Les composés chimiques extraits du cannabis, appelés cannabinoïdes, offrent un nouvel espoir pour traiter la douleur chronique. Une étude récente de l’université de Yale met en avant le potentiel thérapeutique de ces substances, qui pourraient présenter une alternative sûre et efficace aux opioïdes.
Un enjeu mondial : la douleur chronique
La douleur chronique représente un défi majeur pour la santé publique mondiale. Les options de traitement actuelles sont souvent limitées par des effets secondaires importants, un risque d’addiction et une diminution de leur efficacité au fil du temps. Face à ce constat, les chercheurs de Yale ont identifié des composés alternatifs dotés d’un potentiel thérapeutique : le cannabidiol (CBD), le cannabigérol (CBG) et le cannabinol (CBN). Ces cannabinoïdes ne provoquent pas les effets psychotropes associés au cannabis.
La douleur chronique est une condition qui touche des millions de personnes à travers le monde, engendrant une détérioration de la qualité de vie et des coûts de santé considérables. Les traitements actuels incluent des médicaments tels que les opioïdes, qui, bien qu’efficaces à court terme, présentent des risques élevés d’addiction et de surdosage. Le besoin urgent de solutions alternatives pousse les chercheurs à explorer des thérapies nouvelles.
Une avancée scientifique prometteuse
L’étude, publiée le 21 janvier dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, révèle que ces trois cannabinoïdes réduisent l’activité d’une protéine clé dans la transmission des signaux de douleur dans le système nerveux périphérique. Cette protéine, appelée Nav1.8, permet le déclenchement répété des neurones sensoriels impliqués dans le signalement de la douleur.
Les chercheurs ont mesuré les courants électriques dans les neurones sensoriels de rongeurs et ont observé comment ces courants étaient modifiés par l’introduction de CBD, CBG et CBN. Les trois cannabinoïdes ont réduit les amplitudes des courants électriques associés à Nav1.8, avec une efficacité particulièrement marquée pour le CBG.
Cette découverte repose sur des analyses électrophysiologiques avancées, qui ont permis de mesurer avec précision l’impact des cannabinoïdes sur les neurones sensoriels. Les résultats indiquent que ces molécules pourraient être utilisées pour bloquer sélectivement les signaux de douleur, sans affecter les autres fonctions neuronales.
Une alternative aux traitements traditionnels
« Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour le développement de thérapies à base de cannabinoïdes », explique Mohammad-Reza Ghovanloo, auteur principal de l’étude et chercheur au département de neurologie de la Yale School of Medicine. « Nos travaux montrent que le CBG possède un potentiel élevé pour soulager efficacement la douleur sans les risques associés aux traitements traditionnels. »
Les opioïdes, l’un des principaux traitements prescrits pour les douleurs intenses, présentent un risque élevé d’addiction. Aux États-Unis, l’épidémie des opioïdes continue de faire des ravages, avec plus de 80 000 décès par overdose enregistrés chaque année ces dernières années.
Les cannabinoïdes pourraient non seulement réduire la dépendance aux opioïdes, mais aussi offrir une gestion de la douleur plus efficace que les alternatives actuelles. En bloquant l’action de Nav1.8, ces composés empêchent les neurones sensoriels de transmettre les signaux de douleur au cerveau. De plus, les cannabinoïdes ont montré des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, ce qui élargit leur potentiel thérapeutique à des conditions telles que l’arthrite ou les douleurs neuropathiques.
Vers de nouveaux traitements cannabinoïdes
Le professeur Stephen G. Waxman, auteur senior de l’étude et professeur de neurologie à Yale, souligne : « Cette recherche s’inscrit dans l’intérêt croissant pour le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes. Elle met en lumière leur rôle dans le traitement de pathologies chroniques telles que les douleurs neuropathiques, l’arthrite et les troubles inflammatoires. »
En ciblant Nav1.8 comme objectif thérapeutique, cette étude ouvre la voie à des traitements innovants basés sur les cannabinoïdes. Ces avancées pourraient transformer la manière dont la douleur chronique est gérée, en offrant des alternatives plus sûres et moins addictives que les traitements actuels. Les prochaines étapes incluent des essais cliniques approfondis pour confirmer l’efficacité et la sécurité de ces composés chez l’humain.
Implications pour le militantisme
Pour le CIRC, ces découvertes renforcent l’urgence de promouvoir une recherche approfondie sur les cannabinoïdes et de militer pour une réglementation qui favorise leur utilisation médicale. Les potentiels thérapeutiques des cannabinoïdes doivent être reconnus et exploités pour répondre aux besoins des patients souffrant de douleurs chroniques.
En conclusion, les travaux de Yale représentent une avancée majeure dans la recherche sur les traitements alternatifs à la douleur. Ils soulignent l’importance de lever les barrières légales et culturelles pour permettre une exploitation médicale optimale des cannabinoïdes. Le CIRC continuera à soutenir ces efforts et à plaider pour une reconnaissance accrue de leurs bénéfices.
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