De plus amples détails sur la généralisation tant attendue du cannabis médical en France ont été publiés.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a confirmé que les fleurs ne seront pas incluses dans son prochain cadre généralisé sur le cannabis médical. Bien que cela ne soit pas totalement inattendu, la nature brutale et l’incapacité de l’ANSM à fournir une alternative viable aux patients actuellement dépendants des fleurs de cannabis ont suscité l’indignation.
Cette confirmation sera également une déception pour les entreprises françaises du cannabis, qui seront parfaitement conscientes de la prédominance de la fleur de cannabis médical sur les marchés européens.
Cela survient alors que de plus amples détails sur l’aspect que prendra la généralisation tant attendue du cannabis médical en France sont publiés, après des années de retards et d’incertitudes tant pour les patients que pour les entreprises.
Qu’est-il arrivé ?
Fin février, l’ANSM a publié une « mise à jour sur l’année écoulée d’expérimentation et l’arrivée des médicaments à base de cannabis ».
Il s’agissait de la première mise à jour officielle sur la période de transition à venir et la généralisation éventuelle du cannabis médical depuis l’adoption in extremis d’un amendement fin de l’année dernière, garantissant aux patients un accès au traitement indéfiniment.
Cet amendement suggérait que seules les solutions orales seraient poursuivies, mais ne confirmait pas que la fleur ne ferait pas partie du programme à l’avenir.
Dans une mise à jour publique et une lettre d’accompagnement adressée aux professionnels de santé, l’ANSM a confirmé cela sans équivoque.
« Les médicaments sous forme de fleurs (sommités fleuries à inhaler) cesseront d’être disponibles dans les semaines à venir. Les médecins prescripteurs doivent donc progressivement arrêter le traitement à base de fleurs pour leurs patients et ne pas initier de nouveaux traitements avec cette forme. »
À partir du 26 mars, la fleur de cannabis ne sera plus fournie par le fournisseur principal du programme, Aurora, et une fois les stocks de réserve épuisés, les patients n’auront aucun moyen légal de se procurer de la fleur de cannabis médical.
Bien que seuls environ 100 patients se voient prescrire de la fleur de cannabis médical dans le cadre du programme pilote, l’arrêt brutal de leur traitement et le manque de médicaments alternatifs ont suscité l’indignation au sein de la communauté médicale française.
Le Dr Nicolas Authier, qui a été un acteur clé du programme pilote, a déclaré à Libération : « Ce qui nous surprend en tant que médecins, c’est la brutalité de la décision. »
« Nous pensions avoir le temps d’arrêter progressivement la thérapie. Arrêter un traitement pris pendant plusieurs années ne peut pas se faire en deux semaines, mais sur plusieurs mois. Cela pourrait avoir un impact significatif sur la douleur ressentie par les patients. »
On comprend que pendant la période de transition entre avril et 2025, lorsque la généralisation sera lancée de manière sérieuse, le programme pilote sera approvisionné par des réserves de stocks existantes.
Conçu pour échouer
Selon le cabinet de conseil en cannabis basé à Paris, Augur Associates, le programme pilote de la France a été structuré « contre l’utilisation de fleurs par différents moyens » dès le premier jour.
Son PDG et co-fondateur, Benjamin-Alexandre Jeanroy, a déclaré à Business of Cannabis que non seulement les dispositifs de vaporisation nécessaires pour consommer de la fleur étaient plus chers que les huiles, mais la nature complexe de la prescription de la fleur a joué contre son utilisation plus large.
« Les prescripteurs sont beaucoup moins habitués à manipuler ce genre de produits que les huiles, donc la formation que les prescripteurs doivent suivre serait beaucoup plus longue et coûteuse. C’est un produit beaucoup plus complexe. Donc l’accent a été fortement mis sur les prescriptions non-florales.
« Tous ces éléments ont créé un environnement où il était beaucoup plus facile d’opter pour l’huile, c’est pourquoi nous avons vu si peu d’utilisateurs (de fleurs) dans l’expérience. »
Il a ajouté que le manque d’adhésion au pilote est désormais cité comme raison de son exclusion du cadre généralisé.
Le gouvernement, en réponse aux questions concernant l’avenir de la fleur, a cherché à rejeter la responsabilité sur Aurora, affirmant : « (cela) s’explique par le souhait du fabricant de ne pas continuer à fournir des produits. »
Cependant, comme le souligne M. Jeanroy, ils omettent de mentionner qu’Aurora a fourni gratuitement des produits tout au long du pilote, et il est compréhensible qu’elle soit réticente à continuer de le faire.
Cette justification « fragile », suggère M. Jeanroy, pourrait voir la décision annulée devant les tribunaux.
« C’est aussi ma conviction personnelle que cela sera attaqué devant les tribunaux par des patients sous une forme ou une autre, et il sera difficile pour les tribunaux de maintenir cela. Je dirais que la justification est un peu fragile. »
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Plus de détails sur la généralisation à venir
L’annonce de l’ANSM a également fourni de nouvelles informations sur la manière dont le nouveau régime généralisé se développera à l’avenir.
Tous les patients qui ont été inclus dans le programme pilote avant le 27 mars 2024 pourront continuer leur traitement avec du cannabis médical, et « le traitement continuera d’être fourni selon les mêmes méthodes qu’auparavant ». Cependant, personne ne pourra rejoindre le pilote après cette date.
De plus, de nouveaux professionnels de santé pourront être formés pour participer à l’expérience et soutenir leurs patients.
De manière cruciale, l’ANSM indique que les médicaments qui seront inclus dans la généralisation en 2025 doivent avoir « obtenu une autorisation délivrée par l’ANSM au plus tard le 31 décembre 2024 ».
Business of Cannabis comprend que les détails sur le fonctionnement de ce processus d’enregistrement sont actuellement communiqués par la Direction générale de la santé (DGS), et il semble probable que les produits seront prêts pour les patients d’ici janvier 2025.
Source cannabishealtnews.co.uk
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