16/102019
En deux jours, la police et l’armée mexicaine ont été par deux fois confrontées à la violence des cartels dans le sud du pays. Un défi pour le président de gauche AMLO qui dit miser sur des politiques sociales plutôt sur sur l’affrontement. Mystères autour du crash d’un avion présidentiel en RDC.
Au Mexique la lutte de l’État contre les cartels connait un regain de violence depuis deux jours.
Il est vrai qu’elle est endémique, la violence meurtrière quasi-quotidienne des groupes criminels de trafiquants de drogue mexicains, entre eux mais aussi contre les forces de l’ordre. Mais depuis lundi la situation a pris une toute autre dimension, et la presse mexicaine s’en émeut donc tout particulièrement.
Lundi, donc, nous explique La Jornada, un convoi de véhicules de police est tombé dans une véritable « embuscade tendue par des sicarios« , des membres des cartels dans l’Etat de Michoaca, commune d’El Aguaje, au sud de Mexico près de la côte Pacifique.
Dans cette embuscade tendue en plein coeur du village, 13 policiers ont été tués et neuf autres blessés, un bilan particulièrement lourd, même dans cette région où, comme le reconnait le quotidien la violence des narcotrafiquants échappe aux autorités locales depuis des mois.
Le responsable de cette tuerie, pour La Vanguardia de Mexico, c’est le cartel Jalisco Nueva Generacion qui a d’ailleurs revendiqué son méfait. Ses membres auraient ciblé le convoi de 5 voitures de police « par erreur« , nous explique le journal : ils craignaient une attaque d’un clan rival contre la femme d’un de leurs chefs. Ce serait donc une « méprise » totale, puisque officiellement les policiers en question, au nombre de 42 en tout, se rendaient dans une commune voisine pour y escorter une jeune fille victime d’abus sexuels.
Mais quoi qu’il en soit, la réponse de l’Etat mexicain a été immédiate, poursuit la BBC : « l’armée a été déployée » dans cet État de Michoaca avec 80 soldats et un hélicoptère mobilisés en soutien de policiers qui ont la ferme impression d’avoir été « envoyés à l’abattoir » par leurs responsables dans cette affaire. C’est The Guardian qui reprend cette citation d’un policier mexicain, lequel malgré le fusil d’assaut dont on l’a équipé se sent bien démuni face à des narcotrafiquants qui contrôlent littéralement ces territoires et ces villages.
Et puis, appeler l’armée en renfort, analyse aussi le Guardian, ce n’est pas anodin pour le président de gauche Andres Manuel Lopez Obrador dit AMLO : depuis son arrivée au pouvoir il y a un peu moins d’un an, ce dernier mise sur la prévention des crimes plutôt que sur la confrontation violente armée/cartels qui avait les faveurs de ses prédéscesseurs et qui selon AMLO n’ont fait qu’aggraver la violence de la situation.
L’armée mexicaine a donc été mobilisée lundi, et dès le lendemain une première confrontation virait au bain de sang :
On est cette fois à 350 km plus à l’Est, de l’autre côté de l’Etat de Michoaca, dans le Guerrero voisin, commune de Tepochica, autre bastion des cartels ; là, nous dit le quotidien Milenio, des soldats de l’armée mexicaine qui s’étaient rendus sur place après un appel d’urgence ont été agressés par des civils armés ; ils se sont défendus et le bilan officiel fait état de 14 morts, un militaire et 13 civils.
Sur les lieux de l’affrontement, des armes de gros calibres et trois voiltures volées ont été retrouvées ; là encore, ça semble porter la trace des groupes criminels qui considèrent qu’ils sont chez eux dans ces zones rurales. Ça ressemble à nouveau à un piège, une embuscade comme celle de lundi : plus largement les cartels semblent vouloir prendre AMLO au piège de l’engrenage des violences. Mais le président redit pour le moment au Guardian qu’il va continuer à s’en prendre aux racines de ce qu’il appelle la « décomposition sociale » dont le narcotrafic est selon lui le produit et non la cause.
Source : France Culture