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La journaliste Regina Martínez enquêtait sur les narcos et la corruption des politiques et des policiers. Elle a été assassinée en 2012, officiellement suite à un cambriolage. Une version mise à mal.
Depuis 2000, 119 journalistes ont été assassinés au Mexique, qui est l’un des pays le plus dangereux au monde pour les journalistes.
Une journaliste obstinée
« Ce que la presse locale n’osait pas publier était publié via Regina Martínez », résume Jorge Carrasco, le directeur de Proceso, journal d’investigation pour lequel Regina Martínez était correspondante depuis 2000. L’État du Veracruz, Regina Martínez en connaissait chaque village. C’était une femme du pays, née au sein d’une famille modeste de onze enfants. Après des études en journalisme, elle se lance en 1980 comme reporter pour une chaîne de télévision locale. Rapidement, elle comprend qu’une grande partie des journalistes sont payés par le pouvoir pour publier des informations qui leur sont favorables.
Celle que ses amis surnomment “la chaparrita” -“la petite”- en référence à sa taille d’1m50, dénote dans la profession et s’isole peu à peu, pour se plonger dans son travail. Casanière, elle reste dans sa maison des heures le week-end à écrire en enchaînant les cigarettes ou à s’occuper de ses plantes bien aimées. Norma Trujillo, son amie de longue date et journaliste à Xalapa garde le souvenir d’une femme hyperactive et passionnée. « Son travail c’était sa vie. Elle s’intéressait beaucoup aux conflits sociaux, aux violations des droits de l’Homme. Elle était proche des gens. C’était sa force. »
En 2007, elle dénonce les exactions de l’armée qu’elle accuse notamment du viol et du meurtre d’une femme indigène âgée de 72 ans. Son intransigeance et sa détermination l’amènent à enquêter inlassablement sur la violence et la corruption qui ravagent le Veracruz. Fidel Herrera et Javier Duarte, les deux gouverneurs successifs de l’État deviennent alors les figures centrales de ses enquêtes.
Sous leurs mandats, le Veracruz est devenu l’endroit du monde le plus dangereux pour pratiquer le journalisme. Depuis 2000, 28 journalistes ont été assassinés dans la région, 8 autres sont toujours portés disparus.
Si l’État est aussi dangereux, c’est parce que les cartels ont pu s’y implanter sans difficulté. Avec son littoral, le plus étendu du Mexique, et son vaste port international, le Veracruz représente une zone stratégique pour le trafic de drogues. L’État, qui relie le nord et le sud du pays via des routes isolées, est aussi un passage idéal pour l’extorsion des migrants. Ses montagnes isolées, au milieu d’une végétation luxuriante, en font également une planque idéale pour narcotrafiquants. “El Chapo” Guzmán, le célèbre chef du cartel de Sinaloa, y a d’ailleurs trouvé refuge lors de sa cavale.
Au début des années 2000, Xalapa, la capitale du Veracruz commence à se métamorphoser sous l’influence des cartels. Cela commence avec l’apparition de 4×4 rutilants que l’on entend vrombir de loin. Ces véhicules dénotent dans une ville où la classe aisée est surtout composée d’administratifs et d’enseignants. Des hommes jusqu’alors inconnus ouvrent des bars et des casinos. Les murs se couvrent d’affiches exhibant des femmes qui vendent leurs corps.
Ensuite une vague de violence sans précédent s’abat sur la région en 2008 lorsque les Zetas, un cartel formé d’anciens militaires, prend le contrôle de l’État tant convoité. « Il y avait des fusillades dans la rue à n’importe quelle heure de la journée pendant la période du gouverneur Fidel Herrera », se souvient Norma Trujillo. « La frontière entre les cartels et le pouvoir était floue. Les policiers ne faisaient rien pour arrêter cette violence, au contraire ils faisaient partie de ce groupe criminel. »
La bande des indésirables
À cette époque Regina Martínez prend régulièrement la plume pour accuser les gouverneurs Fidel Herrera puis Javier Duarte d’avoir laissé le territoire tomber aux mains des cartels. Elle n’hésite pas à se déplacer sur les lieux de fusillade pour révéler l’ampleur des massacres que le gouvernement local essaye de cacher. Ces articles font d’elle un élément dérangeant pour le pouvoir. En 2010, son nom apparaît sur une liste qui aurait fuité du palais du gouverneur. Cette liste recense des journalistes critiques du pouvoir et qui doivent faire l’objet de surveillance.
