Un trafic de cocaïne démantelé entre Toulouse et la Guyane : c’est le dernier coup de filet de la brigade des stupéfiants. Le fruit d’un an d’enquête. Une belle prise, mais une goutte d’eau dans l’océan du trafic de drogue qui sévit actuellement dans Toulouse.
Les policiers engagés sur le terrain le constatent chaque jour : les points de deal se multiplient. Selon les syndicats de police, une dizaine de réseaux bien organisés tiennent une cinquantaine de points de deals répartis sur l’ensemble des quartiers avec une forte concentration à la Reynerie et Bellefontaine.
« Il n’y a pas de zones de non-droit à Toulouse »
Une économie souterraine qui s’affiche presque au grand jour malgré la présence quotidienne et systématique de policiers.
« Il n’y a pas de zones de non-droit à Toulouse » explique Thierry*, un policier qui a travaillé dans les quartiers sensibles.
« On va partout, on passe un temps fou pour gagner petit à petit du terrain, il faut parfois des semaines pour nettoyer une cage d’escalier. »
La BST du Mirail patrouille jour et nuit
Un travail accompli par la BST du Mirail, la Brigade Spécialisée de Terrain. Cette unité urbaine, composée d’une trentaine de policiers, a pour mission de lutter contre la délinquance et le trafic de stupéfiants. Jour et nuit, en tenue d’intervention, les agents arpentent les rues, pénètrent dans les résidences, les immeubles.
Leur méthode : repérer les points de deal, surveiller et multiplier les petits assauts surprise pour procéder à des interpellations.
« C’est un travail ingrat, dangereux, dans ces cités on circule à pied, la tête levée en permanence pour éviter les projectiles lancés depuis les fenêtres », raconte Thierry.
« Plus on est présent, plus on gêne le trafic. Il faut maintenir constamment la pression. »
Des guetteurs et des vendeurs de plus en plus jeunes
Thierry évoque ces guetteurs de plus en plus jeunes. Des adolescents de 12 ou 13 ans qui gagnent entre 50 et 80 euros la journée et dont le boulot consiste à donner l’alerte en cas de problème.
Les vendeurs recrutés sont souvent mineurs eux aussi. En cas d’interpellation, ils sont simplement auditionnés et libérés dans l’attente d’une convocation au Tribunal, et cela plusieurs mois après les faits. Une situation que déplore Thierry, « nous sommes systématiquement confrontés aux interpellés le lendemain des affaires, car notre parole, bien qu’assermentée, ne fait plus office de vérité pour la machine judiciaire. Cela nous fragilise devant les délinquants et renforce un sentiment d’impunité chez ces jeunes vivants confortablement du trafic ».
Des sanctions pénales plus lourdes
Les syndicats de police demandent d’ailleurs à la justice une réponse pénale plus ferme avec des peines de prison. Ils souhaitent également que les violences à agent, de plus en plus nombreuses, ne soient pas minimisées mais jugées en correctionnel.
Fatigue, tension, colère aussi, « le moral des policiers n’est pas bon » constate Thierry. »
« Avec la crise des gilets jaunes, il y a moins de policiers dans les quartiers, surtout le samedi. Les guetteurs le savent bien, c’est la fête ce jour-là dans les cités. »
Épuisés, les policiers demandent à être soutenus
Ces opérations de maintien de l’ordre chaque week-end épuisent les agents qui n’accomplissent plus correctement leur mission première s’inquiètent les syndicats de police.
Thierry le confirme : « les policiers demandent à être soutenus, tout ce qui s’apparente à un recul sur le terrain en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants c’est contre-productif, tout est à refaire »
* le prénom a été changé
Source : France 3 Occitanie