Dans une tribune publiée par Atlantico, le Pr Costentin s’est lancé dans une diatribe contre les politiques de réduction des risques et la légalisation du cannabis. Un texte truffé de raccourcis, d’approximations scientifiques et d’amalgames douteux. Il est temps de remettre les pendules à l’heure.
L’article intitulé « Déferlante de drogues sur la France : ces graves erreurs commises par l’État dans la lutte contre la toxicomanie » est un condensé d’amalgames, d’approximations scientifiques et d’idéologie répressive. C’est un parfait exemple de ce que peut produire un journal qui se distingue par son manque flagrant de rigueur et de travail journalistique. Ce torchon, loin de répondre aux standards d’une information fiable, témoigne de l’irresponsabilité d’un média qui se dispense de toute vérification. C’est pour toutes ces raisons, que le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC), nous nous devons de répondre à ce discours alarmiste et infondé.
Le plaisir et la liberté : des concepts trop complexes pour le Pr Costentin ?
Le Pr Costentin s’insurge contre les consommateurs qui revendiquent leur droit au plaisir et à la liberté, allant jusqu’à citer Claude Olivenstein pour déclarer qu' »il n’y a pas de drogué heureux ». Pourtant, Claude Olivenstein a mené des combats pionniers pour une approche humaine des addictions, bien loin des anathèmes lancés par le Pr Costentin.
Confondre usage récréatif et addiction est une erreur majeure. Toutes les consommations ne mènent pas à la dépendance. Des millions de personnes consomment du cannabis de manière responsable, comme d’autres consomment de l’alcool ou du café. Le plaisir n’est pas un crime, sauf peut-être dans l’univers austère du Pr Costent’inutile.
Réduire les consommateurs à des victimes pathologiques est une négation de la complexité des comportements humains et un refus d’envisager des politiques de santé publique plus efficaces. Le CIRC rappelle que la reconnaissance du droit au plaisir et à l’autonomie individuelle est essentielle pour construire des réponses pragmatiques face aux usages de substances. En persistant dans cette vision réductrice, le Pr Costentin s’inscrit dans une approche Costent’inutile, qui perpétue des politiques répressives inefficaces et dangereuses.
La réduction des risques : un succès démontré scientifiquement
Le Pr Costentin dénonce les salles de consommation à moindre risque (SCMR) et la prescription de buprénorphine comme des dispositifs qui inciteraient à la consommation. Pourtant, les études internationales sont unanimes : ces dispositifs sauvent des vies, réduisent les overdoses et limitent la propagation de maladies infectieuses.
Des rapports de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) montrent que les SCMR réduisent significativement les décès liés aux overdoses et les infections par VIH et hépatite C. La France a vu une baisse de plus de 80 % des overdoses grâce à la buprénorphine depuis son introduction.
Le Pr Costentin semble préférer l’idée de laisser les consommateurs livrés à eux-mêmes plutôt que de les accompagner vers une réduction des risques et une possible sortie de la dépendance.
Refuser ces approches, c’est non seulement condamner des milliers de personnes à des souffrances évitables, mais aussi perpétuer des politiques Costent’inutiles qui font obstacle à des solutions pragmatiques et humaines. Le CIRC rappelle que la réduction des risques sauve des vies, diminue la pression sur les services de santé et favorise l’inclusion sociale.
La prohibition : une politique criminogène et inefficace
Prôner le renforcement de la prohibition, comme le fait le Pr Costentin, c’est ignorer des décennies d’échec. Partout où la répression est dure, les marchés noirs prospèrent, la violence explose, et les consommateurs sont stigmatisés.
La légalisation réglementée du cannabis dans plusieurs pays a montré des résultats positifs : baisse de la criminalité, sécurisation des produits, augmentation des recettes fiscales, et accès à des produits contrôlés. Le Colorado, par exemple, a enregistré une baisse de 23 % des arrestations liées au cannabis depuis la légalisation, tandis que les recettes fiscales ont dépassé le milliard de dollars.
En persistant dans cette voie répressive, les autorités françaises font preuve d’un entêtement idéologique qui sacrifie la sécurité publique et la santé des citoyens. Le CIRC dénonce depuis longtemps cette politique rétrograde, inefficace et dangereuse. Il est temps de sortir de cette impasse criminogène pour adopter des solutions pragmatiques fondées sur la régulation et la prévention. Face à cet échec évident, nous devons reconnaître que la prohibition est non seulement inefficace, mais bel et bien Costent’inutile, car elle ne fait qu’entretenir les problèmes qu’elle prétend résoudre.
La stigmatisation des consommateurs : une impasse morale et sociale
Le Pr Costentin propose des amendes, des injonctions de soins, et même des internements forcés. Cette logique punitive est non seulement inefficace, mais elle déshumanise les personnes concernées. La dépendance est une pathologie et non un délit.
Quant à ses propos sur la contraception forcée des consommateurs, ils relèvent d’une dangereuse dérive eugéniste indigne d’un professionnel de santé. Ce genre de discours, rappelant des pratiques d’un autre siècle, ne fait qu’alimenter la stigmatisation et l’exclusion.
Des alternatives concrètes pour une politique plus efficace
Plutôt que de s’entêter dans une logique répressive, il est urgent d’adopter des politiques fondées sur la science et l’accompagnement. Cela passe par :
- L’élargissement des dispositifs de réduction des risques, notamment les SCMR et les programmes de substitution.
- La légalisation pragmatique du cannabis, avec un marché légal, transparent et sécurisé, accompagné d’une prévention ciblée.
- Le développement de campagnes d’information et de prévention fondées sur des données scientifiques, à destination des jeunes et des publics vulnérables.
- La formation des professionnels de santé à des approches bienveillantes et non stigmatisantes des addictions.
- La reconnaissance du droit à l’autoproduction et la création de Cannabis Social Clubs (CSC) permettant une consommation responsable et encadrée.
Le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC) milite depuis des décennies pour ces solutions pragmatiques, loin des discours répressifs et dépassés. Le CIRC défend des approches basées sur la santé publique, les libertés individuelles et la sécurité.
Désolé, Pr Costentin, mais la société avance. La science aussi. Et vos recettes d’un autre âge ne feront que renforcer les problèmes que vous prétendez combattre.
En somme, Costent’inutile reste figé dans une vision rigide et inefficace, loin des réalités humaines et des avancées scientifiques. Une posture bien peu constante pour un homme de science.
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