Il est consternant d’entendre Manon Aubry, figure de la gauche, réitérer des lieux communs* sur le « fléau des drogues » sans jamais aller au bout de l’analyse ou proposer des solutions réalistes. Sa dernière intervention, sur CNews et dans un tweet, illustre un manque flagrant de compréhension des enjeux liés à la consommation de drogues et au narcotrafic en France. Alors que le pays s’enfonce dans l’impasse de la prohibition, elle préfère s’en tenir à des mesures inefficaces et éculées.
Il faut une stratégie globale de lutte contre le trafic de drogue.
Assez d’idéologie, la France est le 1er consommateur de cannabis malgré sa politique du tout répressif.
Renforçons les contrôles aux douanes, accompagnons les consommateurs et démantelons les réseaux. pic.twitter.com/Gaf4ICIMGs
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) December 13, 2024
Via Police Contre la Prohibition : C’est quand même dingue d’entendre Manon Aubry dérouler un baratin affligeant de banalité – le « fléau des drogues », lutter contre le trafic (comme si ce n’était pas une évidence), confusion usage/addiction – et éluder la #dépénalisation de l’usage de #stupéfiants et la #légalisation du #cannabis.
Le fléau, c’est la prohibition, pas les drogues
Lors de son passage sur CNews, Manon Aubry dénonce à raison les drames liés au narcotrafic. Mais elle rate l’essentiel : ce n’est pas la consommation de drogues qui est un fléau, mais les conséquences directes de leur prohibition. L’interdiction nourrit la violence, enrichit les mafias et pousse les consommateurs dans la clandestinité. Continuer à associer usage et addiction revient à entretenir un mythe qui stigmatise les usagers, au détriment de politiques de santé publique efficaces.
Un énième plaidoyer pour le « tout-répressif » déguisé
Dans son tweet, Manon Aubry appelle à « renforcer les contrôles aux douanes, accompagner les consommateurs et démanteler les réseaux ». Elle élude complètement la question centrale : pourquoi la France persiste-t-elle dans une politique du tout-répressif, alors qu’elle est la première consommatrice de cannabis en Europe ? Sa réponse est un cocktail d’évidences banales et d’éléments de langage qui ne remettent en rien en cause les fondements criminogènes de la prohibition.
L’absence d’une vision courageuse
La gauche devrait être à l’avant-garde d’un débat dépassionné et informé sur les drogues. Or, Manon Aubry s’aligne sur un discours convenu qui trahit une absence totale de convictions réformatrices. Répéter que le trafic de drogue est un problème – comme si personne ne le savait – sans aborder les solutions structurelles, comme la légalisation du cannabis et la dépénalisation de l’usage des stupéfiants, est une faute politique. Les pays qui ont adopté des politiques réalistes montrent que réguler le marché et accompagner les usagers sont les seules solutions viables pour réduire les nuisances associées aux drogues.
Un pragmatisme urgent et nécessaire
Ce que nous attendons de responsables politiques comme Manon Aubry, c’est une approche empreinte de pragmatisme, fondée sur les faits.
- Décriminaliser l’usage pour mettre fin à la stigmatisation des usagers.
- Légaliser le cannabis pour assécher les marchés criminels et protéger les jeunes.
- Investir massivement dans la réduction des risques et l’accompagnement des personnes en situation de dépendance.
Les associations, les chercheurs, et même des policiers engagés contre la prohibition le répètent depuis des années : les dogmes actuels sont inefficaces et meurtriers. Il est temps que la gauche assume un rôle moteur dans ce combat.
Le CIRC en première ligne
Depuis des décennies, le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC) dénonce les ravages de la prohibition et milite pour une légalisation basée sur les libertés individuelles, la santé publique et la justice sociale. Le CIRC s’insurge contre ces discours stériles qui perpétuent les échecs du passé. Nous rappelons que ce sont les politiques prohibitionnistes, et non les consommateurs, qui portent la responsabilité de la violence liée au trafic.
Madame Aubry, le courage politique vous appelle
Manon Aubry se présente comme une porte-parole des opprimés. Mais ses propos sur les drogues trahissent un manque de courage face à une des plus grandes injustices de notre époque : la criminalisation des usagers. Si la gauche refuse de porter la voie de la réforme, qui le fera ?
*: Un lieu commun est une banalité. Cette locution péjorative désigne des idées reçues, une réflexion sans originalité aucune…
Lire aussi :
La guerre contre les drogues est un échec, il faut changer de cap
Réponse du CIRC aux propos de Bruno Retailleau
Il est temps de mettre fin aux méfaits de la prohibition
Bilan de la prohibition : corruption à tous les étages et une addition criminelle
Une prohibition criminogène à l’origine de la violence liée au narcotrafic
Légalisation du cannabis en France : il est temps de tourner la page de la prohibition !