1990 – aujourd’hui
A partir des années 1990, la production de drogue se concentre dans des zones de non-droit; en Colombie (cocaïne) et en Afghanistan (pavot). Les trafiquants sont éparpillés en réseaux. Les drogues de synthèse sont faciles à fabriquer et à dissimuler. L’invisibilité est la nouvelle arme.
Partout, le bilan de la guerre contre les drogues n’est qu’un décompte macabre, constate le 3e épisode « Les territoires perdus » :
En 1994, les États-Unis, le Canada et le Mexique inaugurent la plus vaste zone de libre-échange au monde. Les cartels mexicains, plantés sur 3000 kilomètres de frontières, se frottent les mains. Le PRI, le parti unique mexicain, aussi. En Colombie, d’où est issue la cocaïne, les arrestations se multiplient. Les narco-trafiquants colombiens doivent céder la distribution aux Mexicains tout en ayant désormais des concurrents dans la production : les paramilitaires et les guérillas, dont les FARC. En 1997, les paramilitaires s’unissent pour créer une armée de 20’000 hommes, l’Autodéfense unie de Colombie (AUC) et les FARC poursuivent leur progression. Craignant avant tout les guérillas, les autorités s’allient aux paramilitaires, qui s’accaparent des terres avec une violence extrême. Le pouvoir des paramilitaires augmente encore en 2002, lorsque plus d’un tiers des parlementaires sont leurs sympathisants. Les États-Unis apportent leur pierre à l’édifice, avec une manne de 4 milliards de dollars en cinq ans. La stratégie opère et les FARC s’essouflent. En 2006, Washington se retourne contre les paramilitaires, mais avec douceur: il leur somme de cesser le trafic, en échange d’une amnistie, qui laisse quelque 100’000 homicides impunis. Seuls les politiciens seront jugés pour corruption.
En Afghanistan, la culture du pavot prend de l’ampleur. Elle finance l’armement des tribus, qui luttent d’abord contre les Soviétiques puis entre elles. Attirés par le succès de ce commerce, les talibans s’y lancent à leur tour et parviennent à conquérir Kaboul en 1996. Le pays est alors mis au ban des Nations. Pour subvenir à ses besoins, l’Afghanistan devient le premier producteur d’héroïne. Mais la méthode reste insuffisante pour nourrir la population. En 2000, les talibans interdisent le pavot dans l’espoir que l’ONU reconnaisse leur autorité. En vain. Puis, en raison des attentats du 11 septembre 2001, les Américains envahissent le pays, les talibans se retranchent et… relancent la culture du pavot. En 2004, le président Hamid Karzai promet aux Américains de s’attaquer à l’opium. Mais la plupart de ses alliés en vivent et partent rejoindre l’opposition des talibans.
En 2000, un séisme politique intervient au Mexique : le parti unique PRI cède la présidence à un outsider, Vicente Fox, qui part en croisade contre la corruption. Les cartels, qui n’ont plus le PRI pour arbitre, entrent dans une guerre violente, dont la surenchère semble être le maître mot. Le cartel du Golfe forme une armée avec les soldats d’élite de l’armée mexicaine, les Zetas. En 2006, Felipe Calderon prend la présidence. Du même parti que son prédécesseur, il militarise la lutte contre le trafic de drogue et tente de venir à bout des Zetas. Ceux-ci implosent en une multitude de groupes, dont l’unique but est de semer la terreur. A l’autre bout du pays, le cartel de Sinaloa, dirigé par El Chapo, prospère. La politique de Felipe Calderon est qualifiée de catastrophique : les homicides ont augmenté de 150% durant sa présidence et El Chapo est devenu milliardaire. En 2015, ce dernier se fait arrêter, mais contre toutes attentes, la situation s’empire: le nombre micro-organisations criminelles augmente et la violence aussi. Plus de 40’000 personnes disparaissent en 10 ans.
En Chine, des organisations criminelles ont arraché à l’industrie pharmaceutique le secret du Fentanyl, un opïode synthétique 100 fois plus puissant que l’héroïne et moins cher. Le produit est principalement destiné aux États-Unis, où la sur-prescription d’antidouleurs a rendu des centaines de milliers de patients accros aux opiacés, même lorsque le traitement est terminé. En 2017, le président Donald Trump déclare l’état d’urgence sanitaire, alors que les opioïdes ont fait 47’600 morts, dont 30’000 avec le Fentanyl.
Source : rts.ch