Deux anciens fonctionnaires ayant une longue expérience dans plusieurs administrations confirment l’existence d’une cellule d’espionnage clandestine mise en place par les autorités.
« Le gouvernement local se connectait aux lignes téléphoniques des personnes et pouvait savoir à tout moment ce qu’ils étaient en train de faire. »
Un réseau d’informateurs politiques venait également alimenter des fiches de renseignement. Ces fiches contenaient le détail, pour chaque journaliste, de ses liens familiaux, de ses relations professionnelles, de ses fréquentations mais aussi de ses affiliations politiques ou encore de ses orientations sexuelles.
Regina Martínez n’était pas seule sur cette liste noire du gouvernement. Elle faisait partie d’un petit groupe de cinq journalistes dont elle était le modèle et la professeure. L’un d’entre eux, qui préfère garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, surnommait ce groupe “la bande des indésirables” en référence aux attaques dont ils étaient victimes de la part du gouvernement.
Regina Martínez était la plus expérimentée mais aussi la plus téméraire d’entre eux. Après la publication de ses papiers, elle recevait fréquemment des coups de téléphone la menaçant de poursuites judiciaires. Face à cette situation de tension et de surveillance permanente, Regina Martínez prenait des précautions. « La Chaparrita » vivait seule et ne laissait personne rentrer chez elle. Même la « bande des Indésirables » ne passait pas le seuil de sa porte. Sa maison était son refuge. Un sanctuaire qui sera profané quelques mois avant sa mort.
En décembre 2011, alors qu’elle revient de ses vacances de Noël passées dans sa famille Regina Martínez réalise que quelqu’un s’est introduit chez elle. La maison est en ordre, seule la salle de bain est dérangée. Ses boîtes de savons neuves sont ouvertes, la pièce est encore humide comme si quelqu’un venait de se doucher, raconte la journaliste à ses amis les plus proches.
Le corps sans vie de Regina Martínez sera retrouvé quatre mois après l’effraction. Une voisine prévient la police, inquiète de voir la porte de la journaliste ouverte en pleine nuit. Regina gît sur le dos, dans sa salle de bain, la tête contre la baignoire. D’après les premières constatations, elle a été rouée de coups et étranglée avec sa serpillère.
Une enquête bâclée
Vingt-quatre heures après les faits, Amadeo Flores Espinosa, le procureur du Veracruz en charge de l’enquête s’engage : « Toutes les pistes menant à la clarification de ces événements malheureux seront explorées. »
Pour élucider l’assassinat de la journaliste Regina Martínez, une autorité fédérale est saisie. Il s’agit de la procureure Laura Borbolla. La jeune femme dirige alors le Bureau du procureur spécialisé dans la prévention des crimes commis contre la liberté d’expression (FEADLE). Cette unité spéciale a été créée en 2010 pour lutter contre l’impunité des meurtres de journalistes au Mexique. L’engagement est alors pris de la part des autorités judiciaires du Veracruz de travailler main dans la main avec la procureure.
Pour Forbidden Stories, Laura Borbolla revient pour la première fois en détail sur l’affaire Regina. La procureure est arrivée à Xalapa avec 14 officiers sous ses ordres, quatre jours après le meurtre de Regina Martínez. « Me rappeler cette affaire me met dans un tel état de colère », commence-t-elle par déclarer lors de l’interview. Pendant les vingt minutes qui suivent, elle énumère sans s’interrompre les détails d’une histoire qu’elle a tue pendant huit longues années.
