
Photo d’illustration ©AF
Une partie de la jeunesse tunisienne dénonce un retour à l’autoritarisme après la condamnation de trois Tunisiens à trente ans de prison pour avoir fumé du cannabis. Des peines lourdes permises par la loi 52 que la société civile tente de faire abolir.
Ce pourrait être l’élément déclencheur pour mettre fin à une loi répressive en Tunisie, la loi 52 qui prévoit la prison aux consommateurs de cannabis. Trois Tunisiens âgés moins de 30 ans ont été condamnés le 30 janvier à une lourde peine : trente ans d’emprisonnement pour avoir fumé du cannabis dans un stade à ciel ouvert au nord-ouest du pays, dans le gouvernorat du Kef. Depuis, des manifestations sont organisées et la classe politique s’en mêle.
« Ils vont sortir à l’âge de 60 ans », s’indigne leur avocate
Selon l’avocate des trois accusés, Molka Bouderbala, il s’agit de la plus lourde condamnation pour consommation de cannabis depuis la révolution de 2011. Le porte-parole du tribunal du Kef, Mohamed Faouzi Daoudi explique que ce jugement « ne porte pas uniquement sur la consommation de stupéfiants, mais aussi l’usage d’un terrain de sport pour la consommation de drogue. » Molka Bouderbala dénonce une peine démesurée et un excès de zèle : « Il y a des terroristes, des personnes qui sont coupables de violences conjugales et qui prennent juste vingt ou dix ans.« L’avocate réclame donc l’abolition de la loi 52 et a fait appel de l’affaire, soutenue par le responsable de la branche au Kef de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme.
Un appel à la révision de la loi 52
Cette loi a été promulguée en 1992 sous l’ancien président Ben Ali, contraint de quitter le pouvoir après la révolution de Jasmin en 2011. Mais la fin de la dictature n’a rien changé : plus de 20% des personnes incarcérées en Tunisie le sont pour consommation de cannabis. La société civile, particulièrement la jeunesse, veut en finir avec cette loi, dénonçant un retour en force de l’autoritarisme.
« Ensemble sauvons ces jeunes (…) ils ne sont pas criminels, mais des cibles », Hichem Ben Ahmed, ancien ministre
La classe politique s’est saisie de l’affaire, deux députés, Zied Ghanney et Nabil Haji, appellent à une grâce présidentielle. Le député, Hichem Ben Ahmed, estime qu’une « erreur de jeunesse ne doit pas détruire leur avenir« . L’ancien ministre s’engage ainsi à présenter un nouveau projet de loi « dans les plus brefs délais. »
Des manifestations ont eu lieu le week-end dernier, notamment dans la capitale, Tunis, demander la dépénalisation du cannabis et dénoncer la répression policière. Sur les réseaux sociaux les messages se multiplient autour du hashtag, en arabe, « #laprisonnonchangezla52 ».
Source : Mouv.fr