Le pays est encore très loin du compte mais la ganja sacrée de l’hindouisme pourrait lui offrir de belles perspectives.
En Inde, des centaines de variétés de cannabis sauvage poussent un peu partout. La plante, que l’on appelle ici «Vijaya», est citée dans le Veda hindou et utilisée lors de cérémonies religieuses. Mais paradoxalement, elle n’est pas vraiment légalisée.
Alors que de plus en plus d’États ont mis fin à sa prohibition, le statut légal du cannabis en Inde demeure complexe. Son usage récréatif est interdit depuis 1985 –mais le seul État du Madhya Pradesh en produit 240 tonnes par an.
Consommer du cannabis est donc illégal, mais sa production ne l’est pas toujours en raison de l’utilisation de la plante lors de festivals religieux ou dans la médecine traditionnelle.
Dans l’hindouisme, la plante est sacrée –c’est même le plat préféré de Shiva, dieu de la destruction. Lors de festivals religieux comme Holi («fête des couleurs»), on consomme des boissons contenant du «bhang» (feuilles ou graines de cannabis), comme on l’appelle ici. Quand on ne le fume tout simplement pas.
Dans des lieux considérés comme sacrés tels que Varanasi, Rishikesh ou Pushkar, des personnes sont donc autorisées à vendre du «bhang» pour la médecine traditionnelle ou un usage religieux.
Vers la légalisation de la production
En revanche, le fruit et la fleur de la plante («ganja») sont interdits à la vente. Du personnel engagé par le gouvernement se charge de récolter les feuilles et les graines sur des plantes sauvages, mais la cultiver reste compliqué.
En janvier 2013, l’entreprise Boheco a été la première à se lancer sur le marché de la production de cannabis, en visant à la fois les usages médicaux, religieux et les multiples fonctionnalités de la fibre de chanvre (textile, construction…).
60% de la population indienne travaille dans l’agriculture. Pour les fondateurs de Boheco, le chanvre pourrait constituer une alternative intéressante au coton car il pousse plus vite tout en nécessitant moins d’eau et de pesticides.
Plusieurs États indiens ont récemment légalisé la culture du cannabis, à condition que le taux de THC ne dépasse pas 0,3%. Mais le chanvre sauvage indien possède souvent un taux plus élevé. Les producteurs qui utilisent des variétés locales pourraient donc se retrouver dans l’illégalité.
Sans doute appâtées par les bénéfices économiques réels de la libéralisation dans des pays comme le Canada ou les États-Unis, les autorités semblent de moins en moins réticentes à la perspective d’une légalisation élargie.
L’usage purement récréatif de la plante restant pour le moment prohibé, le légaliser constitue un préalable indispensable au développement d’un véritable marché du cannabis, qui pourrait à terme peser jusqu’à 638 millions d’euros.