Au domicile de la victime, Laura Borbolla découvre une scène de crime étrange. Elle accuse la police locale d’avoir détérioré les empreintes digitales identifiées dans la maison en appliquant une quantité excessive de poudre révélatrice. « Ce n’était pas un accident. Révéler des empreintes correctement s’apprend en première année d’études de criminologie, et cette erreur n’est pas arrivée une seule fois », affirme-t-elle. Elle parvient néanmoins à trouver deux empreintes qui n’avaient pas été relevées par ses prédécesseurs mais qui ne seront jamais identifiées. Autre élément troublant pour la procureure, il manque des objets préalablement répertoriés sur la scène de crime, notamment des bouteilles de bière. Elles ne lui seront remises que six mois plus tard, en vrac, dans un sac plastique. Les bouteilles ont été manipulées et toute analyse est impossible.
« De toute ma carrière, je n’ai jamais vu une scène de crime aussi altérée. »
Pour Laura Borbolla, il ne s’agit pas seulement d’amateurisme. Elle accuse aujourd’hui le chef de la police de l’époque, Enoc Maldonado, d’être responsable des carences de ses équipes. « D’un côté il me disait ‘bien sûr Madame la procureure, tout ce que vous voulez’. Et puis il se retournait, discutait avec les autres et leur disait de ne rien me donner. »
Le coupable idéal
C’est par la télévision que Laura Borbolla découvre qu’un suspect a été arrêté. Six mois après le début de l’enquête, Amadeo Flores Espinosa, le procureur local, avec qui elle est censée travailler, organise alors une conférence de presse pour annoncer : « Nous avons réussi à élucider le meurtre de Regina Martínez (…) Le mobile du crime est un vol.” Il précise aussi qu’un individu en détention est passé aux aveux. Le suspect est présenté aux journalistes, menottes aux poignets. Le Mexique découvre alors le visage de celui qui est d’ores et déjà désigné comme coupable : Jorge Antonio Hernández Silva, plus connu sous le pseudonyme « El Silva ».
D’après le procureur, El Silva aurait avoué s’être rendu chez Regina Martínez avec un ami, un certain José Adrián Hernández Domínguez, dit “El Jarocho”, qui aurait entretenu, selon les autorités, une relation amoureuse avec la journaliste. Une dispute aurait éclaté entre eux afin qu’elle lui révèle le lieu où elle cachait ses objets de valeur. El Jarocho l’aurait alors frappée jusqu’à lui ôter la vie avant de s’enfuir et de définitivement disparaître.
Laura Borbolla n’a jamais cru à cette thèse. Pour la procureure, la scène de crime ne ressemble pas à celle d’un vol qui a mal tourné : « Tout était en ordre. S’il s’était agi d’un vol, tout aurait été retourné. » Autre détail important relevé par la procureure : plusieurs objets de valeur n’ont pas été dérobés chez Regina Martínez, dont un lecteur CD flambant neuf, une imprimante, son sac à main et des boucles d’oreilles en or, restées en évidence sur la commode.
Le lendemain de la conférence de presse, El Silva revient sur ses aveux et déclare aux magistrats s’être accusé du meurtre après avoir été torturé pendant près d’un mois par la police. « Ils avaient une sorte de Taser pour me donner des décharges électriques, et ils l’ont mis sur ma poitrine et m’ont électrocuté. Je n’ai pas vu qui ils étaient, car ils m’avaient bandé les yeux. » Pour « El Silva », la police est responsable de sa torture. Contacté par Forbidden Stories, Enoc Maldonado a réfuté les accusations le concernant. « Le personnel de police qui est intervenu dans cette enquête a réalisé son travail conformément au droit. »
Diana Coq Toscanini, l’avocate d’El Silva, a épuisé tous les recours légaux pour sortir son client de prison. « Il a 34 ans, est porteur du VIH et va mourir. C’est le bouc émissaire idéal », indique-t-elle.
