Un questionnaire est accessible en ligne depuis mercredi sur le site de l’Assemblée nationale. La France possède l’une des législations les plus répressives en Europe, alors que ses habitants sont les premiers consommateurs de cannabis du continent.
Après le cannabis thérapeutique, au tour du cannabis récréatif. Mercredi, la mission d’information parlementaire sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis, lancée il y a un an, a inauguré une consultation citoyenne sur le cannabis dit récréatif, dont la consommation, la possession et la vente sont interdites en France. L’Assemblée nationale a mis en ligne sur son site un questionnaire disponible jusqu’au 28 février. Parmi les questions posées aux internautes volontaires pour participer : « Pensez-vous que le dispositif actuel de répression de la consommation de cannabis permet d’en limiter l’ampleur ? » Ou encore : « Par rapport à la consommation d’alcool, selon vous, les risques liés à la consommation de cannabis sont équivalents, plus graves ou moins graves ? » Les participants sont, entre autres, invités à donner leur avis sur l’autoculture, cette tendance à laquelle s’adonnent de plus en plus de consommateurs d’herbe qui veulent éviter le marché parallèle.
L’objectif de cette consultation : sonder les attentes des citoyens sur cette thématique, et voir s’ils sont favorables ou non à un assouplissement de législation. « On a le sentiment que l’opinion publique est en avance sur la classe politique, donc on aimerait voir à quel point il y a un décalage entre une forme de frilosité de la classe politique et l’opinion publique qui a beaucoup évolué sur ce sujet-là », détaille Caroline Janvier, députée LREM dans la deuxième circonscription du Loiret et rapporteure sur le cannabis récréatif. « C’est un sujet qui concerne près d’un Français sur deux : un Français sur deux reconnaît avoir consommé au moins une fois du cannabis dans sa vie, et qu’il existe près d’un million de consommateurs quotidiens », souligne l’élue. La France possède l’une des législations les plus répressives en Europe en la matière, alors que ses habitants sont les premiers consommateurs de cannabis du continent.
« Ligne pragmatique »
Les résultats de la consultation devraient être pris « en compte pour déterminer les propositions » portées par la mission d’information dans un rapport qui devrait être rendu au printemps. De nombreux spécialistes et professionnels ont également été auditionnés sur le sujet par les parlementaires. « Les maires qu’on a entendus, de gauche comme de droite, sont tous sur une ligne assez pragmatique et constatent l’impuissance de l’État, malgré les efforts des servives de police et de gendarmerie à lutter contre les trafics », explique à Libération Robin Reda, député Les Républicains de l’Essonne qui préside la mission.
Lancée en janvier 2020, la mission d’information parlementaire sur le cannabis, composée de 33 députés de tous les groupes politiques, avait publié un premier rapport sur le cannabis thérapeutique dont l’expérimentation, validée par le ministère de la Santé, a été repoussée en raison de la crise sanitaire. Ses conclusions sur le cannabis bien-être ou cannabidiol (CBD) sont attendues d’ici la mi-février.
« Il faut poser le débat sur le cannabis de façon sereine et non idéologique », revendique le député Robin Reda, qui reconnaît être un peu « un ovni dans sa famille politique » sur ce sujet. « Il faut arrêter de parler du cannabis d’une façon caricaturale », abonde Caroline Janvier, et en faire « une vraie politique de santé publique, comme c’est le cas pour le tabac ou pour l’alcool ». Si la députée ne s’attend pas à ce que la loi évolue d’ici un an et demi, l’élue souhaiterait que le sujet figure dans le programme d’Emmanuel Macron en 2022. En septembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’était dit opposé à la légalisation du cannabis.