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Des confrontations ont eu lieu mardi au tribunal de grande instance de Lyon entre protagonistes de l’affaire de la fausse garde à vue d’un informateur de l’office anti-drogue, au cœur d’un scandale, a appris l’AFP de sources proches du dossier.
Contacté par l’AFP, le parquet de Lyon a évoqué une «journée de confrontations» sans plus de précisions, mais une source proche du dossier a confirmé que plusieurs personnes impliquées dans cette affaire avaient été entendues face à face.
Le commissaire François Thierry, patron de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) de 2010 à 2016, dont les méthodes controversées sont au cœur de l’affaire, a notamment été confronté à la procureure adjointe au parquet de Paris, Véronique Degermann, a précisé cette source.
François Thierry a été mis en examen le 18 mars pour «faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique, complicité de faux, complicité de trafic de stupéfiants et participation à une association de malfaiteurs». Véronique Degermann a pour sa part été mise en examen pour «complicité de faux» le 12 février.
L’affaire remonte à avril 2012, quand un informateur, Sofiane Hambli est extrait de prison pour être conduit dans un hôtel proche des locaux de l’Ocrtis à Nanterre et y piloter à distance une grosse livraison de cannabis dans le sud de l’Espagne. Le commissaire Thierry est suspecté d’avoir favorisé l’importation de la drogue sans avoir informé totalement l’autorité judiciaire des modalités de l’opération, ni du rôle joué par Sofiane Hambli. François Thierry soutient au contraire que le parquet de Paris était parfaitement au courant de ces livraisons surveillées, destinées à démanteler des filières, et de l’utilisation de l’informateur. Sofiane Hambli était également présent au palais de justice de Lyon mardi, selon une source proche du dossier.
Dans ce dossier, deux magistrats, Véronique Degermann et l’ancien juge des libertés et de la détention (JLD), devenu président de chambre à la cour d’appel de Paris, David Peyron, sont soupçonnés d’avoir donné un cadre juridique fictif à l’opération. Eux disent avoir été trompés sur sa finalité. Cet épisode avait été révélé au cours d’une enquête confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) après une saisie embarrassante le 17 octobre 2015 à Paris. Les douanes avaient alors découvert sept tonnes de cannabis dans des camionnettes garées au bas d’un luxueux appartement du boulevard Exelmans (XVIe arrondissement), occupé par Sofiane Hambli. Dans ce volet, instruit à Bordeaux, François Thierry avait déjà été mis en examen, en août 2017, pour complicité de trafic de stupéfiants. Dans la foulée, il perdait son habilitation d’officier de police judiciaire, sanction transformée en suspension après un recours.
Source : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/scandale-de-l-office-anti-stups-confrontations-au-tribunal-de-lyon-20190702