Introduction :
Le 1er décembre dernier, l’émission « Le Téléphone Sonne » sur France-Inter a dressée un état des lieux du trafic de stupéfiants en France. De la fabrication à la distribution, en passant par le rôle de l’État et les politiques publiques en vigueur ou envisageables, ainsi que la position du consommateur au sein de cette chaîne complexe. Les invités du débat étaient Sonia Fibleuil, porte-parole de la Police Nationale, le Professeur Amine Benyamina, psychiatre et addictologue, ainsi que Frédérique Camilleri, Préfète de police des Bouches du Rhône.
Le marché français des stupéfiants demeure prospère, affichant un chiffre d’affaires estimé à 3 milliards d’euros annuellement. Les enjeux associés à cette réalité sont considérables, entraînant de nombreuses victimes collatérales. Afin de contrer les violences induites, il est impératif d’adopter une approche différente des mécanismes liés à la drogue.
Sonia Fibleuil, porte-parole de la police nationale, et Amine Benyamina, psychiatre addictologue, soulignent l’augmentation alarmante de 57% des violences liées au trafic de drogues depuis le début de l’année. Un exemple marquant est survenu récemment à Dijon, où un homme a perdu la vie à proximité d’un point de trafic à cause d’une balle perdue. Cette tragédie a déclenché une série d’opérations « antistupéfiants » dans la ville. En 2022, on déplore 65 décès résultant de règlements de comptes liés à la drogue, avec la saisie de 8000 armes par les forces d’intervention. Cet article explore la nécessité de politiques des drogues efficaces, mettant en avant la légalisation du cannabis comme la voie à suivre.
Ecouter le podcast du téléphone sonne
Le CIRC a reçu le témoignage d’un « parent très inquiet » ( à lire en intégralité en bas de l’article)
Dans la foulée de cette émission radiophonique, le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique (CIRC) a été contacté. Nous avons reçu un témoignage écrit émanant d’un « parent très inquiet ».
L’enfance dans un environnement tabagique et alcoolisé
Le témoignage relate le parcours d’un individu né après 1970 dans un environnement où le tabac est omniprésent, tant dans le quartier que dans les institutions gouvernementales. L’État semble peu préoccupé par cette réalité, même lorsque des membres du gouvernement fument à l’Assemblée nationale et dans les ministères. L’enfant grandit dans un contexte où l’alcool est perçu comme culturel et festif, malgré les tragédies liées à l’alcoolisme dans sa famille.
La perte du père et la continuité de l’alcoolisme
Après la perte de son père due à l’alcoolisme, l’enfant devient orphelin, sa mère travaillant de nuit à l’hôpital. Malgré la toxicité de l’alcool dans sa vie, l’État semble ne pas se soucier de ces problèmes sociaux. À l’adolescence, influencé par la publicité, les films et son environnement, l’enfant commence à fumer, se sentant peu accompagné par l’État.
L’initiation au tabac et au cannabis dès l’adolescence
Il découvre le cannabis par l’intermédiaire de son meilleur ami, qui en consomme. Le cannabis devient un moyen d’évasion et d’apaisement pour lui. Confronté à l’injustice de la loi de 1970 interdisant toutes les drogues sans distinction, il continue à fumer du cannabis, le préférant à l’alcool qui a détruit sa famille.
Plus tard, il adopte un mode de vie plus sain, faisant du sport et réduisant sa consommation de tabac. Il préfère rester chez lui avec du cannabis plutôt que de fréquenter des lieux où l’alcool est omniprésent. En 1998, le Premier ministre Lionel Jospin exprime une opinion similaire sur le cannabis, renforçant les convictions de l’individu.
Cependant, il souligne le tabou entourant le sujet, créant un climat de silence et de clandestinité. Malgré les années, le cannabis devient un soulagement pour lui, mais il observe les changements négatifs dans son quartier, attribués à la prolifération de drogues synthétiques et transformées.
Critique de l’inaction de l’État et la stigmatisation
L’auteur critique l’inaction de l’État, stigmatisant ses enfants plutôt que de mettre en place des politiques préventives responsables. Comparant la situation française à celle du Portugal, qui a adopté une approche plus progressive en 2000, l’auteur déplore le harcèlement et la stigmatisation en France, soulignant le besoin urgent de changer de modèle.
En conclusion, l’auteur suggère que l’État français doit assumer sa responsabilité envers ceux qui ont souffert de politiques inadéquates et demander pardon. Il dénonce la façon dont l’État a abandonné une partie de sa population, créant des conditions propices à la toxicomanie, et appelle à un changement de paradigme.
Reconnaître l’utopie d’un monde sans drogue
Il est temps d’abandonner l’idée utopique d’un monde dépourvu de drogues. Les enjeux du marché des stupéfiants en France exigent une approche pragmatique. La violence croissante liée au trafic souligne l’échec des politiques actuelles, démontrant la nécessité d’une réforme en profondeur.
