Gérald Darmanin est contre, Olivier Véran est pour. C’est finalement le ministre de la Santé qui a obtenu l’arbitrage favorable de Jean Castex, permettant de poursuivre leur expérimentation au-delà de l’année prochaine.
par LIBERATION et AFP
Le sujet est brûlant, divise à l’intérieur même du gouvernement et l’arbitrage de Matignon était très attendu. Le Premier ministre a tranché : les salles de consommation de drogues à moindres risques pourront bien poursuivre leur activité au-delà de 2022, annonce ce jeudi le ministère de la Santé. Début juin, le cabinet d’Olivier Véran avait jugé « positif » le bilan des deux structures de ce genre testées à Paris et Strasbourg depuis 2016, et avait expliqué vouloir « pérenniser » dans le droit commun ces dispositifs, dont l’expérimentation n’était prévue que jusqu’à l’année prochaine.
Ce projet était toutefois suspendu à une décision de Jean Castex, alors que ces « salles de shoot », ainsi que les appellent leurs détracteurs, ne font pas l’unanimité parmi les ministres. Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, s’est publiquement opposé, fin juin, à la création d’un espace de ce type à Lille, et à Paris le préfet de police Didier Lallement répète régulièrement l’opposition de Beauvau « à des salles où on se drogue ».
Le Premier ministre a désormais tranché et le dossier « est bien arbitré », explique le ministère de la Santé. Une disposition doit être inscrite dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui sera soumis au vote de l’Assemblée nationale en septembre, pour prolonger l’existence de ces salles de consommation à moindres risques (SCMR). De quoi permettre aux villes qui le souhaitent de créer de nouvelles structures.
Un signal positif pour une nouvelle salle à Paris
« Le nombre de lieux ne sera pas fixé par l’État, puisque selon notre ligne c’est un constat local qui préside à la construction d’un projet », précise-t-on au ministère de la Santé. La création de nouvelles salles serait ainsi autorisée au cas par cas par le ministère, après concertation entre élus locaux, agences régionales de santé, préfectures et parquets.
De quoi faire évoluer la donne notamment à Paris, où les ravages liés au crack ont pris un tour dramatique ces derniers mois. Malgré un plan de lutte coordonné par la mairie et différents services de l’État, des centaines de toxicomanes errent dans le nord-est de la capitale, au grand dam des riverains désespérés par les violences et les nuisances. Il y a deux semaines, ce sont même des tirs de mortiers d’artifice qui ont pris pour cible des toxicomanes à proximité du Jardin d’Eole. Ce square du XVIIIe arrondissement a accueilli pendant plusieurs mois les consommateurs de crack avant de leur être finalement fermé à la fin du mois de juin.
Source : Libération.fr