La nomination de Gérald Darmanin à la Justice et le maintien de Bruno Retailleau à l’Intérieur marquent une nouvelle étape dans l’escalade répressive d’un gouvernement qui s’enlise dans la même logique éculée : la prohibition comme solution miracle à l’insécurité et au narcotrafic. Ce tandem de choc – ou plutôt de choc en retour – perpétue des politiques qui ont non seulement échoué à atteindre leurs objectifs, mais ont également multiplié les conséquences désastreuses sur la société.
Un duo aligné sur la fermeté répressive
Gérald Darmanin, ministre d’État à la Justice, annonce dès sa prise de fonction une politique guidée par «la fermeté, la rapidité et la proximité». Pendant ce temps, Bruno Retailleau revendique des « garanties » pour intensifier la lutte contre l’immigration, réduire drastiquement l’immigration légale et accroître les moyens de lutte contre l’insécurité et le narcotrafic. Deux ministres, deux faces d’une même politique d’enfermement – qu’il s’agisse des prisons ou des esprits.
La prohibition : un échec criminogène
Sous couvert de lutte contre le narcotrafic, les politiques prohibitionnistes portées par Retailleau et Darmanin alimentent en réalité les mafias. En criminalisant les consommateurs et en étouffant toute tentative de régulation, la prohibition s’impose comme un formidable outil de structuration du marché noir, rendant l’État complice des violences qu’elle génère. L’ancien garde des Sceaux Dupont-Moretti avait affirmé que «le pétard du samedi soir avait le goût du sang». Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a rien trouvé de mieux pour stigmatiser les consommateurs que de reprendre à son compte ces propos – peut-être en raison de son manque de charisme. À cela, le CIRC rétorque que c’est la prohibition qui a le goût du sang, et que les véritables responsables des violences liées aux narcotrafics sont ceux qui maintiennent et défendent ce système criminogène.
Les consommateurs de cannabis, stigmatisés et traités comme des criminels, sont les boucs émissaires d’une stratégie qui refuse de voir la réalité en face : ce n’est pas la consommation qui engendre la violence, mais la prohibition elle-même. Ce duo ministériel semble déterminé à persister dans cette voie, malgré l’évidence de ses conséquences néfastes.
Une justice sous pression
Le passé de Gérald Darmanin à l’Intérieur laisse augurer une Justice de plus en plus instrumentalisée. Ses interventions publiques, souvent marquées par un mépris de l’indépendance judiciaire, sont autant d’indicateurs d’une politique de contrôle et de répression accrue. La promesse de «soutenir les victimes» cache mal l’absence de solutions structurelles pour réduire les inégalités sociales ou désengorger les prisons.
Un appel à une autre politique
Face à ce tandem et aux orientations qu’il incarne, il est urgent de repenser la politique en matière de drogues et d’insécurité. La légalisation du cannabis, couplée à des mesures de régulation et de prévention, offrirait une alternative à l’impasse actuelle. Loin d’être une démission, elle constitue un acte de courage politique et de pragmatisme, permettant de tarir les revenus du marché noir et de réhabiliter des milliers de citoyens injustement criminalisés.
Bruno Retailleau et Gérald Darmanin incarnent une politique qui s’accroche à des solutions désuètes, incapables de répondre aux problématiques actuelles. Le CIRC appelle à mobiliser les citoyens, les associations et les forces progressistes pour exiger un changement de cap. La Marche Mondiale du Cannabis, prévue à Paris le samedi 3 mai 2025, sera une nouvelle occasion de dénoncer cet immobilisme et de réclamer des mesures audacieuses et efficaces.
Lire aussi :
Légalisation du cannabis en France : il est temps de tourner la page de la prohibition !
Il est temps de mettre fin aux méfaits de la prohibition
Une prohibition criminogène à l’origine de la violence liée au narcotrafic
Ailleurs sur le net :
L’édito de Paul Quinio – Le duo Darmanin-Retailleau, révélateur des intentions du gouvernement