Les dangers du nouveau Code de la route italien pour les usagers de cannabis à usage thérapeutique
Le 14 décembre prochain, entreront en vigueur les nouvelles dispositions du Code de la route italien, adoptées définitivement par le Parlement le 29 novembre après plusieurs mois de débats et d’amendements. Parmi les modifications les plus controversées figure l’élimination de la condition préalable d’état d’altération psychophysique pour sanctionner la conduite sous l’emprise de substances stupéfiantes. Désormais, un simple test antidrogue positif suffira pour suspendre le permis, sans preuve que le conducteur était sous l’effet de la substance au moment des faits.
Une mesure controversée et discriminatoire
Cette disposition a suscité une vive opposition, notamment en raison de son caractère disproportionné et discriminatoire par rapport à l’alcool, pour lequel des seuils de tolérance existent. En l’état, les tests de dépistage de drogues ne tiennent pas compte des traces résiduelles de substances comme le THC, qui peuvent rester dans le corps plusieurs jours après consommation sans effet actif. Ainsi, un consommateur ayant utilisé du cannabis à des fins thérapeutiques ou récréatives plusieurs jours auparavant pourrait se voir sanctionné, bien que parfaitement apte à conduire.
Des systèmes de dépistage incohérents
Antonella Soldo, coordinatrice de l’association Meglio Legale et membre du conseil général de l’Association Luca Coscioni, a également mis en lumière un problème majeur : la police et les carabiniers utiliseront des systèmes de détection différents. Cette disparité pourrait entraîner des résultats contradictoires en fonction de l’organisme effectuant le test, faute de critère unique de référence. De plus, la possibilité de soumettre un conducteur à un test sur simple présomption (œil rouge, par exemple) renforce une culture du soupçon et alimente la criminalisation des consommateurs.
Impact sur les usagers de cannabis à usage thérapeutique
Le nouveau cadre législatif inquiète particulièrement les patients utilisant du cannabis à usage médical, légalement prescrit. Rien dans les dispositions actuelles ne prévoit d’exception pour ces consommateurs, qui risquent d’être assimilés à des usagers récréatifs. Bien que le vice-Premier ministre Matteo Salvini ait déclaré que ces patients ne devraient pas être concernés, aucune clarification officielle n’a été apportée. À ce jour, aucun décret exécutoire ne prévoit de ligne directrice spécifique pour les protéger.
Le risque accru de faux positifs
Guido Mannaioni, président de la Société italienne de toxicologie, a averti que certains médicaments comme les antidépresseurs ou les antidouleurs courants (par exemple, l’ibuprofène) peuvent produire des résultats faussement positifs aux tests de dépistage. Ces tests préliminaires, souvent imprécis, devraient impérativement être complétés par des analyses plus poussées pour éviter des sanctions injustes.
Une menace pour les libertés fondamentales
Ce renforcement des contrôles antidrogue s’inscrit dans un contexte plus large de durcissement des politiques de prohibition. Les nouvelles règles élargissent considérablement la population à risque d’être sanctionnée, même en l’absence de consommation récente ou d’altération des capacités de conduite. Les associations, comme la Tutela Pazienti Cannabis Medica, ont déjà adressé des lettres au président de la République et aux ministères concernés pour demander des réformes et des garanties afin de protéger les usagers légitimes.
Soutien aux camarades italiens
Cette situation met en lumière l’urgente nécessité de décriminaliser le cannabis et de réviser les politiques de prohibition, qui continuent de stigmatiser les consommateurs et de menacer les libertés individuelles. Le CIRC exprime sa solidarité avec les associations italiennes et soutient leurs efforts pour exiger des mesures équitables et une législation fondée sur la science et les droits humains.
Nous encourageons nos camarades italiens dans leur lutte et appelons toutes les associations et forces progressistes à se tenir informées et à soutenir les actions locales pour combattre ces politiques régressives.
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