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Avec un chiffre d’affaires estimé à près de 3,5 milliards d’euros en 2018, le trafic de stupéfiants est considéré comme le premier « marché criminel » en France. Il est largement dominé par l’importation de cannabis dont les saisies ont augmenté de 18 % l’année dernière.
Le cannabis prédominant
Avec une consommation annuelle de résine et d’herbe estimée à entre 370 et 580 tonnes par an (30 tonnes par mois), le cannabis reste le premier marché de stupéfiants en France. Selon les chiffres du Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), quelque 100 tonnes de cannabis, dont 76 tonnes de résine, ont été saisies en 2018 soit une augmentation de 18 % par rapport à 2017.
Les routes du trafic partent quasi-exclusivement du Maroc en passant par l’Espagne. Les services anti-drogue sont également confrontés au développement de la production locale avec la hausse de la consommation d’herbe de cannabis. 137.074 plants ont été saisis en 2017 (+8 %).
Les pouvoirs publics s’inquiètent en outre de l’accroissement de la teneur en THC de la résine avec des conséquences néfastes sur la santé. En juillet, le secrétaire d’Etat Laurent Nuñez avait pointé cette hausse du taux de THC pour écarter l’hypothèse d’une légalisation du produit. « Les pays qui ont légalisé le cannabis proposent un taux de THC très faible de l’ordre de 7 %, alors que dans les réseaux on trouve des taux à 29-30 %. On pense donc que finalement le cannabis illégal continuerait de se vendre en masse », avait-il souligné.
Cocaïne: une production record
Les saisies de cocaïne restent à des niveaux très élevés en raison de l’abondance de la production sud-américaine: les forces de l’ordre ont mis la main sur 15 tonnes de « blanche » en 2018 (17,5 en 2017).
Selon les estimations, la production des trois principaux pays producteurs aurait doublé entre 2016 et 2018 pour atteindre environ 2.000 tonnes par an. La cocaïne est un produit particulièrement « rentable » pour les trafiquants avec un « prix de gros » estimé en France au prix médian de 31.000 euros le kilo pour 70 euros le gramme à la revente.
Les territoires d’Outre-Mer (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Guyane) sont d’importantes zones de transit de la cocaïne à destination de la métropole. Depuis la Guyane, le phénomène des mules est en pleine expansion. En 2018, 1.349 passeurs ont été arrêtés (+122 % par rapport à 2017).
Héroïne, drogues de synthèse
871 kilos d’héroïne ont été saisis en 2018, selon les chiffres du Sirasco. Les saisies sont très irrégulières selon les années (658 kilos en 2017, 1,079 tonne en 2016). En 2018, les douanes ont procédé à une saisie record d’environ 155 kilos sur le port de la Seyne-sur-Mer (Var) dans un camion arrivé par bateau de Turquie.
Au niveau mondial la production d’opium a nettement progressé passant, de 6.380 tonnes à 10.500 tonnes en une année. L’Afghanistan est de loin le premier producteur mondial.
Selon les experts de la lutte anti-drogue, la France constitue un pays de transit pour la MDMA-ecstasy produite au Benelux à destination de l’Espagne et du Royaume-Uni. Les saisies effectuées en France sont cependant importantes avec 1,3 million de comprimés et 220 kilos d’amphétamines saisis en 2018.
Le 10 septembre, les douanes ont intercepté sur l’axe Nancy-Dijon une voiture avec à son bord 104 kilos de cachets d’ecstasy, soit selon le ministère de l’Action et des Comptes publics, la plus grosse saisie réalisée en 2019.
Règlements de comptes
Selon les experts de la PJ, le narco-banditisme poursuit son « extension à des villes moyennes », avec comme corollaire l’extension des règlements de compte qui ne sont plus réservés aux régions parisienne ou marseillaise.
Le nombre de règlements de compte reste stable entre 2017 et 2018: 77 ont été enregistrés, 106 victimes dénombrées. Parmi elles, 54 sont décédées. En 2017 on comptait 78 règlements, 104 victimes et 44 décès. « Dans 80 % des cas, ils sont liés au trafic de stupéfiants », résumait début juillet Frédéric Doidy, chef de l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO).
Source : Le Point