Villeurbanne, France – Le lundi 22 avril 2024
Le Collectif d’Information et de Recherches Cannabique (CIRC) exprime sa vive réprobation envers la proposition absurde du Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, visant à élargir les tests salivaires aux piétons. Cette initiative, présentée comme une mesure de lutte contre la consommation de cannabis, s’apparente plutôt à une farce gouvernementale aux dépens des libertés publiques. Il est clair que cette manœuvre vise principalement à récupérer des voix de l’extrême-droite et de la droite-extrême à la veille des élections européennes.
Des tests salivaires sur la voie publique ! Ah, bien-sûr ! Quoi de mieux pour combattre le crime organisé et le grand banditisme que de faire cracher les simples citoyens dans des tubes en plastique sur le trottoir ? Après 52 ans d’échec de la politique de prohibition à la française, comment n’y avions-nous pas songé plus tôt ?
Mais, à vouloir humilier ainsi la population, pourquoi ne pas faire en sorte que nos chers politiciens se prêtent également au jeu ? Après tout, ils sont si prompts à imposer des mesures aux autres… Allons-y, testons-les toutes et tous à l’Assemblée Nationale, au Sénat, et pourquoi pas jusque dans leurs bureaux ministériels. Gageons qu’ils seront moins enthousiastes à l’idée de se soumettre à cette farce.
N’est-ce pas plutôt là le signe d’un échec total ? Une fuite en avant ? Déjà que les lois anti-drogues sont au-delà du droit commun, des lois d’exception. Toute personne peut être considérée comme un passionné de chanvre à THC, ce qui fait de chaque citoyen dès l’âge de 13 ans un suspect potentiel. Cela autorise des fouilles impromptues dans la rue, dépassant la simple palpation de sécurité, permettant de fouiller des voitures voire des habitations sans autre motif que la suspicion d’usage de stupéfiants. Ce prétexte pourra ouvrir la porte à toute sorte de dérives, car les libertés publiques et individuelles s’effaceront face à l’arbitraire répressif. La prohibition semble donc bien être un moyen de contourner toutes les garanties de liberté. Nous attendons la prochaine étape, des contrôles à domicile…. Ah oui, ce sont les opérations place nette…
Le CIRC dénonce fermement cette mascarade gouvernementale et appelle les autorités à mettre fin à cette dérive sécuritaire et à cette discrimination insidieuse. Il est grand temps que nos dirigeants se concentrent sur des politiques réellement efficaces et respectueuses des droits fondamentaux des citoyens.
Mais au delà du sort des amateurs de cannabis, il faut s’interroger sur le tournant sécuritaire que prendrait notre société et le pouvoir destructeur ainsi placé dans les mains de la police : l’État pourrait donc tester à sa guise n’importe qui sans le moindre délit ou trouble à l’ordre public pour persécuter davantage encore les individus qui ne se droguent pas comme il faut. Pendant ce temps, l’alcool et les médicaments psychotropes pourront continuer leurs ravages sanitaires, routiers et sociaux. Quelle magnifique manière de ramener la confiance de la jeunesse et d’une large part de la population envers les autorités !
Car c’est bien une société de la méfiance et du contrôle généralisés que nous propose ce gouvernement, preuve qu’il n’a plus aucun argument rationnel à opposer aux nombreuses voix appelant à cesser la persécution des usagers de stupéfiants. Ce jusqu’au-boutisme aveugle ajouté à la course à l’échalote électoraliste pourrait donc bien faire basculer la société française vers une forme orwellienne avant même que l’extrême-droite (la vraie) n’ait le pouvoir.
Pour sortir enfin de l’obscurantisme, il est essentiel de reconnaître que la consommation de cannabis est une réalité sociale qui ne disparaîtra pas simplement en la réprimant. Plutôt que de dilapider des ressources précieuses dans des mesures coercitives et stigmatisantes, il serait plus judicieux d’investir dans des politiques de réduction des risques, d’éducation et de prévention, qui visent à réduire les dommages associés à la consommation de drogues et à promouvoir la santé publique.
Le CIRC reste déterminé à lutter pour la reconnaissance des droits des amateurs de cannabis et pour la promotion d’une politique plus juste et éclairée en matière de drogues. Nous invitons tous les citoyens et citoyennes soucieux de défendre les libertés publiques à se joindre à notre cause.
Contact presse : federation@circ-asso.net / dom@circ-asso.net
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