L’inclusion du cannabis médical dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2024, qui doit être voté prochainement, est une nécessité éthique et clinique, plaide un collectif d’élus de tous horizons.
Par Un collectif de représentants politiques et Nicolas Authier, médecin. L’inclusion du cannabis médical dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2024, qui doit être voté prochainement, est une nécessité éthique et clinique, plaide un collectif d’élus de tous horizons.
Alors que l’expérimentation du cannabis médical en France est entrée dans sa troisième année, nous nous trouvons à un tournant décisif. Plus que jamais, nous avons l’occasion d’améliorer la vie de plusieurs milliers de patients en situation d’impasse thérapeutique, par ailleurs souvent en fin de vie, et souffrant de maladies chroniques ou sévères, comme l’épilepsie réfractaire ou la sclérose en plaques. La clé réside dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) de 2024 qui doit être voté très prochainement.
Officiellement lancée en 2021, l’expérimentation française du cannabis médical présente aujourd’hui des résultats sur plus de deux années, qui démontrent à la fois la capacité des professionnels de santé à prescrire et à dispenser ce type de médicaments, une sécurité d’emploi rassurante concernant les effets indésirables, ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie d’un nombre significatif de patients jusque-là peu ou pas soulagés.
Il est essentiel que le PLFSS tienne compte de ces résultats et généralise l’usage médical du cannabis en France en 2024, reconnaissant ainsi le droit d’accès à ces traitements pour les patients en impasse thérapeutique. Véritable nécessité éthique et clinique, il est crucial de ne pas confondre la légalisation du cannabis médical où il est question de patients et de médicaments, avec le débat autour du cannabis récréatif.
S’opposer à la législation serait une trahison pour ceux qui souffrent
Les patients qui se voient proposer une prescription d’un médicament à base de cannabis sont en état de détresse voire en situation palliative. Comment peut-on ainsi s’opposer à l’accès de médicaments susceptibles de soulager des douleurs que les traitements classiques ne parviennent pas à atténuer ?
Ignorer les résultats positifs de l’expérimentation et ne pas généraliser l’accès au cannabis médical en 2024 serait une trahison pour ceux qui souffrent, notamment de cancer, d’épilepsie, de sclérose en plaques ou d’autres douleurs chroniques.
Un nouveau report de la généralisation du cannabis médical, comme cela avait déjà été le cas l’année dernière, n’est plus envisageable. D’une part, cela éloignerait les perspectives d’avancées significatives pour les patients qui attendent depuis trop longtemps déjà.
D’autre part, les acteurs de l’industrie, ayant fourni gratuitement du cannabis à usage médical les deux premières années de l’expérimentation, ne se réengageront a priori pas pour une quatrième année supplémentaire, ce qui serait un aveu d’échec.
Ce retrait conduirait ainsi inéluctablement à des interruptions de traitement pour près de 2 000 patients participant en ce moment à l’expérimentation.
Au-delà des précieux bénéfices attendus pour la santé des Français, la généralisation du cannabis médical ouvre la voie au développement d’une nouvelle filière, permettant d’adresser les problématiques contemporaines de réduction des pénuries de médicaments, ainsi que d’indépendance et de souveraineté sanitaire. Les retombées pourraient être considérables, redéfinissant à la fois le paysage thérapeutique et le tissu économique.
Cette loi permettrait de surcroît de garantir l’accès aux patients à des produits aux standards pharmaceutiques et ainsi de ne plus contraindre certaines personnes malades à s’approvisionner en produits douteux issus du marché noir, dont la qualité et la sécurité ne peuvent être assurées.
Aujourd’hui, 22 sur 27 pays de l’Union européenne ont instauré, dans leur droit, un accès sûr et encadré au cannabis médical. Il est de notre responsabilité collective d’assurer que les patients en France puissent accéder, eux aussi, aux traitements à base de cannabis médical dont l’intérêt n’est aujourd’hui plus à démontrer.
Nous exhortons tous les élus à soutenir l’inclusion du cannabis médical dans le PLFSS et, ainsi, à prioriser la santé publique et à améliorer la qualité et l’efficacité des soins de santé en France.
Signataires : Julien Bayou Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) Sabrina Sebaihi (EELV) Christophe Bex La France insoumise (LFI) Karen Erodi LFI Yannick Neuder Les Républicains (LR) Antoine Vermorel-Marques LR Jean-Pierre Cubertafon Mouvement démocrate (Modem) Caroline Janvier Renaissance Ludovic Mendes Renaissance Huguette Tiegna Renaissance Nicole Dubré Chirat Renaissance Olivier Faure Socialistes Mickaël Bouloux Socialistes Anna Pic Socialistes Roger Vicot Socialistes Isabelle Santiago Socialistes Rachid Temal Socialistes Marie-Noëlle Lienemann Socialistes René Maarek Pharmacien addictologue Nicolas Authier Médecin.
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