Le pragmatisme comme fondement d’une politique efficace
L’honnêteté de reconnaître l’implantation inévitable des drogues dans notre société ouvre la voie au bon sens. L’approche pragmatique consiste à canaliser ces réalités incontournables vers des politiques efficaces. Il est temps d’abandonner la guerre contre les jeunes et de privilégier des solutions concrètes.
La légalisation du cannabis : une solution incontournable :
Au cœur du pragmatisme se trouve la légalisation du cannabis. En tirant des leçons d’autres pays, la régulation de cette substance offre un moyen de canaliser le marché, de réduire la violence associée au trafic, et d’assurer une qualité contrôlée aux consommateurs. La légalisation pourrait être la clé pour briser le cycle de la violence.
L’appel à la justice
Le témoignage poignant du « parent inquiet » demande justice à l’État. L’inaction politique, le harcèlement, et l’emprisonnement liés à la drogue sont pointés du doigt. Cet appel souligne que l’État doit assumer la responsabilité des conséquences de ses politiques défaillantes, particulièrement pour les 46% de ses citoyens qu’il a apparemment abandonnés.
L’urgence d’une réforme
Le constat est clair : l’échec des politiques actuelles exige une réforme immédiate. Légaliser le cannabis est un premier pas vers une approche plus humaine et réaliste des drogues. Il est temps d’adopter des stratégies préventives et responsables, comme cela a été fait avec succès dans d’autres pays.
Conclusion :
Mettre fin à la violence liée au trafic de drogues en France nécessite une vision pragmatique. La légalisation du cannabis émerge comme une solution incontournable. Cependant, l’urgence va au-delà de la régulation des drogues. L’appel à la justice dans le témoignage du « parent très inquiet » souligne la nécessité d’une responsabilité étatique. Il est temps d’agir avec bon sens, honnêteté, et compassion pour construire un avenir où la sécurité et la justice prévalent sur la violence et l’injustice.
Témoignage reçu sur le mail du CIRC :
Un enfant naît
Un enfant naît après 1970 dans un endroit où le tabac est dans son entourage, dans son quartier, l’État ne s’en soucie guère, certains membres du gouvernement fument eux aussi, notamment à l’Assemblée Nationale et dans les ministères, on fume et on boit dans les cafés, on boit et on fume dans les familles, on fume aussi dans les écoles.En grandissant, cet enfant joue. Aux fêtes quand il est petit, on peut lui proposer de poser ses lèvres sur le verre de tonton, pour goûter « la cerise de l’alcool » et on fume encore, l’État ne s’en soucie guère.Un jour cet enfant perd son père, décédé d’un chagrin dans l’alcoolisme, il devient orphelin et sa mère travaille de nuit dans un hôpital.L’alcool encore aujourd’hui culturel et festif, pourtant l’alcool n’a été que violence dans la famille de cet enfant.A 50 mètres de son appartement, il y a un bureau de tabac, à quinze ans cet enfant soumis à la publicité, au lobby, aux films de ses héros, (en attendant l’État engrange les taxes et fête l’élection de ses représentants autour d’un verre d’alcool en fumant), alors non accompagné, il fume aussi.Dans son quartier, où il fait beaucoup de vélo, cet enfant côtoie bon nombre de personnes.On lui montre le cannabis, il n’y prête guère attention, il ne sait pas ce que c’est, lui il a des Camel ou des Marlboro. Son meilleur ami fume du cannabis, alors il goûte lui aussi, c’est une plante interdite, elle te permet de t’évader, de rire et d’apaiser, il ne le sait pas encore mais c’est ce qu’il ressentira. Il n’a pas d’hallucination, il ne voit pas d’éléphant rose (on nous aurait menti), il s’oublie juste un peu, il oublie ses souffrances cachées, finalement il trouve que cela lui convient bien.Comme tous les jeunes, il re goûte à l’alcool, il est malade, il pense alors à son père, il n’en veut plus / pas d’alcool. Et puis il ne peut aller nulle part sans que l’ami d’un ami ait du cannabis, alors il fume, cela ne le rend pas malade et puis l’État ne s’en soucis guère.Il ne comprend pas que cette plante soit interdite, alors que l’alcool, lui autorisé, tue. Et puis les images du cannabis sont celles de stars de la musique, d’humoristes, des Beatles entre autres.Au début des années 90, il apprend que la loi de 1970 n’a pas fait la différence entre les drogues, apparemment c’est un décès lié à l’héroïne qui est le début de cette loi, hors l’État n’a fait aucune distinction, il a tout interdit, en continuant à fêter la réélection de ses représentants autour de l’alcool et en fumant.Alors, ce jeune trouve cela injuste et il continue à fumer en repoussant l’alcool qui a détruit sa famille, l’État, ses professeurs ne s’en soucient guère, eux ils fêtent encore leur réélection ou leur avancement autour d’un verre d’alcool en fumant.Dans son entourage, il connaît un héroïnomane, il voit sa souffrance sous l’emprise de l’héroïne, il comprend qu’il ne faut surtout pas