Le Maroc continue d’être le premier producteur de cannabis dans le monde avec 47.500 ha de culture de cette substance en 2018, a indiqué l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans un rapport publié récemment.
Selon la même source, le Maroc est cité dans un cinquième des cas de saisies de résine de cannabis opérées à travers le monde au cours de la période 2014-2018.
Le rapport intitulé « 2020 World Drug Report » souligne que la plupart des résines de cannabis d’origine marocaine destinées à l’Europe sont d’abord expédiées vers l’Espagne avant d’atteindre les autres pays européens. Pendant de nombreuses années, y compris pendant la période 2014-2018, l’Espagne a été identifiée comme le principal pays de départ et de transit pour la résine de cannabis, suivie par les Pays-Bas.
Par ailleurs, l’ONUDC relève que le Maroc et d’autres pays africains sont aussi devenus, au cours des dernières années, des pays de transit de la cocaïne destinée à l’Europe.
« L’Afrique de l’Ouest, par exemple, est une zone de transit importante pour le trafic de cocaïne d’Amérique du Sud vers l’Europe, comme en témoignent les saisies importantes de cocaïne en Afrique de l’Ouest et au Maroc, ainsi qu’en Afrique dans son ensemble, ces dernières années », souligne le rapport précisant que « les saisies de cocaïne en Afrique sont passées de 1,2 tonne en 2015 à 3,3 tonnes en 2017 et 5,6 tonnes en 2018 ».
Par ailleurs, l’ONUDC craint que la pandémie exacerbe les risques liés au trafic de drogues, comparant l’impact de l’épidémie mondiale sur le marché des stupéfiants à celui de la crise financière de 2008.
L’augmentation du chômage et le manque d’opportunités économiques pourraient pousser « les pauvres et les défavorisés à se tourner vers des activités illicites liées à la drogue – qu’il s’agisse de sa production ou de son transport », écrit l’ONUDC.
« La crise du Covid-19 et le ralentissement économique menacent d’aggraver encore les dangers de la drogue, alors que nos systèmes de santé et sociaux sont au bord du gouffre et que nos sociétés peinent à y faire face « , estime la directrice exécutive de l’ONUDC, Ghada Waly.
L’agence onusienne craint que les gouvernements revoient à la baisse leurs budgets dédiés à la prévention et aux soins des consommateurs mais aussi au financement de la lutte internationale contre le trafic de drogue.
Elle exhorte les États à « faire preuve d’une plus grande solidarité et à soutenir en particulier les pays en développement, pour lutter contre le trafic » et prendre en charge les pathologies liées à la drogue.
Les fermetures de frontières et les autres restrictions entraînées par la gestion de la pandémie ont déjà provoqué une pénurie sur le marché de la drogue, provoquant une hausse des prix et une réduction de la pureté des substances, note le rapport.
Les trafiquants semblent dépendre davantage des routes maritimes, notamment pour l’expédition de la cocaïne de l’Amérique du Sud vers l’Europe. Le trafic en ligne via le darknet, qui offre aux utilisateurs un anonymat total, ainsi que les expéditions par voie postale, pourraient également augmenter.
Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte de hausse mondiale de la consommation de drogues, en particulier dans les pays en développement, selon le rapport qui analyse les données allant jusqu’au début de l’année 2019.
Environ 269 millions de personnes ont consommé des drogues dans le monde en 2018, soit 30 % de plus qu’en 2009, tandis que plus de 35 millions d’usagers souffrent de troubles médicaux.
Le cannabis était la substance la plus utilisée dans le monde en 2018, avec environ 192 millions de consommateurs. Les opioïdes restent cependant les plus nocifs avec, au cours de la dernière décennie, une hausse de 71 % des décès liés à leur usage.
Source : article19.ma