Une coalition de 31 législateurs bipartites de la Chambre des représentants a envoyé une lettre au chef de la Drug Enforcement Administration (DEA), exhortant l’agence à prendre en compte les efforts de légalisation du cannabis du Congrès et des États lorsqu’elle procède à un examen de la planification du cannabis. Ils ont également critiqué les limites d’un simple rééchelonnement alors qu’ils réclament une suppression complète du cannabis de la Loi sur les substances contrôlées (CSA).
La question de la légalisation du cannabis aux États-Unis a atteint un tournant significatif avec une lettre adressée à l’administratrice de la DEA, Anne Milgram, signée par 31 législateurs bipartites de la Chambre des représentants. Cette lettre a été dirigée par les coprésidents du Congressional Cannabis Caucus, à savoir le représentant Earl Blumenauer (D-OR), Dave Joyce (D-OR), Barbara Lee (D-CA), et Brian Mast (R-FL). Elle a été rapportée pour la première fois par Punchbowl News. Ces législateurs exhortent la DEA à prendre en compte les efforts de légalisation de la marijuana déployés par le Congrès et les États à mesure que l’agence achève son examen de la planification du cannabis.
L’examen actuel de la DEA fait suite à une recommandation du ministère américain de la Santé et des Services sociaux (HHS) demandant que la marijuana soit déplacée de l’annexe I à l’annexe III de la Loi sur les substances contrôlées (CSA). Cependant, les législateurs signataires de la lettre considèrent que l’agence devrait aller plus loin et envisager la déprogrammation totale de la marijuana de la CSA, ce qui signifierait sa suppression complète de la liste des substances contrôlées.
Un appel à la fin de l’interdiction inefficace et discriminatoire
Les législateurs ont affirmé que l’examen en cours de la DEA, sous la direction du président Joe Biden, représente une étape nécessaire pour mettre fin à l’interdiction inefficace et discriminatoire du cannabis par le gouvernement fédéral. La lettre précise que l’interdiction en cours ne reflète pas la volonté de l’électorat américain dans son ensemble, et il est temps que le travail de la DEA reflète également cette réalité.
Ils ont également souligné que la majorité des États américains ont adopté des lois de légalisation du cannabis sous diverses formes, et que les députés des deux côtés de l’allée politique ont présenté des propositions de loi pour suivre cet exemple au niveau fédéral. La Chambre des représentants a même adopté à deux reprises une législation complète sur la légalisation du cannabis. Les législateurs estiment donc que l’heure est venue de mettre fin à la classification injuste de la marijuana et de normaliser la réglementation fédérale sur le cannabis.
Selon la lettre, cela permettrait de corriger l’interdiction en place et de mettre en place des opportunités d’emploi légaux, de promouvoir la sécurité publique et d’éviter des incarcérations injustes. De plus, cela permettrait de faire respecter les réglementations étatiques en vigueur concernant la production, la taxation et la vente de cannabis. Les législateurs reconnaissent la nécessité d’une action législative complémentaire sur de nombreux aspects, mais ils insistent sur la nécessité pour toutes les branches du gouvernement fédéral et les agences compétentes de reconnaître la nécessité de déprogrammer le cannabis pour respecter la volonté de chaque État.
Vers une déprogrammation totale
La lettre met en avant le fait que déplacer le cannabis vers l’Annexe III constituerait un premier pas pour aligner les politiques fédérales et étatiques, mais cela ne suffirait pas. Les législateurs considèrent que la déprogrammation totale est nécessaire pour mettre fin à l’interdiction fédérale préjudiciable du cannabis et pour aider les agents chargés de l’application des lois à se concentrer sur la sécurité publique.
La déprogrammation ouvrirait également la voie à la suppression de l’incertitude juridique qui pèse sur les petites entreprises dans les États dotés de marchés réglementés de cannabis. Elle créerait des opportunités pour réglementer et taxer les activités commerciales liées au cannabis.
L’appel à l’urgence d’une déprogrammation complète
Les législateurs ont souligné que, alors que le Congrès s’efforce d’envoyer une législation complète sur le cannabis au président, l’urgence d’une déprogrammation complète devrait éclairer la position de la DEA sur la réforme globale du cannabis. Cette réforme vise à améliorer la sécurité publique plutôt qu’à criminaliser de manière injuste les consommateurs et les acteurs de l’industrie du cannabis.
En conclusion, la lettre affirme que la programmation continue et inappropriée du cannabis est à la fois mystérieuse et déconnectée de la volonté du peuple américain. Les législateurs attendent une réponse de la DEA et espèrent que l’agence travaillera de manière transparente et proactive avec le Congrès pour mettre en œuvre cette étape cruciale.
D’autres signataires de la lettre
Outre les coprésidents du Congressional Cannabis Caucus, d’autres membres du Congrès ont également signé cette lettre, notamment les représentants Jack Bergman (R-MI), Bonnie Watson Coleman (D-NJ), Lou Correa (D-CA), Pramila Jayapal (D-WA), James McGovern (D-MA), Jerrold Nadler (D-NY), Eleanor Holmes Norton (D-DC), Dean Phillips (D-MN), Katie Porter (D-CA), David Trone (D-MD), et plusieurs autres.
Contre-arguments et opposition
Il convient de noter que cette lettre sert de contrepoids à d’autres messages récemment reçus par la DEA, provenant d’opposants à la réforme au Congrès, ainsi que d’anciens responsables de la DEA et de la Maison Blanche, qui estiment que même déplacer le cannabis vers l’Annexe III irait trop loin.
Récemment, une coalition de 14 législateurs républicains du Congrès a exhorté la DEA à « rejeter » la recommandation de la principale agence fédérale de santé de reclasser le cannabis et de la maintenir dans la catégorie la plus restrictive de la CSA.
Parallèlement, deux sénateurs républicains, dont le principal sponsor républicain d’un projet de loi sur les banques de marijuana qui a été approuvé par un comité clé le mois dernier, ont récemment déposé une nouvelle législation visant à empêcher les agences fédérales de reprogrammer le cannabis sans l’approbation tacite du Congrès.
Appel à l’action de la maison blanche
Les défenseurs et les législateurs soutenant la réforme du cannabis ont également marqué le premier anniversaire de la directive de Biden sur la grâce massive et la planification de la marijuana. Ils exhortent le président à faire plus, notamment en élargissant la portée de l’allégement de sa grâce et en soutenant expressément la légalisation fédérale.
Récemment, le HHS a publié une version très expurgée d’une brève lettre adressée à Milgram de la DEA concernant la recommandation de l’agence en matière de rééchelonnement de la marijuana. Cette lettre a confirmé certains détails précédemment rapportés, tels que la date de la correspondance (le 29 août) et l’auteur (la secrétaire adjointe du HHS à la Santé, Rachel Levine). Cependant, elle a été expurgée pour exclure la substance du message, y compris la recommandation de calendrier elle-même, ainsi que la partie de l’examen scientifique qui était jointe à la lettre.
En somme, la lettre des 31 législateurs bipartites et les débats en cours autour de la légalisation de la marijuana aux États-Unis illustrent clairement la polarisation et l’importance de cette question dans le pays. La pression exercée sur la DEA et le Congrès montre que la réforme du cannabis est au cœur des préoccupations de nombreux citoyens et élus, et que le pays est à un moment critique de son histoire en ce qui concerne la politique relative à la marijuana. Il reste à voir comment ces débats évolueront et quelles décisions seront prises à l’avenir.
Voir la lettre du législateur du Congrès à la DEA concernant sa révision de la planification de la marijuana