Publié le 2 Septembre 2020 | Par JIM.FR
Paris, le mercredi 2 septembre 2020 – Depuis ce mardi, les consommateurs de stupéfiants pourront être punis par une amende forfaitaire de 200 euros. Les addictologues dénoncent une politique du tout répressif et appelle à plus de prévention.
En matière de cannabis, la France continue de miser sur la prohibition et la répression. Tandis que de nombreux pays occidentaux ont, dans les années récentes, allégé les sanctions contre les consommateurs de cannabis voire légalisé la vente de cette substance (comme au Canada ou en Californie), notre pays vient au contraire d’étoffer son arsenal répressif. Depuis ce mardi, tout consommateur de stupéfiants pris en flagrant délit pourra être sanctionné d’une amende forfaitaire délictuelle (AFD) de 200 euros.
Cette nouvelle mesure, lancée en grande pompe par Jean Castex et Gérald Darmanin, vise à rendre la sanction plus automatique, afin de faciliter le travail des forces de l’ordre et des magistrats. Expérimentée depuis plusieurs semaines à Lille, Rennes et Marseille, elle vise essentiellement les consommateurs de cannabis (qui représentent par exemple 95 % des personnes verbalisés à Rennes pour le moment).
Si la mesure a été logiquement bien accueillie par les syndicats de police, elle est en revanche décriée à la quasi-unanimité par les addictologues. Selon un discours bien rodé, ils considèrent que le tout répressif n’est pas une solution viable pour faire diminuer la consommation de stupéfiants des Français, qui sont parmi les plus grand consommateurs de cannabis d’Europe.
Taper sur le même clou
Jean-Pierre Couteron, psychologue et porte-parole de la Fédération Addiction, regrette notamment que certains usagers dont la consommation est sans danger risquent d’être sanctionnés et notamment ceux qui fument du cannabis à usage thérapeutique. Il dénonce l’absence totale d’une politique de prévention et d’éducation à l’attention du public et notamment à l’égard des mineurs (qui ne pourront d’ailleurs pas être sanctionnés par l’AFD).
« En termes de lutte contre les addictions, cela ne servira à rien » explique-t-il à nos confrères du Monde. « On est encore entrain de taper sur le même clou en s’étonnant que ça ne marche pas ». Sans prôner la légalisation qu’il estime dangereuse, Jean-Pierre Couteron considère que la meilleure politique est un équilibre entre une répression nécessaire et une prévention efficace.
L’exemple portugais
Le docteur William Lowenstein, président de SOS Addictions, va plus loin. Il prône lui la légalisation du cannabis, drogue qu’il juge peu dangereuse par apport à l’alcool. Le but des autorités ne doit pas être de réprimer mais de mettre en place une « stratégie d’accompagnement et de réduction des risques ». « Je suis désespéré par le raisonnement » déclare-t-il a propos de l’AFD. « Cette nouvelle amende ne va rien changer à la sécurité publique, ni à la prévention des risques ».
Comme beaucoup de partisans de la légalisation du cannabis, le docteur Lowenstein prend en exemple le Portugal. Dans ce pays, l’usage de toutes les drogues a été dépénalisé en 2000. Les usagers ne sont désormais plus considérés comme des délinquants mais comme des malades. Les autorités misent désormais sur la prévention et l’accompagnement des toxicomanes. Une politique qui semble porter ses fruits, puisqu’alors qu’il avait été longtemps miné par une épidémie de toxicomanie, le Portugal est désormais l’un des pays d’Europe qui compte le moins de consommateurs de cannabis et de cocaïne.
QH
Source JIM