Le 20 janvier prochain, Elon Musk, patron de X, sera ministre de Donald Trump. Le CIRC quittera X avec de nombreux autres comptes ce jour-là. Voici pourquoi.
Une plateforme qui n’était déjà qu’un outil capitaliste
Soyons clairs, X (anciennement Twitter) n’a jamais été autre chose qu’un outil capitaliste parmi d’autres. Ni pire, ni meilleur que Facebook ou Instagram, X était un espace parmi les nombreux réseaux marchands que le CIRC utilisait pour diffuser ses messages.
Cependant, avec l’élection de Donald Trump et la future nomination d’Elon Musk, X est devenu le symbole d’un système qui encourage la désinformation, la haine et la manipulation. La décision de partir avec le mouvement #HelloQuitteX s’impose donc comme un acte nécessaire et symbolique.
La bataille culturelle : utiliser les outils de l’ennemi
Les réseaux sociaux capitalistes sont des ennemis. Mais dans une bataille culturelle et médiatique inégale, il est parfois stratégique d’utiliser les armes de l’ennemi contre lui. En tant qu’association militante, nous avons besoin de visibilité pour sortir de l’entre-soi militant, bouleverser le débat public et contrer les rapports de force imposés par l’extrême droite et la droite extrême, aujourd’hui aux commandes en France et dans les médias.
C’était l’objectif de notre présence sur X jusqu’à présent. Mais ces derniers mois, les conditions se sont radicalement détériorées :
- Fermetures massives de comptes.
- Hausse exponentielle des contenus de désinformation et de haine.
- Chute de l’audience : X représente aujourd’hui moins de 1 % du trafic vers notre site.
Pourquoi quitter X et rester sur d’autres réseaux comme Facebook ou Instagram ?
Facebook, bien qu’ancré dans des logiques capitalistes, reste une plateforme stratégique pour notre militantisme. Son algorithme favorise la création de communautés et la fidélisation des abonnés, ce qui correspond davantage à nos objectifs. À l’inverse, bien que nous ayons un compte Instagram, nous ne l’utilisons plus depuis longtemps, car ce réseau, plus centré sur le visuel, n’est pas adapté à notre approche actuelle.
Ces plateformes offrent des outils et une audience permettant une plus grande visibilité à nos messages. Contrairement à X, où la polarisation et les contenus réactionnaires dominent, nous conservons une marge d’action plus significative sur ces réseaux, notamment dans le partage de contenu éducatif et mobilisateur.
Mais ces choix ne sont pas sans questionnements. Mark Zuckerberg, patron de Facebook et Instagram, a lui aussi montré des positions ambiguës, notamment en laissant planer un soutien tacite à Donald Trump. Les récentes orientations de Meta, la maison-mère, nous préoccupent tout autant. Toutefois, ces réseaux conservent une utilité stratégique temporaire : leur audience reste un levier pour amplifier nos luttes dans un contexte où la parole militante est marginalisée.
L’effondrement de notre présence sur X
Avant l’arrivée de Musk à la tête de la plateforme et les élections américaines, notre compte X comptait plus de 6 000 abonnés (abonnements inclus). Depuis, cette communauté a brutalement diminué, avec la fermeture de nombreux comptes politiquement orientés à gauche et un faible taux d’interaction sur notre site internet. L’audience provenant de X représente désormais moins de 1 % de notre trafic. Cela soulève une question : à quel prix devons-nous accepter de rester visibles sur cette plateforme ?
X : un symbole de fake news et de polarisation
X est devenu le symbole d’un système où nos informations se noient dans un flot de désinformation et de contenus extrémistes. Nous ne souhaitons plus alimenter cette machine à fake news, où la production de contenu intelligent ne ferait qu’ajouter de la crédibilité à cette plateforme.
Une plateforme toxique pour la santé mentale
X favorise des pratiques de confrontation plus que de débat. Les algorithmes favorisent la tension, la violence et l’attaque directe. Le réseau encourage des comportements malsains, comme le doxxing et expose ses utilisateurs à des harcèlements constants. Cette dégradation de l’argumentation nuit gravement à la santé mentale de ses utilisateurs.
Musk : un pouvoir absolu sur X
Depuis le rachat par Musk, X est devenu une entreprise extrêmement verticale. Musk peut désormais décider seul de ce qui est permis ou non sur la plateforme, qu’il s’agisse de fermer des comptes antifascistes ou de réactiver des comptes incitant au coup d’État. Accepter de rester sur ce réseau, c’est valider ce pouvoir autoritaire.
Les alternatives existent
Le CIRC a également exploré d’autres réseaux comme Bluesky, Mastodon et UCN où la modération se révèle bien plus respectueuse et moins nuisible, démontrant qu’il existe des alternatives viables à X.
Dans cette même optique, le CIRC prévoit d’explorer d’autres pistes, privilégiant des solutions alternatives, éthiques et respectueuses de nos données, tout en s’opposant à l’internet marchand. Parmi ces options figurent Diaspora, un réseau social décentralisé, Signal, une messagerie sécurisée, et JoinPeerTube, une plateforme vidéo libre et fédérée. Ces initiatives s’inscrivent dans notre démarche de cohérence avec nos valeurs de transparence, de protection des droits numériques et de lutte contre la marchandisation des espaces en ligne.
L’homme derrière X : Elon Musk
Musk, après être devenu l’homme le plus riche du monde, va désormais assumer un rôle politique majeur aux côtés de Donald Trump. En tant que « ministre de l’efficacité gouvernementale », il s’attaque aux services publics et impose une logique marchande sur les formes de solidarité. En restant sur X, nous contribuons à renforcer son pouvoir.
L’action symbolique : quitter X
En quittant X, nous espérons affaiblir une entreprise propagandiste et influencer le cours des choses. Si nous parvenons à un mouvement mondial massif avec #HelloQuitteX, nous pourrions perturber ce système. Et même si cela n’a pas d’impact immédiat, cette action symbolique est un pas important.
Une bataille à long terme
Quitter X ne suffira pas à résoudre tous les problèmes. Dans un monde idéal, nous serions majoritairement lus sur notre site, indépendant des plateformes privées. Mais dans le monde actuel, il est impératif de soutenir les médias indépendants, de les partager et de les promouvoir sur d’autres canaux. Soutenez le CIRC !