Dans quelques semaines, le Parlement mexicain légalisera le cannabis. Le Mexique deviendra le 1er marché au monde pour l’herbe qui fait rire et peut-être, le 1er producteur.
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Cela fait maintenant 8 mois que le mouvement cannabique mexicain campe devant le Sénat pour demander la légalisation de la marijuana. © AFP / Alfredo Estrella
Tous les jours, des dizaines de fans viennent amoureusement surveiller l’état des cannabicultures, échanger des conseils cannibicoles et même texter la qualité : des volutes de fumée épaisses s’échappent des quelques bancs installés aux alentours.
Bref, tout est fait pour rappeler aux législateurs mexicains qu’ils leur restent quelques semaines, jusqu’au 15 décembre, pour adopter une loi autorisant la culture, la distribution et la vente de cannabis au Mexique. Ça s’appelle une légalisation complète.
Une date limite fixée au 15 décembre par la Cour suprême
C’est la Cour suprême mexicaine qui a fixé cet ultimatum et cette date il y deux ans, jugeant la prohibition du cannabis « inconstitutionnelle ». Eh puis, il y a urgence : de l’autre côté de la frontière, côté américain, de plus en plus d’États ont déjà légalisé.
Or, l’année dernière, pour la 1ère fois dans l’histoire des échanges de drogues entre les deux pays, les douaniers ont intercepté des lots de cannabis cultivés et conditionnés aux États-Unis destinés au consommateurs mexicains. C’est le monde à l’envers !
Donc, les cultures américaines sont en train de tuer la cannabiculture mexicaine. Il fallait réagir et le Parlement mexicain a pris le dossier à accouché d’un brouillon de loi pour faire du Mexique le futur, non pas El Dorado, mais El Fumado !
L’agro-business mexicain a l’affut
La nouvelle loi pose les enjeux : dès que le Mexique aura légaliser l’herbe qui fait rire, il deviendra le 1er marché légal au monde. 130 millions de consommateurs potentiels, des terres idéales pour la cannabiculture et un potentiel touristique énorme.
D’ailleurs, les premiers États qui pourraient appliquer la nouvelle loi, pourraient être Quintana Roo et Baja California Sud. Ça ne vous dit rien comme cela, mais ça ira mieux lorsque j’ajouterais que dans ces Etats se trouvent les villes de Cancún et d’El Cabo.
Ensuite, la loi prévoit d’assurer au frais des producteurs et des distributeurs la traçabilité du produit. Exactement comme le bétail en Europe. Mesure qui est faite pour favoriser l’agro-business mexicain qui seul aura les moyens d’assumer ces surcoûts.
Six plans par personne et un permis de fumer obligatoire
Avec, par exemple, des plantations d’avocats à perte de vue et qui pèsent plus de 30 milliards de dollars à destination des pays du nord, États-Unis et Canada. Ces industriels ont le savoir-faire, les réseaux, la main d’œuvre et même les clients !
Il ne manque plus que la loi qui d’ailleurs, réserve une assez mauvaise surprise aux consommateurs mexicains. Bien sûr, il sera légal de fumer et de se promener avec de petites quantités de cannabis sur soi.
Mais vous et moi, enfin Pepito et Pepita, n’auront droit qu’à 6 plants de cannabis d’autoculture et surtout, chaque consommateur devra obtenir une licence d’État. Une sorte de permis de fumer, comme on obtient un permis de conduire. Inutile de préciser que les fumeurs militants des abords du Sénat n’apprécient ni l’agro-business, ni ce retour du contrôle policier par la petite porte.
Source : Franceinter.fr