Le cannabis thérapeutique fortement ralenti en 2020
Par Damien Coulomb – Publié le 22/12/2020
Fin 2019, tout semblait sur les rails pour l’expérimentation du cannabis thérapeutique. La crise sanitaire et un certain désintérêt du gouvernement ont retardé le projet jusqu’à menacer son existence.
Alors que 22 pays européens comptent le cannabis dans leur pharmacopée, l’expérimentation en France devrait enfin commencer au premier trimestre 2021, après un report de plusieurs mois qui a froissé associations, parlementaires et les membres du comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) mis en place par Agence nationale du médicament (ANSM).
Initialement prévu pour septembre 2020, le projet prévoit 3.000 places pendant deux ans réparties en cinq situations thérapeutiques : douleurs neuropathiques réfractaires (750 patients), épilepsies pharmacorésistantes (500 patients), symptômes rebelles en oncologie (500 patients), soins palliatifs (500 patients) et spasticité douloureuse de la sclérose en plaques et autres pathologies du système nerveux central (750 patients). Le but n’est pas de jauger l’efficacité du cannabis thérapeutique, mais d’évaluer la demande des professionnels de santé et surtout la pertinence du système sécurisé de prescription et de pharmacovigilance.
Un décret qui a tardé
La crise du Covid-19 n’a pas ralenti les travaux du groupe de travail, qui a mis au point le cahier des charges à l’intention des fournisseurs, les dispositifs de formation et le registre informatique contenant les données des participants à l’expérimentation. En revanche, les dispositions législatives et la volonté politique ont fait défaut.
Le décret déléguant à l’ANSM l’organisation d’un appel d’offres visant à sélectionner les fournisseurs des produits contenant du THC et du CBD n’a été publié que le 9 octobre avec sept mois de retard. L’appel d’offre en lui-même a eu lieu au cours des mois d’octobre et de novembre. Les candidats retenus et les centres de référence participants seront communiqués au cours du mois de janvier 2021.
Autre gros écueil : aucun financement particulier n’a été accordé par le ministère de la Santé pour financer l’achat des produits prescrits. « Sans financement, il faudra obtenir la gratuité des produits de la part des producteurs » , précise le Pr Nicolas Authier, président du CSST de l’ANSM.
Un assentiment difficile à obtenir de la part d’entreprises toutes étrangères, puisque la loi française interdit l’extraction, la transformation et la vente de produits issus de plante de cannabis.
Source : Lequotidiendumedecin.fr