En l’absence de décision par le précédent gouvernement, les médicaments à base de cannabis ne seront plus accessibles le 1er janvier. Un collectif de soignants et de patients interpelle le Premier ministre afin qu’il prolonge l’expérimentation, pour ne pas provoquer une recrudescence de souffrances chez les patients.
par Les membres du comité scientifique «Cannabis Médical» de l’Agence national de sécurité du médicament et des produits de santé
publié le 19/12/2024 à 9h14
Aujourd’hui, en France, plus de 1 000 patients en cours de traitement bénéficient de médicaments à base d’extrait de cannabis. Le bénéfice qu’ils en tirent sur leurs souffrances physiques et psychiques est immense, et pourtant, ils devront peut-être arrêter brutalement leur traitement, délivré dans le cadre d’une expérimentation de politique publique commencée le 26 mars 2021. Or, en l’absence de décision par le précédent gouvernement, ces médicaments ne seront plus accessibles le 1er janvier 2025.
Nous en appelons au Premier ministre : monsieur Bayrou, ne laissez pas de côté les patients en impasse thérapeutique ! Si vous ne prolongez pas l’expérimentation, vous entraînerez une recrudescence de souffrances majeures et invalidantes chez ces patients, mais aussi des manifestations de sevrage liées à la brutalité de cet arrêt.
Traiter ce dossier avec humanité
Il est urgent de traiter ce dossier sans idéologie, uniquement sur un plan médical et avec humanité, pour assurer la poursuite de l’accessibilité de ces médicaments à partir du 1er janvier 2025 en attendant que des décisions soient prises quant à la question de leur entrée effective dans le droit commun.
Atténuer la souffrance et améliorer la qualité de vie des patients souffrant de pathologies chroniques sévères et invalidantes ne doit pas être négligé.
Suite à l’élaboration d’un rapport d’évaluation favorable publié le 20 novembre 2023 par la Direction générale de la santé, la loi n°2023-1250 du 26 décembre 2023 de financement de la Sécurité sociale pour 2024 prévoit que les médicaments à base d’extrait de cannabis feront l’objet d’une autorisation d’utilisation pour une période temporaire et renouvelable, délivrée par l’Agence nationale de sécurité du médicament. Cette expérimentation a alors été prolongée jusqu’à ce qu’un médicament à base de cannabis soit autorisé et disponible, et au plus tard jusqu’au 31 décembre 2024. Le 17 décembre, rien n’a été autorisé car les textes d’application de la loi n’ont toujours pas été notifiés à la Commission européenne.
Lors de la passation de pouvoir, François Bayrou disait ne vouloir «rien négliger et ne rien laisser de côté». Il doit traiter ce dossier urgent qui concerne des patients en impasse thérapeutique.
Signataires : Les membres du comité scientifique Cannabis Médical de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, Nicolas Authier Médecin psychiatre et pharmacologue, Clermont-Ferrand, Mado Gilanton Patiente experte, présidente de l’asociation Apaiser S & C, Françoise Durand-Dubief Médecin neurologue, Hospices civils de Lyon, présidente de la Société française SEP, Yannick Frelat Association Epilepsie France, Lucas Beurton-Couraud Médecin généraliste, Pleyben, Cécile Chevalier Pharmacienne, Centre d’addictovigilance, Lyon, Laure Copel Médecin, cheffe du pôle soins palliatifs du groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon, Paris, Caroline Hugeron Praticien hospitalier en médecine physique et réadaptation, hôpital Raymond-Poincaré, Garches, Karine Pansiot Conseil national de l’ordre des pharmaciens, Julien Cristofini, Conseil national de l’ordre des pharmaciens. Autres signataires : Claire Fourcade Médecin en soins palliatifs, présidente de Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, Eric Serra Médecin psychiatre et algologue, président de la Société française d’évaluation et de traitement de la douleur, Dominique Martin Médecin, ancien directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
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