Il s’agirait d’un règlement de comptes sur fond de trafic de drogue. Quatre personnes ont été interpellées.
Un homme a été tué à coups de batte de base-ball dimanche soir, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) rue Claude-Monet dans la cité Émile-Cordon. Un autre a été sérieusement blessé à la tête avec la même arme. Les policiers ont réussi à interpeller quatre suspects dont un homme qui était en possession de la batte cloutée. Il s’enfuyait à scooter avec l’un de ses complices.
Les policiers étaient intervenus vers 22 heures, au départ pour séparer deux bandes rivales qui étaient en train de se battre cité Cordon. Quand les forces de l’ordre sont arrivées sur place, une dizaine d’individus s’affrontaient. Mais à la vue des policiers, une partie a réussi à prendre la fuite. Quatre d’entre eux n’ont pas eu le temps et ont pu être interpellés. Âgés de 22 à 28 ans, ils sont tous originaires de Saint-Ouen et sont déjà connus pour des affaires de trafic de drogue. Ils ont été placés en garde à vue pour « meurtre en bande organisée », indique le parquet de Bobigny.
Deux points de deal qui s’affrontent
Les policiers ont découvert un homme à terre, gisant inanimé, et présentant des plaies à la tête. Il est décédé sur place des suites de ses blessures. Une autre victime, également blessée à la tête, a pu être secourue. Il s’agit d’un homme de 24 ans, grièvement blessé mais dont les jours ne sont pas en danger.
Selon une source policière, le mobile de la rixe initiale serait un règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants entre deux points de deal bien connus de Saint-Ouen : celui de la cité Cordon où s’est déroulé le drame et celui de la Place du 8-Mai-1945 dans le centre-ville.
Ce lundi matin, la nouvelle animait les conversations entendues rue Claude-Monet. « Ouais, il est mort », « C’était un bagarreur », saisit-on en passant. « Le trottoir vient d’être nettoyé », glisse un habitant de la cité Cordon croisé à proximité du lieu du drame.
Il décrit la victime comme un homme « assez grand, qui dormait parfois dans les escaliers du bâtiment. Selon certains locataires, des gens le recherchaient depuis vendredi. »
« Ça va être tendu dans les prochains jours »
La femme avec laquelle il échange au pied des immeubles abonde : « C’était un petit délinquant. À Cordon, on a l’habitude de voir les jeunes qui dealent. » Ces dernières semaines, les descentes de police étaient « un peu plus » nombreuses que d’habitude, selon elle. Elles pourraient se multiplier, craint son interlocuteur : « Ça va être tendu dans les prochains jours, c’est sûr. »
Dans un communiqué, la ville indique que le maire (PS) Karim Bouamrane « s’est entretenu avec le cabinet du ministre de l’Intérieur, qui s’est engagé à déployer des renforts policiers » dans le secteur, dès ce lundi soir.
Dans les commerces du quartier aussi, l’annonce du drame a vite circulé. « Ma belle-mère vient de me prévenir, confie une commerçante dans la matinée. On voit souvent des voitures de police passer à toute allure dans la rue. Mais le trafic de drogue ne se passe pas qu’à Cordon. Quand on livre du côté d’Émile-Zola, on voit de nouveau plein de guetteurs devant l’école. »
L’enquête a été confiée au service départemental de la police judiciaire (SDPJ).
En septembre, la mort de Tidiane et Sofiane
En 2020, les règlements de comptes entre les nombreux points de deal de la ville se sont succédé. Un pic de violence avait été atteint mi-septembre, lorsque deux jeunes de 17 et 25 ans, Tidiane et Sofiane, avaient été exécutés dans une cave de la cité Soubise.
Ce lundi après-midi, la municipalité a dénoncé un « acte extrêmement choquant », tout en se disant toujours « déterminée à lutter contre la violence. »
Depuis le mois de juillet, elle a lancé différentes actions pour lutter contre le trafic de drogue et ses conséquences. En octobre, elle a notamment organisé un conseil municipal extraordinaire sur le sujet. Parmi ses annonces, elle promettait un renforcement majeur du nombre de policiers municipaux. Vingt agents ont été recrutés depuis, tandis que 25 policiers nationaux sont arrivés dans le cadre de la création d’un « quartier de reconquête républicaine ».
Source : Leparisien.fr