Avec la légalisation de la marijuana dans plusieurs États américains, la question commence à se poser.
Avec l’alcootest, c’est facile. Vous avez trop bu, vous vous risquez à prendre le volant, vous êtes arrêté·e, vous soufflez dans le ballon, vous êtes dans de beaux draps. Quand il s’agit de cannabis, c’est tout de suite plus compliqué.
La marijuana a beau être légale dans trente-quatre États américains et dans la capitale des États-Unis, conduire après avoir fumé peut tout de même envoyer au poste. Sa consommation affecterait le temps de réponse au volant et les performances motrices de la personne qui conduit. Mais à l’heure actuelle, aucun outil ne permet à la police de mesurer de façon fiable si la personne est complètement stone et dans l’incapacité de conduire.
Certes, il est tout à fait possible de savoir si quelqu’un a consommé du cannabis dans les jours précédents, ce qui n’est pas illégal dans ces États. Il est en revanche difficile de savoir si on a fumé un pétard il y a une heure ou dans la journée, ce qui affectera de façon complètement différente les performances motrices. C’est là qu’est toute la nuance.
Start-ups, scientifiques et universitaires se succèdent pour être en première ligne à proposer ce qui pourrait ressembler à un alcootest du cannabis, qui mesurerait l’état de défonce.
Quand certain·es cherchent à développer une application sur smartphone pour tester si les facultés sont affaiblies par cette consommation récente, d’autres imaginent utiliser la réalité virtuelle pour mettre en place un test de sobriété basé sur l’analyse des mouvements oculaires.
Mais au vu des dernières recherches, on se rapprocherait plutôt d’un testeur qui passerait au crible les minuscules particules de THC dans l’haleine, où elles peuvent être présentes pendant deux à trois heures. C’est le cas de l’appareil inventé par Hound Labs, une société en passe de créer le premier alcootest à alcool et THC.
La question de la défiance
Pour autant, selon un article de CNN, des scientifiques américain·es appelleraient à ce que ces technologies ne détectent pas seulement si la personne est positive à la marijuana, mais également si elle est en état, ou non, de prendre le volant.
Ces demandes s’appuient sur le fait que les composés du cannabis, notamment le THC, ne se comportent pas comme l’alcool dans le corps. L’alcool ralentit le système nerveux, alors que la marijuana aurait une interaction complexe avec le système endocannabinoïde du corps, et ses effets peuvent être immédiats ou retardés selon le type de cannabis, la manière et la fréquence à laquelle il est consommé.
«Sous l’influence du cannabis, les signes (yeux rouges, pouls élevé, etc.) ne sont pas nécessairement la preuve d’une déficience», estime David Randall Peterman, analyste des transports du Service de recherche du Congrès, dans un rapport de mai 2019 sur la consommation de cannabis et la conduite.
«Sur la base des connaissances actuelles, il n’est pas possible de déterminer un taux limite de marijuana correspondant à la capacité d’une personne à prendre le volant», ajoute-t-il. De plus amples recherches scientifiques devraient à l’avenir éclairer sur ce taux de défonce à partir duquel il serait dangereux de conduire.
Source : Slate.fr