C’est une saisie record qu’on fait les douaniers indiens : près de 3 tonnes d’héroïne venue d’Afghanistan. Mais c’est le parcours de cette drogue qui effare.
Direction l’Inde se matin pour une saisie record de drogue.
Tout est démesuré dans cette opération de police !
On a appris hier que les douaniers indiens avaient saisi le 15 septembre dans un port du Gujarat, à l’ouest du pays, près de 3 tonnes d’héroïne en provenance d’Afghanistan.
Valeur marchande de ces deux containers remplis à ras bord : 200 milliards de roupies indiennes, c’est-à-dire près de 2 milliards et demi d’euros ! C’est simple : jamais les Indiens n’avaient saisi pareille quantité pour un tel montant.
Mais, plus encore que cet incroyable butin, c’est le parcours de ces containers qui effare. Leur provenance n’est pas une surprise : l’Afghanistan produit l’essentiel de l’héroïne mondiale. Mais ce chargement a aussi transité par l’Iran…
L’Iran a désespérément besoin de devises
Le chargement est parti du port de Bandar en Iran. Un port militaro-industriel d’où rien de sort, ni ne rentre sans que le régime ait donné son accord ou soit au courant. Encore moins trois tonnes d’héroïne.
Par ailleurs, selon l’ONU, l’Iran est le pays qui consomme le plus d’opiacés au monde : 3% de sa population en consomme régulièrement, voire quotidiennement. C’est deux fois plus que la France, par exemple.
Donc, une bonne partie de cette héroïne importée reste en Iran pour les 5 à 6 millions d’addicts iraniens à l’héroïne. Par ailleurs, l’Iran sous sanctions américaines a soif de devises. On l’a vu : un container, un milliard d’euros. La tentation est très forte, même pour un régime « islamique ».
Les Talibans veulent éradiquer la culture du pavot
C’est vrai que le 18 août – c’est-à-dire trois jours à peine après la prise de Kaboul – le porte-parole des Talibans, Zabiullah Mujahid, expliquait devant un parterre de journalistes internationaux que le nouveau régime interdirait le trafic de stupéfiants.
Or, il se trouve que l’essentiel de l’opium afghan est produit dans le sud de la région de Kandahar, c’est-à-dire en plein cœur du pays taliban. Les paysans ont, donc, reçu l’ordre de cesser de planter le pavot. Seulement voilà : il y a les déclarations et la réalité.
L’interdiction talibane a suffi a faire exploser du prix de l’opium, qui est passé de 70 à 200 dollars le kilo en 10 jours !
L’effet d’aubaine a dû – comme pour l’Iran – l’emporter sur les règles morales de la charia, surtout que les Talibans ont eux-aussi un besoin urgent de devises. Ils restaient des stocks, autant les écouler.
L’Inde envoie un message aux régime des talibans
A priori, l’Inde n’est que le pays de destination de cette drogue. Reste que l’Inde a beaucoup attendu avant de rendre publique cette saisie record : probablement parce que New Delhi a voulu prendre le temps d’arrêter une réponse à la hauteur de cette saisie :
Il faut savoir que le retour des talibans au pouvoir est une catastrophe pour l’Inde : les talibans étant les alliés de l’ennemi Pakistanais. En quelques jours l’Inde a donc perdu vingt ans d’investissements financiers, politiques et économiques, dans le sillage des Occidentaux.
Mais en privant aujourd’hui les Talibans des revenus de l’héroïne, elle envoie un message clair à Kaboul : l’avenir de l’Afghanistan se fera peut-être sans nous et mais certainement pas contre nous !
Source : Franceinter.fr