Dans un paysage religieux en mutation, où les églises traditionnelles voient leurs fidèles se détourner, une organisation non conventionnelle fait sensation aux États-Unis. La Church of Ambrosia, fondée par le pasteur Dave Hodges, se démarque par l’utilisation du cannabis et des champignons hallucinogènes comme instruments spirituels. Cette approche unique a suscité à la fois l’enthousiasme et la controverse, soulevant des questions sur la manière de raviver la foi dans un monde en évolution rapide.
Genèse d’une église atypique
La Church of Ambrosia a émergé il y a cinq ans à Oakland, en Californie, sous l’impulsion de son fondateur, Dave Hodges. Inspiré par une expérience spirituelle lors du festival Burning Man, Hodges a exploré les écrits de Terence McKenna, un ethnobotaniste et mystique. La «Stone Ape Theory» de McKenna, qui postule que l’évolution humaine a été influencée par la consommation de champignons hallucinogènes par nos ancêtres, a servi de fondement à la doctrine de cette Église.
L’émergence d’une méga-église non conventionnelle
Contrairement aux méga-églises évangéliques, la Church of Ambrosia attire un nombre impressionnant de fidèles, avec une adhésion de 105 000 personnes et l’ouverture récente d’une deuxième succursale à San Francisco. Les sacrements de cette Église incluent l’usage du cannabis et d’autres psychotropes, accessibles moyennant une contribution financière ou un engagement bénévole.
Défis légaux et moraux
Bien que prospère financièrement, l’Église se trouve confrontée à des défis juridiques en raison de la nature illicite des substances qu’elle utilise. Les psychédéliques restent illégaux aux États-Unis, ce qui expose l’Église à des risques juridiques significatifs. Une confiscation de drogue d’une valeur de 200 000 dollars en 2020 a déclenché un litige avec la ville d’Oakland, accusée de discrimination religieuse par Hodges. Malgré les obstacles, certains fidèles témoignent de transformations spirituelles profondes grâce à leur participation à la Church of Ambrosia.
Réception et perspectives futures
La réception de cette Église est mitigée. Certains voient en elle une opportunité de repenser la spiritualité dans un contexte moderne, tandis que d’autres la considèrent comme une tentative de contourner les lois sur les drogues. En dépit des défis, Dave Hodges a soumis une demande à la Drug Enforcement Administration en 2023 pour obtenir une dérogation, bien que sans succès jusqu’à présent.
Conclusion : Vers une révolution religieuse ?
La Church of Ambrosia incarne un phénomène intrigant dans le paysage religieux contemporain. Son utilisation des psychotropes comme outils spirituels défie les conventions et soulève des questions profondes sur la nature de la foi et de la légalité. Que cette Église parvienne ou non à obtenir une reconnaissance officielle, son émergence reflète une quête de spiritualité et de sens dans une société en mutation rapide.
Voir le billet de Daniel Morin sur France-Inter ( jeudi 28 mars 2024)
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