Publié le 1er Septembre 2020 | Par GHITA ZINE
L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a consacré en partie son dernier rapport mondial sur les drogues aux activités de trafic, dans le contexte de la pandémie mondiale du nouveau coronavirus.
Le renforcement des contrôles dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus a eu des conséquences également sur le marché des drogues et du narcotrafic, mais de manière contrastée entre les pays et les régions.
Certains, comme le Maroc, ont plutôt enregistré d’importantes saisies. L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) estime ainsi que malgré la crise sanitaire, le trafic de drogue à grande échelle est toujours présent. Des pays ont signalé même une augmentation des opérations de lutte contre ce commerce illicite, résultat du renforcement des contrôles, destinés initialement à faire respecter l’état d’urgence sanitaire.
Dans l’édition 2020 de son rapport mondial sur les drogues, l’ONUDC consacre une partie à ces saisies, indiquant qu’après les Etats-Unis, l’Amérique du Sud constitue le deuxième espace de flux de trafic de cocaïne dans le monde. Il est dirigé vers l’Europe occidentale et centrale, qui représente le deuxième plus grand marché de cocaïne au monde après le pays de l’oncle Sam. Les principaux points pour faire transiter la marchandise restent principalement le Maroc, l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas.
Le Maroc, point de trafic de cocaïne, de pshychotropes et de cannabis
Dans la région, ce trafic gagne en importance, comme en témoignent les saisies globales de cocaïne en Afrique, passées de 1,2 tonne en 2015 à à 5,6 en 2018. Les plus grandes quantités de cocaïne sont saisies principalement au Maroc, en Algérie, en Namibie, au Mozambique, en Afrique du Sud et au Nigéria.
Les saisies dans les pays d’Afrique en 2019 suggèrent que les quantités totales interceptées pourraient avoir atteint «un record historique de plus de 20 tonnes dans toute la région» sur l’année. En février 2019, 9,5 tonnes de cocaïne ont été trouvés à bord d’un seul bateau russe venu d’Amérique latine, censé transiter par le Maroc et à destination du Portugal. Le rapport retient qu’en août de la même année lors d’une seule saisie, le Maroc a mis la main sur trois tonnes de cocaïne près de la plage de Sidi Rahal, ce qui confirme l’importance grandissante de l’itinéraire du trafic international de cocaïne traversant le pays.
Malgré les estimations mondiales qui manquent, l’ONUDC confirme que l’usage non médical d’opioïdes est signalé dans de nombreux pays. Le phénomène est présent surtout en Afrique de l’Ouest et du Nord, ainsi qu’au Moyen-Orient, où le tramadol est de plus en plus demandé. C’est le cas aussi en Amérique du Nord, où l’hydrocodone, l’oxycodone, la codéine, le tramadol et le fentanyl sont de plus en plus prisés. Les saisies d’ecstasy les plus importantes en Afrique, en 2018, ont été signalées par le Maroc. Les cachets proviennent principalement des Pays-Bas et de Belgique, à destination du marché intérieur.
Défi de l’adaptation des réseaux de narcotrafic à la crise sanitaire
Le Maroc reste également une zone propice à la production et à l’export de cannabis. «Sur la période de 2008 à 2018, les plus importantes saisies d’herbe de cannabis dans le monde ont eu lieu aux Etats-Unis, suivis du Mexique, du Paraguay, de la Colombie, du Nigéria, du Maroc, du Brésil, de l’Inde et de l’Egypte», écrit l’ONUDC. La majeure partie du cannabis d’origine marocaine est destinée à l’Europe, expédiée principalement en Espagne.
«Pendant de nombreuses années, y compris au cours de la période 2014-2018, l’Espagne a été identifiée par d’autres pays européens comme le principal point de départ et de transit de la résine de cannabis, suivie des Pays-Bas.»
Mais dans un autre registre où le narcotrafic s’adapte à la crise sanitaire, des groupes ont été poussés à trouver de nouveaux itinéraires et d’autres méthodes, comme le trafic via le darknet et les expéditions par courrier postal, indique l’ONUDC. La pandémie a également conduit à des pénuries d’opioïdes, ce qui a poussé des consommateurs à rechercher des substances plus facilement disponibles comme l’alcool, les benzodiazépines ou des drogues synthétisées, donnant lieu par ailleurs à des modes de consommation à risque accru.
Dans le contexte des impacts économiques de la crise sanitaire, l’ONUDC craint de voir les gouvernements réduire les budgets alloués à la prévention et à la sensibilisation sur les dangers de la drogue, aux services de la toxicomanie et à la prise en charge de la consommation médicalement surveillée.