Publié le 17 septembre 2020 | Par Aziz Zemouri
VIDÉO. Au cours d’une visioconférence, le ministre de l’Intérieur a exigé des résultats. Les patrons de la police ont transmis des objectifs chiffrés à leurs troupes.
Il n’y a plus de doute : le ministre de l’Intérieur rétablit la politique du chiffre. Lors d’une visioconférence qui s’est tenue depuis la place Beauvau, Gérald Darmanin a rappelé à tous les patrons de la police de chaque département son « exigence de résultats ». Il a notamment évoqué les verbalisations des usagers de stupéfiants. En effet, la mise en œuvre depuis le 1er septembre de l’amende forfaitaire délictuelle, révélée par Le Point, pour les consommateurs de cannabis ou de cocaïne connaît un démarrage assez fastidieux.
Pour cette raison, le premier flic de France a « commandé des opérations ciblées » en la matière. Il a réclamé des remontées d’informations en temps réel. Selon lui, toute action de la police en sécurité publique doit tendre vers cette priorité.
Au moins un PV antistups par jour et par circonscription
Le directeur de la sécurité publique (DCSP), Jean-Marie Salanova, a immédiatement relayé ces desiderata à ses troupes qui constituent près de la moitié du total des effectifs de police. Ce sont eux qui sont notamment chargés de réprimer la délinquance de voie publique.
Les policiers sur le terrain sont désormais tenus de réaliser au moins une verbalisation par jour selon leur unité d’affectation, par exemple pour les brigades spécialisées de terrain (BST) ou les groupes de sécurité de proximité territorialisée (GSPT). Pour les gardiens de la paix des groupes de sécurité de proximité (GSP), ce sera deux par jour : une pour les équipes de jour, une autre la nuit. Le DCSP rappelle qu’« un contrôle de l’application de ces instructions sera effectué régulièrement ».
Villes prioritaires
Le ministère a désigné certaines villes comme cibles prioritaires de ces actions contre l’usage de drogues. Certains cadres policiers se sont fait remonter les bretelles. Entre autres dans la circonscription de Nancy, désignée priorité par Beauvau, où certains services n’ont réalisé aucune verbalisation. C’est le cas notamment à Toul ou à Longwy.
Marqueur politique des années Sarkozy, la politique du chiffre a été très critiquée par les syndicats de gardiens de la paix ces dernières années. Principalement en termes d’efficacité pour lutter contre l’insécurité, mais également en raison de la pression mise sur les policiers de terrain poussés à gonfler les statistiques plutôt qu’à éradiquer la délinquance. Pour les représentants des policiers, il s’agit davantage d’une politique d’affichage et de communication qu’une lutte réelle contre le crime. Au détriment de la santé des policiers.
VOIR AUSSI ( bonus CIRC): La politique du chiffre expliqué par le collectif Police Contre la Prohibition ( PCP)
Source Le point