toucher à cela, il comprend aussi qu’en effet cette loi de 1970 n’a aucun sens. Lui il ne se sent pas accro (comme ils disent), il trouve que le cannabis c’est bien par rapport à l’alcool et l’héroïne qui tuent. Décidément, qu’a fait l’État ? Ce doit être pourtant des personnes intelligentes ! Tiens, une nouvelle élection autour d’un verre d’alcool en fumant, à l’Assemblée Nationale ou au siège d’un parti politique en 1995.Ce jeune maintenant fait beaucoup de sport, alors le tabac le gêne, il diminue sa consommation, il ne sort pas au café, ni en boîte de nuit, où il trouve très dangereux toute cette viande saoule, il s’en écarte, il préfère rester chez lui à jouer à des jeux, avec un peu de cannabis le soir, il trouve cela beaucoup plus sain.En 1998 Le premier ministre Lionel Jospin déclare « qu’il préfère voir une personne consommer du cannabis chez lui le soir plutôt que d’aller boire dans des fêtes », ce jeune est d’accord avec cet homme politique, cela le conforte dans ses idées, que beaucoup d’autres personnes partagent, même au plus haut sommet de l’État.Mais tout ceci est tabou, il ne faut surtout pas en parler, on ne peut en parler à personne, il ne faut pas, si tu en parles, tu peux aller en prison, ah bon ? Oui la drogue est interdite, oui mais laquelle ? On ne peut donc pas en parler, alors d’accord, alors on se cache et on ne dit rien.Puis il devient un homme, par les voyages, par le travail, peut être un peu seul sans amour, le cannabis le soulage de ses différents maux de la journée passée, physiques notamment, le cannabis le détend, il se sent bien.Les années passent, tout va bien. Comme beaucoup de gens dans son entourage sont usagers du cannabis, il n’a pas de mal à en avoir dans un circuit fermé, où la plante pousse dans des champs, un peu cachée, c’est mieux comme ça. Les dealers (comme il le dise à la TV), il les voit mais ne veut pas avoir affaire à eux, il sent que cela n’est pas sain, ils ont toujours des embrouilles. Cet adulte ne sent pas en sécurité avec l’offre des dealers, il préfère son circuit court d’amis et qui est la plupart du temps gratuit. Le cannabis est gratuit dans les campagnes, il est payant en ville ou dans les cités.Alors la vie continue, il s’occupe de sa mère qui est restée dans son quartier d’enfance. Ce quartier a changé, les jeunes sont devenus violents, sans respect, comme s’ils avaient été abandonnés à eux-mêmes. Cet adulte comprend alors que le silence, l’omerta de mise depuis des années sur le cannabis et autre, s’est transformé en un monstre, où il paraît que l’offre est multiple avec du cannabis synthétique ou transformé, c’est bizarre. Mais cela peut se comprendre, comme le dit Bernard Kouchner, l’État a fermé les yeux et a laissé par son incompétence, tous les jeunes et moins jeunes de France dans l’omerta, dans le silence, avec une prévention inexistante. Cet adulte a mal pour ces jeunes soumis à toute cette offre, tout a bien changé. Une nouvelle réélection, un nouveau buffet en fumant.Au bout de 50 ans, on se rend compte comme le dit le secrétaire général de l’ONU (Monsieur Guterres) qu’il est urgent de changer de modèle, comme le Portugal a su le faire en 2000, diminuant ainsi de manière préventive et responsable la consommation, ils ont fait face à leur responsabilité politique, ils soignent, accompagnent tous ces gens usagers de « toutes les drogues », qu’ils n’ont pas su protéger avant, par prohibition, par omerta. C’est un bon modèle, il vaut mieux être parent au Portugal qu’en France.En France, l’État harcèle, stigmatise ses enfants, en France l’État fouette ses enfants qu’il a rendu malades par son inaction préventive, il les met en prison, détruit leur vie, sous couvert de cette fameuse loi de 1970, dont ils ne se sont guère souciés durant 50 ans, eux dans les beaux quartiers, ils continuent à se congratuler de leur élection autour d’un verre d’alcool en fumant.En France, on a menti sur les drogues, on a tout mélangé, c’est mieux pour leur réélection et leur buffet froid, les bons citoyens peuvent continuer à boire « leur drogue », celle qui a tué son père.Les autres qui n’ont pas suivi leur chemin sont des délinquants, c’est plus simple pour se faire réélire par «des gens bien pensants» autour d’un verre en fumant.Alors, cet homme, maintenant âgé, pourrait accuser et porter plainte contre l’État pour inaction politique, harcèlement politique, emprisonnement politique, sur une population que l’État DEVAIT PROTEGER. Oui l’État a abandonné 46 % de ses enfants, oui l’État est coupable, lui seul est responsable de TOUTES CES PERSONNES AYANT PU DEVENIR DÉPENDANTES ET MALADES, l’État doit maintenant en prendre soin et leur demander pardon.Personne n’a gagné, ni les drogues légales ou illégales, ni le pouvoir politique, personne n’a gagné, tout le monde a perdu.Alors, allons nous enfin, nous mettre EN MARCHE.Un parent très inquiet.
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