Les contrevenants seront punis en conséquence, a décrété le chef suprême des Talibans, Hibatullah Akhundzada.
La charia en Afghanistan, pays dominé par les talibans, interdit désormais la culture de cannabis, ainsi qu’une longue liste d’autres libertés fondamentales.
L’Express-Tribune rapporte que le chef suprême des talibans, Mawlavi Hibatullah Akhundzada, a publié un décret à Kaboul, en Afghanistan, interdisant la culture du cannabis dans tout le pays. Le décret a été publié le 19 mars. Si une personne est surprise en train de cultiver du cannabis, l’exploitation sera détruite et les contrevenants seront punis conformément à la charia.
« La culture est totalement interdite dans tout le pays et si quelqu’un la pratique, la plantation sera détruite. Les tribunaux ont également reçu l’ordre de punir les contrevenants conformément aux lois de la charia », a déclaré M. Akhundzada.
Qui est Akhundzada ? Le 17 février 2023, CBS News a rapporté qu’Akhundzada avait essentiellement ramené l’Afghanistan à « l’âge de pierre », avec l’une des interprétations les plus draconiennes de la charia. En l’espace de deux ans, il a de nouveau exclu les femmes des écoles du pays. Même le ministre de l’intérieur par intérim des talibans, Sirajuddin Haqqani, a critiqué la soif de pouvoir d’Akhundzada.
Quelles sont les peines prévues par la charia ? Les « crimes » d’apostasie, de révolte, d’adultère, de calomnie et d’alcool sont passibles d’amputation des mains et des pieds, de flagellation et/ou de mort. Ces peines s’appliquent également aux femmes dont le corps et les cheveux sont découverts.
Le commerce du cannabis (et de l’opium) aurait « alimenté le militantisme » en Afghanistan avant l’arrivée au pouvoir des talibans en 2021. Après le 11 septembre 2001, les insurgés afghans n’ont jamais abandonné, pendant plus de 20 ans.
Le 14 avril 2021, le président Joe Biden a annoncé que les troupes restantes en Afghanistan seraient retirées au plus tard le 11 septembre 2021, 20 ans après le 11 septembre. Par la suite, quatre présidents n’ont pas réussi à dissoudre les talibans. Mais après l’annonce du retrait, l’armée talibane est immédiatement entrée en action et a pris la capitale, Kaboul, le 15 août 2021, provoquant l’effondrement du gouvernement. Les talibans ont annoncé leur contrôle environ un mois plus tard.
Le cannabis en Afghanistan
La culture du cannabis est loin d’être un phénomène clandestin limité en Afghanistan.
Pour rappel, le cannabis reste l’une des cultures les plus produites par les agriculteurs du pays. L’Afghanistan « est le deuxième pays le plus fréquemment signalé comme étant à l’origine de la résine de cannabis saisie dans le monde, représentant 18 % de tous les rapports sur le principal « pays d’origine » au cours de la période 2015-2019″, a rapporté l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNDOC) en 2021. Seul le Maroc fait état d’un plus grand nombre de saisies de résine de cannabis.
Entre 10 000 et 24 000 hectares de cannabis sont cultivés chaque année en Afghanistan, avec des opérations majeures dans 17 des 34 provinces, a rapporté l’ONUDC en 2010.
Il y a deux poids, deux mesures si l’on considère ce que les talibans ont fait par le passé. Avant que les talibans ne reprennent le pouvoir en 2021, les militants auraient « siphonné des millions de dollars » provenant des cultivateurs d’herbe et des contrebandiers qui expédient le cannabis.
Plus hypocrite encore, les talibans ont prétendu s’être associés à une entreprise de cannabis médical en 2021.
Le directeur de presse des talibans, Qari Saeed Khosty, a affirmé qu’un contrat avait été signé entre le gouvernement et une entreprise de cannabis appelée Cpharm pour mettre en place un centre de traitement du cannabis d’une valeur de 450 millions de dollars en Afghanistan, et que l’installation serait « opérationnelle dans les jours à venir ». La nouvelle a fait le tour du monde et a été reprise par des médias tels que le Times of London.
Elle a également coïncidé avec un rapport du Pajhwok Afghan News Service afghan selon lequel des représentants de l’entreprise ont rencontré des responsables de la lutte contre les stupéfiants au ministère de l’intérieur pour discuter de la production de médicaments et de crèmes.
Cpharm Australia, la première entreprise citée dans la presse comme étant impliquée dans l’accord, a par la suite réfuté cette affirmation, selon Reuters.
Pour l’instant, la culture du cannabis est interdite à toute autre personne dans le pays.