Les vertus thérapeutiques de la plante de cannabis sont reconnues depuis l’Antiquité. Et elle a longtemps eu sa place parmi les plantes médicinales en Occident.
Dès l’Antiquité, des propriétés thérapeutiques ont été trouvées au cannabis, et la plante, aussi appelée chanvre, a été utilisée pendant des millénaires sur plusieurs continents. Les Egyptiens en faisaient usage pour réduire la pression oculaire ou apaiser des inflammations gynécologiques, les Grecs la considéraient efficace contre les otites, la médecine chinoise en a vanté dans différents traités de médecine les qualités antalgiques et anesthésiantes, et la tradition indienne en fait mention pour soigner migraines, épilepsie ou anxiété.
La plante a continué de susciter la curiosité des botanistes au fil des siècles, mais c’est au XIXe siècle qu’elle a bénéficié d’un véritable regain d’intérêt. Redécouvert lors de la campagne de Bonaparte en Egypte, et par les colonies, en Inde et en Afrique du Nord, le cannabis devient sujet d’études.
En France, le psychiatre Jacques-Joseph Moreau de Tours (1804-1884) s’intéresse surtout à ses propriétés psychotropes. Pour mieux en mesurer les effets, il en fait d’ailleurs consommer à ses amis de la bohème artistique parisienne réunis au sein du fameux Club des haschischins.
A l’époque, le cannabis ne se fume pas mais se mange, sous la forme d’une confiture verdâtre faite à base de résine de cannabis appelée « dawamesk ». Théophile Gautier en a dans ses écrits relaté les effets « enivrants ».
DÉTRÔNÉ PAR LES OPIACÉS
A la même époque, le médecin irlandais William Brooke O’Shaughnessy (1809-1889), de retour de Calcutta, popularise l’usage médical du cannabis en Grande-Bretagne. Des teintures de cannabis (extraits dilués dans un solvant d’alcool éthylique) sont prescrites à des patients atteints de rhumatismes, pour réduire les convulsions induites par le tétanos et la rage, ou encore pour traiter douleurs, insomnies et migraines.
Au milieu du XIXe siècle, le cannabis trouve ainsi sa place dans la pharmacopée occidentale (il se maintient jusqu’en 1953 dans la pharmacopée française), et les officines en préparent à l’époque sans être aucunement inquiétées. Difficile à croire aujourd’hui, mais des cigarettes indiennes au cannabis sont mêmes vendues à l’époque contre l’asthme : les cigarettes Grimault !
L’usage médical de la plante décline cependant dès la fin du XIXe siècle, détrôné par celui des opiacés, que les médecins jugent plus efficace contre la douleur, et surtout par l’arrivée de l’aspirine. Le destin de la plante est définitivement scellé quand le cannabis est inscrit, au côté de l’héroïne, aux tableaux I et IV de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, qui recensent les drogues les plus dangereuses considérées comme n’ayant pas d’avantage thérapeutique susceptible d’être utilisé. L’interdit n’empêchera pas quelques chercheurs de s’intéresser à la plante. Le chimiste israélien Raphael Mechoulam isole ainsi et décrit en 1964 la structure chimique du THC. Ses recherches relanceront l’intérêt médical pour le cannabis, auquel il ne cessera de se consacrer, jusqu’à sa mort, en mars 2023.
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