déployée par le ministère de l’Intérieur.
Je suis stupéfaite, pas parce que je prends des stupéfiants mais parce que je suis étonnée de la nouvelle méthode de lutte contre les stupéfiants déployée par le ministère de l’Intérieur. Alors, j’ai pas eu la chance de croiser son ministre M. Darmanin à l’instant, mais il a dû vous l’expliquer. Depuis le 1er septembre, le ministère de l’Intérieur a mis en place sa nouvelle arme contre les stupéfiants, à savoir l’amende forfaitaire délictuelle.
En effet, l’usage de stupéfiants étant un délit, jusqu’à présent, il était passible d’une amende de 3 500 euros et d’un an d’emprisonnement, après poursuites judiciaires. Mais désormais, par l’instauration de cette amende, quiconque se fait attraper avec cent grammes de shit ou dix grammes de cocaïne, se voit sanctionné d’une amende de 200€. Et comme le précise le site Service Public, le paiement de l’amende met fin aux poursuites judiciaires.
Le principe est donc simple : on t’attrape, tu paies, tu râles, tu t’en vas. Voilà la nouvelle arme anti-drogue. Sauf que si cette arme a effectivement le bénéfice d’être rapide et de désengorger la justice, une partie des troupes de l’Intérieur fait remarquer qu’en délaissant un peu enquêtes et poursuites contre paiement, on risque de laisser les têtes de réseau tranquilles, au détriment des « petits punis » .
Donc, ça pose la question : est-ce que cette amende est vraiment une arme ou un accessoire, joujou du ministère ? Et alors que cette question restait en suspens, voilà qu’arrive une note interne aux policiers, note qui les rend peu contents car il est écrit dedans – je cite : « Le ministère a rappelé l’exigence de résultats. Il est inconcevable que certains services n’aient encore réalisé aucune amende forfaitaire délictuelle », « Chaque chef de brigade veillera à ce qu’une verbalisation soit réalisée par vacation ».
Autrement dit le ministère ordonne de verbaliser ! Et les policiers apprennent donc que l’amende n’est pas tant une arme mais surtout un objet de démonstration, un peu comme des muscles de gonflette qui servent pas tant à se battre mais surtout à être vus. Oui, le ministère veut qu’on le voit, lui, ses chiffres et ses bâtons.
En jargon police, un bâton c’est une affaire résolue. C’est un chiffre de plus, et le ministre adore ça, les chiffres ! Sauf que les policiers, eux à la base, ils voulaient être des policiers, pas des labradors. Leur rêve c’était pas que quelqu’un leur dise : « Allez ! cherche ! ramène-moi le bâton ! »
Source : FranceInter.fr