La France, prisonnière de la prohibition : tirons les leçons de Berlin sur les bienfaits de la légalisation du cannabis.
En France, nos responsables politiques s’accrochent désespérément à la prohibition du cannabis, une politique qui n’a démontré que ses échecs et ses effets criminogènes. Pendant ce temps, Berlin nous offre un exemple éclatant des bénéfices d’une approche pragmatique et humaine : depuis la légalisation partielle du cannabis en avril dernier, les infractions liées à cette substance y ont spectaculairement diminué.
Berlin : la légalisation réduit les infractions
Selon une réponse de l’administration de la santé berlinoise à une question parlementaire, le nombre d’infractions liées au cannabis enregistrées entre avril et octobre 2024 a chuté à 1 685, contre 5 315 durant la même période en 2023, avant la légalisation partielle. Cette baisse impressionnante confirme que la criminalisation des consommateurs n’a jamais été une solution viable.
Le député écologiste Vasili Franco souligne que, « malgré les discours alarmistes, la loi sur le cannabis montre déjà ses premiers succès en quelques mois seulement ». En effet, près de 80 % des infractions liées au cannabis concernaient auparavant des délits mineurs de possession ou de consommation. Ces actes ne seront plus poursuivis, ce qui allège considérablement la charge pesant sur les forces de police et le système judiciaire.
Des résultats régionaux contrastés : Berlin vs. Bavière
Si Berlin célèbre déjà les bienfaits de la légalisation, la Bavière offre un tableau radicalement différent. Entre avril et juin, la police bavaroise a enregistré 4 561 infractions liées au cannabis. Parmi celles-ci, 1 430 concernaient le trafic ou la possession au-delà des limites autorisées, et près de 3 000 étaient liées à la conduite sous influence.
Le ministre bavarois de l’Intérieur, Joachim Herrmann, a qualifié la légalisation de « grave erreur en matière de sécurité et de santé publique ». Friedrich Merz, chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), promet même d’abroger la loi s’il accède au pouvoir, dénonçant un « péché contre nos enfants ».
Ces critiques, majoritairement issues des milieux conservateurs, peignent un tableau alarmiste, relayant des craintes sur une prétendue augmentation du crime organisé. Alexander Poitz, du syndicat de la police, affirme que la loi risque de renforcer les réseaux illégaux au lieu de les affaiblir.
Cependant, ces affirmations semblent ignorer un point crucial : l’échec de la prohibition à endiguer la consommation ou à réduire le narcotrafic. Ce contraste saisissant entre Berlin et la Bavière reflète moins une réalité objective qu’une bataille idéologique acharnée autour du cannabis en Allemagne.
Un modèle à suivre pour la France
À Berlin, la consommation de cannabis est désormais autorisée dans un cadre réglementé, avec des restrictions concernant les zones sensibles comme les écoles ou les aires de jeux. Les adultes peuvent posséder jusqu’à 25 grammes de cannabis et cultiver eux-mêmes des plants en quantité limitée, ou encore rejoindre des Cannabis Social Clubs (CSC), qui permettent une production et une distribution collective. Ces clubs, encadrés par des régulations strictes, illustrent un modèle de gestion locale, responsable et non-commercial de cette substance.
En parallèle, seuls 81 cas d’infractions administratives ont été relevés, principalement pour des violations mineures des restrictions. À ce jour, dix demandes de création de CSC ont été déposées auprès des autorités berlinoises. Ces initiatives renforcent une approche communautaire et décentralisée, bien loin de l’amalgame simpliste fait entre consommateurs et narcotrafic.
La prohibition française : un acharnement criminel
En France, la prohibition s’appuie sur une idéologie répressive dépassée, qui stigmatise les consommateurs, favorise les discriminations et alimente indirectement les violences liées au narcotrafic. Accuser les usagers de participer à ce système criminogène, comme le font certains responsables politiques, est non seulement scandaleux, mais également un déni des responsabilités étatiques dans l’échec de cette politique.
Contrairement à Berlin, où la légalisation amorce une réduction des violences et une amélioration de la santé publique, la France persévère dans une voie sans issue. Les ressources policières et judiciaires restent massivement mobilisées contre des citoyens dont le seul « crime » est de consommer une substance moins nocive que l’alcool. Ce choix absurde empêche les autorités de concentrer leurs efforts sur des crimes graves et nuit gravement à la santé publique.
Un appel au pragmatisme
Berlin nous montre qu’une légalisation bien pensée peut transformer une source de conflits en un cadre pacifié, tout en respectant les libertés individuelles et en protégeant les populations les plus vulnérables. La France ne peut plus ignorer ces preuves accablantes.
Le CIRC appelle à une réforme immédiate et radicale de la politique française sur le cannabis, basée sur les principes de pragmatisme, de santé publique et de justice sociale. Comme à Berlin, il est temps de légaliser le cannabis, de permettre l’autoproduction, et de créer des Cannabis Social Clubs. La prohibition n’est pas seulement un échec ; elle est une voie criminogène qui doit être abandonnée.
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