Une loi qui menace nos libertés fondamentales
Surveillance de masse – L’Assemblée nationale a récemment adopté des dispositions permettant aux enquêteurs d’activer à distance les micros et caméras des téléphones et objets connectés pour espionner les personnes suspectées de narcotrafic. Une mesure qui, bien que présentée comme une avancée dans la lutte contre la criminalité, constitue en réalité une atteinte grave à nos libertés fondamentales.
Cette disposition, déjà censurée par le Conseil constitutionnel fin 2023 dans le cadre du projet de loi porté par Éric Dupond-Moretti, revient aujourd’hui sous une forme légèrement amendée, mais avec des implications tout aussi inquiétantes. Sous prétexte de s’attaquer aux réseaux criminels, c’est l’ensemble des citoyens qui pourrait être exposé à une surveillance généralisée digne d’un État policier.
Une atteinte intolérable au droit à la vie privée
Le droit à la vie privée est garanti par la Constitution, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et la Convention européenne des droits de l’homme. Or, cette loi ouvre une brèche dangereuse en permettant l’espionnage sans consentement via des outils technologiques du quotidien. Aujourd’hui, ce sont les « cibles » d’enquêtes criminelles qui sont concernées ; demain, qu’en sera-t-il ?
L’histoire nous a maintes fois prouvé que les dispositifs de surveillance mis en place pour lutter contre des menaces précises finissent toujours par être détournés. Qui peut garantir que cette technologie ne sera pas utilisée contre des militants politiques, des journalistes, des opposants ou de simples citoyens suspectés à tort ?
Une logique de sécurité à tout prix qui menace la démocratie
On justifie cette surveillance intrusive par la nécessité de lutter contre le narcotrafic. Mais cette rhétorique est trompeuse. Elle repose sur l’idée qu’il faut restreindre nos libertés pour nous protéger, une approche qui a souvent mené aux pires abus dans l’histoire des démocraties.
Benjamin Franklin l’avait déjà souligné : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. » En instaurant ce type de surveillance, on s’éloigne des principes fondamentaux de l’État de droit. La lutte contre le crime doit être menée dans le respect des libertés individuelles, et non en les piétinant.
Une montée en puissance de l’arsenal répressif
En parallèle de cette mesure, l’Assemblée a également voté d’autres dispositions inquiétantes, telles que l’allongement de la garde à vue des « mules » jusqu’à 120 heures et l’alourdissement des sanctions pour les infractions liées au trafic de stupéfiants.
Si l’objectif affiché est de renforcer l’efficacité des enquêtes, ces durcissements illustrent surtout une fuite en avant sécuritaire qui ne résout pas les causes profondes du narcotrafic. Plutôt que de s’attaquer aux véritables moteurs du trafic – précarité, prohibition inefficace, corruption -, on assiste à un empilement de mesures répressives qui risquent d’engendrer plus d’injustices que de résultats concrets.
Conclusion : un glissement dangereux vers une société de surveillance
L’adoption de cette loi marque un tournant préoccupant. Derrière le vernis de la lutte contre le crime, c’est un modèle de société fondé sur la surveillance et la suspicion généralisée qui se met en place. L’histoire a prouvé que ce type de dérive ne profite jamais aux citoyens, mais toujours aux détenteurs du pouvoir.
Le CIRC dénonce cette dérive sécuritaire et appelle à se mobiliser massivement pour défendre nos droits fondamentaux. Rendez-vous le samedi 3 mai à Paris, lors de la Marche Mondiale du Cannabis, pour refuser cette société de surveillance et exiger une politique basée sur la justice et les libertés !
Il est essentiel de s’opposer fermement à ces atteintes aux libertés, sous peine de voir nos droits fondamentaux progressivement érodés. La lutte contre le crime ne doit jamais servir de prétexte à l’instauration d’un État policier. Nos libertés valent mieux que cela.
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