Jura, lundi 1 mars 2021
Sabrine ZAHRAN
Avec la multiplication des supports numériques, de plus en plus de revendeurs de drogues du Jura utilisent les réseaux sociaux pour trouver des consommateurs. De nouveaux outils de communication contre lesquels la police et la gendarmerie luttent au quotidien.
Les trafiquants de drogues ont de nouveaux outils de communication : des applications comme Snapchat ou le site Coco.fr. La première a pour but premier d’envoyer des photographies éphémères (qui disparaissent une fois ouvertes) et permet de poster des « Stories » qui durent 24 heures. Coco est un « chat » en ligne sur lequel on peut rencontrer des personnes du département où l’on vit. Ces supports sont devenus des moyens de communication pour les revendeurs de drogues.
Des promotions pour vendre du cannabis
Au tribunal correctionnel de Lons-le-Saunier, plusieurs affaires jugées dernièrement mentionnaient Snapchat. Les dealeurs s’en servaient pour faire de la promotion pour des produits stupéfiants illégaux, cannabis en tête.
Un homme de 20 ans a été jugé pour des faits de violence sur un homme qui vendait de la drogue pour lui. Les deux s’étaient contactés via Snapchat et la vente de produits stupéfiants devait ensuite s’effectuer via ce même réseau. Une perquisition qui a eu lieu à son domicile n’a rien donné. Il n’a pas voulu non plus dévoiler où et par qui il se fournissait en drogues, par peur des représailles.
Snapchat, l’application la plus utilisée
Autre affaire, même histoire. À Lons-le-Saunier, un père de famille a été jugé récemment pour un trafic de stupéfiants. Il vendait de la drogue via Snapchat, où il postait des « Stories » avec des liasses de billets. Il en profitait également pour faire des promotions afin de vendre de la résine de cannabis.
Les applications sont devenues un nouvel outil de communication pour les revendeurs de drogues. Le phénomène prendrait-il de l’ampleur dans le Jura ?
« Oui », confirme Patrick Marchal, policier investigateur en cybercriminalité. « Dans le Jura, nous avons un décalage par rapport aux grandes agglomérations où ce système est déjà démocratisé. On voit qu’il y a une augmentation de ce genre de ventes à Lons-le-Saunier, depuis deux ou trois ans », explique-t-il.
En langage policier, le « Ubershit »
Cette nouveauté s’appelle en langage policier, le « Ubershit ». Uber, du nom de la marque de services de transport et « shit », comme la résine de cannabis en langage courant. « C’est de la vente très ponctuelle via les réseaux sociaux, avec des rendez-vous pris en messages privés. Snapchat étant l’application la plus utilisée. Les trafiquants utilisent beaucoup les réseaux pour livrer leurs marchandises », explique Patrick Marchal.
Le policier dispose de différents logiciels pour lui permettre l’analyse des supports numériques. D’autres policiers sont également formés afin de réaliser des infiltrations, des enquêtes sous pseudonyme. Avec un objectif : localiser les criminels et les prendre en flagrant délit.
Les réseaux sociaux sont devenus les nouveaux outils sur lesquels les enquêteurs en cybercriminalité doivent travailler. Mais « in fine, il faut toujours une rencontre physique entre les gens pour remettre le produit stupéfiant », assure le procureur de la République du Jura.
Source : Leprogrès.fr