Le Progrès (Lyon)
Le fait du jour, dimanche 28 février 2021
Questions à Pierre-Yves Geoffard Directeur de l’école d’économie de Paris
La France pays répressif mais très consommatrice. Pourquoi ?
Cela montre que la répression n’a pas d’effet sur le niveau de la consommation, et notamment sur celle des plus jeunes. Cela apparaît comme un paradoxe mais la loi française est tellement dure qu’elle est peu appliquée.
En quoi la légalisation serait un élément de santé publique ?
Dans les États qui ont légalisé, cela conduit à un assèchement progressif des réseaux criminels. Au Canada par exemple, les boutiques légales sont interdites aux mineurs. Si le marché criminel baisse et qu’il y a une plus grande difficulté d’accéder aux circuits légaux cela peut conduire à une baisse de consommation chez les plus jeunes.
L’économie parallèle serait-elle nécessairement impactée ?
On dispose désormais de retours d’expériences. Lorsqu’on permet à l’essentiel des consommateurs, d’avoir accès à un produit à un prix concurrentiel par rapport au marché illégal et avec des produits traçables, la plupart des consommateurs se tournent vers le marché légal.
Mais cela prend du temps. L’offre légale permet de mieux connaître la filière : la quantité, les variétés, etc.
Ce qui est clé, c’est être réactif : pouvoir adapter la politique des marchés légaux aux réalités de la consommation.
Au Canada il y a trois ans, le cannabis était illégal. Puis il est devenu légal il y a deux ans. Et au moment du confinement, le cannabis a été classé dans les produits essentiels sans que cela fasse débat.
Aucun pays engagé dans la légalisation n’est revenu en arrière.
Source : Leprogrès.fr