Pourquoi persister dans une politique inefficace et criminogène, quand des alternatives justes et pragmatiques existent ?
Un isolement déconcertant dans un contexte mondial en mutation
Alors que de plus en plus de pays, tant en Europe qu’à travers le monde, adoptent des politiques de légalisation ou de dépénalisation des drogues, la France persiste dans un statu quo désuet. Avec des peines théoriquement sévères pour usage de stupéfiants, et des discours culpabilisants de ses dirigeants, la France apparaît comme l’un des derniers bastions de la prohibition en Europe de l’Ouest.
Cette posture, en complet décalage avec les réalités contemporaines, illustre un refus obstiné d’aborder les drogues autrement que par le prisme répressif. Pendant que des voisins comme l’Allemagne légalisent le cannabis et mettent en place des cadres réglementés pour d’autres substances, la France préfère stigmatiser ses usagers et ignorer l’inefficacité avérée de la prohibition.
Un héritage colonial et moraliste qui pèse encore aujourd’hui
La politique française en matière de drogues puise ses racines dans un mélange de colonialisme, de moralité conservatrice et de peur irrationnelle. Le cannabis, par exemple, a longtemps été diabolisé en France en raison de ses liens historiques avec les populations colonisées d’Afrique du Nord. À cela s’ajoutent des discours paternalistes et culpabilisants, hérités d’une époque où toute modification de l’état de conscience était considérée comme immorale.
Cependant, ces perceptions sont dépassées. La consommation de psychotropes n’est ni un fléau moral ni un problème exclusivement criminel. Elle est une réalité humaine universelle, présente dans toutes les sociétés et époques, et qui mérite une gestion éclairée et humaniste.
Prohibition : une politique criminogène et inefficace
Le maintien de la prohibition ne protège ni les citoyens ni la société. Bien au contraire, il alimente les réseaux criminels, enrichit les trafiquants et fait peser des risques accrus sur les consommateurs. En France, comme ailleurs, le marché noir prospère grâce à l’illégalité de la production et de la distribution. Cette économie souterraine engendre des violences et échappe à toute régulation.
Au lieu de s’attaquer à ces causes profondes, les politiques actuelles se contentent de multiplier les dispositifs répressifs, sans jamais en mesurer l’impact réel. Pourtant, l’expérience de pays ayant légalisé montre qu’un cadre légal et contrôlé permet non seulement de réduire le marché noir, mais aussi de garantir une meilleure qualité des produits et une réduction des risques pour les consommateurs.
Ce que défend le CIRC : des solutions pragmatiques et humaines
Face à cette situation, le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC) propose des alternatives concrètes et adaptées :
- Légalisation complète avec régulation locale :
Mettre en place une production nationale gérée au niveau local, avec une distribution contrôlée par des « cannabistrots » et des Cannabis Social Clubs (CSC). Ces lieux, déjà présents dans plusieurs pays, permettent une consommation responsable et communautaire. - Droit inaliénable à l’autoproduction :
Chaque citoyen doit pouvoir cultiver ses propres plantes à usage personnel, une liberté individuelle qui s’oppose à toute logique de monopole d’État ou de privatisation abusive. - Réduction des risques et accès au soin :
Remplacer la criminalisation des usagers par une véritable politique de santé publique. Cela passe par des campagnes d’information, des lieux de consommation encadrée et un accès facilité aux soins pour les personnes souffrant de dépendance. - Revoir la fiscalité :
Plutôt que de laisser les mafias engranger des milliards, la régulation des substances permettrait de générer des recettes fiscales importantes, réinvesties dans des programmes de prévention et de réduction des risques.
L’aveuglement politique : un frein à l’évolution sociale
Malgré les évidences scientifiques et les expériences réussies à l’étranger, les dirigeants français restent figés dans un discours alarmiste et déconnecté. Loin de reconnaître l’échec patent de la prohibition, ils continuent de criminaliser les usagers et de renforcer la stigmatisation.
Cette posture est non seulement inefficace mais également contraire aux droits fondamentaux. En refusant d’ouvrir le débat sur une légalisation encadrée et responsable, la France maintient un système qui criminalise des comportements individuels sans réel danger pour la société, tout en occultant les véritables problèmes de santé publique.
Une opportunité manquée pour un changement historique
En persistant dans sa voie répressive, la France rate une occasion cruciale de se positionner en leader européen sur les questions de régulation des drogues. Il ne s’agit pas seulement de légaliser pour s’aligner sur les voisins, mais de repenser profondément la gestion des psychotropes dans une optique pragmatique, humaine et efficace.
Le temps est venu de dépasser les peurs irrationnelles et les discours moralisateurs pour construire une politique des drogues qui protège, informe et responsabilise. La prohibition n’a fait qu’aggraver les problèmes ; il est urgent d’en finir.
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