La version officielle
Forbidden Stories a eu accès au dossier judiciaire complet de l’affaire Regina. Il révèle que les empreintes digitales d’El Silva n’ont jamais été retrouvées sur la scène de crime. Le seul élément à charge contre lui consiste en un unique témoignage, celui d’un voisin de Regina Martínez, qui aurait vu El Silva et El Jarocho, se diriger ensemble vers le quartier de la journaliste. Laura Borbolla n’a jamais retrouvé ce témoin mystère, ni interrogé El Silva seule. « On ne saura peut-être jamais qui a tué Regina mais je sais qui ne l’a pas tuée », conclut la procureure qui, en poste jusqu’en 2015 à la FEADLE, a refusé de clore l’affaire. El Silva a été condamné à 38 ans de prison pour homicide aggravé et vol aggravé. Depuis, l’homme clame son innocence auprès de son avocate, la seule personne qui lui rend visite en prison.
Parmi ceux, nombreux, qui réfutent la version officielle, il y a également Jorge Carrasco, collègue de Regina Martínez et aujourd’hui directeur du journal Proceso, pour lequel elle travaillait. Après la mort de la journaliste, il a été désigné pour enquêter sur l’affaire. Après plusieurs allers-retours dans le Veracruz et des mois d’enquête, il publie, le 14 mars 2013, un article révélant les zones d’ombres de l’enquête menée par les autorités du Veracruz.
Pour lui, « la façon dont la vérité a été construite ressemble à un scénario de mauvais film ».
Immédiatement après la publication de son article, Jorge Carrasco reçoit des menaces anonymes par textos. « Arrêtez d’enquêter, si vous continuez, ils vont venir vous chercher. » Preuve du danger, Jorge Carrasco reçoit par message l’adresse de son domicile. Ces menaces stoppent net l’enquête qu’il mène, son directeur décide de l’en écarter et aucun de ses collègues ne rouvrira plus ce dossier, bien trop sensible.
Pour Jorge Carrasco, il ne fait pas de doute que Regina Martínez a été tuée du fait de son travail. « On souhaitait qu’une enquête sur le travail journalistique de Regina soit réalisée, et que ceux qui pourraient avoir été dérangés par ses publications soient identifiés. » En réponse, les autorités locales décident d’interroger les amis journalistes de Regina Martínez qui ont alors le sentiment d’être considérés comme des suspects plutôt que des témoins. Aucune des questions posées ne porte sur le travail journalistique de la victime.
Les gouverneurs corrompus
Pourtant les articles de Regina Martínez faisaient trembler la classe politique. Trois semaines avant sa mort par exemple, la journaliste participe, avec un collègue de Proceso, à la publication d’un article sur deux anciens secrétaires du gouvernement de l’État de Veracruz. L’article révèle leurs liens avec le cartel des Zetas et énumère une liste de biens mal acquis. Le lendemain de la parution, près de 3000 exemplaires du magazine Proceso disparaissent mystérieusement des kiosques du Veracruz.
Forbidden Stories et les 60 journalistes du Projet Cartel ont poursuivi les enquêtes de Regina Martínez, en s’intéressant aux personnages sur lesquels écrivait la journaliste. En premier lieu, Fidel Herrera et Javier Duarte, deux gouverneurs qui ont dirigé le Veracruz pendant plus de 12 ans.
L’élection de Javier Duarte en 2010 marque le début d’un règne de terreur pour les journalistes. Contacté par Forbidden Stories, Duarte répond à coups de tweets depuis la prison, où il purge une peine de 9 ans de prison : « Je n’ai jamais censuré la liberté d’expression ou de presse à quiconque. »
Comme Regina Martínez, seize journalistes ont été tués pendant les six années de son mandat. Malgré le danger, la journaliste enquête en 2012 sur le manque de transparence des finances de l’État ainsi que l’opacité autour du montant réel de la dette du Veracruz. Quatre ans plus tard, Javier Duarte quitte son poste de gouverneur, accusé de blanchiment d’argent. Un mandat d’arrêt international est émis contre lui et le gouverneur fuit alors au Guatemala en hélicoptère. Après six mois de cavale, il est arrêté et extradé au Mexique. Animal Político, un média d’investigation mexicain, découvre 400 sociétés-écran que Javier Duarte aurait utilisées pour détourner des fonds publics. En 2018 il est condamné à neuf ans de prison pour blanchiment d’argent et association de malfaiteurs. La peine est assortie d’une amende de 2 500 euros.
Un haut responsable de l’agence antidrogue américaine (DEA), qui a longtemps enquêté au Mexique, résume : « J’ai vu des gouverneurs au cours de mon travail impliqués dans le détournement de fonds et la violence, mais lui se tenait au-dessus de la mêlée. »
Regina Martínez, elle, ne cessait de pointer du doigt dans ses écrits, l’héritage laissé à Javier Duarte par son prédécesseur et son mentor, Fidel Herrera, un cacique du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), le parti qui a gouverné le Mexique pendant près de 70 ans.
La richesse d’Herrera est considérable selon Proceso, qui a recensé ses avoirs : un jet privé, 22 voitures, dont un véhicule blindé, des ranchs, un hôtel, un yacht. Pour justifier son enrichissement, Fidel Herrera évoque des gains à la loterie, obtenus grâce à la chance qu’il a « depuis tout petit ». Il a empoché le gros lot à deux reprises : 6,8 millions de dollars en 2008 et 3,6 millions l’année suivante.
“Zeta 1”
Regina Martinez enquêtait aussi sur les liens de Fidel Herrera avec le monde criminel. En 2011, elle écrit que la moitié de l’administration Herrera était infiltrée par le cartel de Las Zetas. Quelques mois après sa mort, la publication dans la presse d’une photo jusque-là passée inaperçue relance les soupçons de liens entre Fidel Herrera et le sulfureux cartel. Sur le cliché, daté de 2006, l’ex-gouverneur monte un cheval aux côtés de Francisco “Pancho” Colorado Cessa, un homme d’affaires soupçonné par la justice américaine de blanchir l’argent des Zetas. Les médias mexicains qui publient la photographie sont alors victimes d’intimidations et menacés de poursuites judiciaires par un proche de Fidel Herrera.
Arturo Fontes, ex-agent du FBI qui a passé 28 ans à enquêter sur les réseaux de drogue et de blanchiment d’argent au Mexique et en Colombie précise :
“Les Zetas appelaient Fidel Herrera, Zeta 1, parce que c’était lui qui dirigeait l’État.”
Si de nombreuses enquêtes ont été initiées contre lui depuis 2010, aucune n’a abouti à ce jour.
L’ex-gouverneur, âgé de 71 ans, n’a pas répondu aux mails envoyés par Forbidden Stories. Son fils, Javier Herrera Borunda a répondu que l’état de santé de son père l’empêchait de répondre aux questions envoyées.
Réouverture du dossier
L’enquête sur la mort de Regina Martínez a été refermée en 2015 par les autorités du Veracruz. Interrogé par Forbidden Stories, le 17 novembre 2020, lors de sa conférence de presse quotidienne, le président du Mexique Andrés Manuel López Obrador, s’est engagé à rouvrir l’enquête sur la mort de la journaliste si des bases légales le permettaient. Une promesse sans doute insuffisante pour briser la chape de plomb qui pèse sur le Veracruz.
Une des pistes pour essayer de comprendre la mort de Regina Martínez est celle des charniers au Vera Cruz. Chaque année de nombreuses personnes disparaissent et certaines sont retrouvées dans des charniers. Un sujet sensible sur lequel la journaliste enquêtait quelques semaines avant sa mort.
Chaque année, un jour échappe pourtant à ce silence pesant. Le 28 avril, date de l’anniversaire de la mort de Regina, Norma Trujillo organise une marche devant le Palais du gouverneur, un bâtiment dans lequel Regina n’était pas admise. Chaque année les marcheurs déposent sur la place une plaque afin de la rebaptiser : « Place Regina Martínez ». Chaque année, les autorités enlèvent la plaque. Même morte, Regina continue de déranger.
Jules Giraudat (Forbidden Stories), Arthur Bouvart (Forbidden Stories), Lilia Saúl (OCCRP), Nina Lakhani (The Guardian), Dana Priest (Washington Post), Antonio Baquero (OCCRP) et Veronica Espinosa (Proceso) ont contribué à cet article entre autres.
Source : Franceinter.fr